Un grand enfant ? C'était peut-être vrai. Il y avait une certaine lueur presque enfantine dans son regard ou même dans les analyses qu'il adoptait. Et puis, il fallait bien l'avouer : Cillian était aussi rancunier et direct qu'un gamin mal mouché. Mais, elle comprenait pourquoi il aimait les enfants. Ryme n'avait jamais été tellement au contact de personnes réellement plus jeune qu'elle. Les Voix comptaient beaucoup de membres d'âges diverses, mais les novices étaient des adolescents. Une fois parfaitement intégré à la troupe, il n'y avait presque plus de contacts entre les différentes strates de l'organisation, ni même entre les diverses compagnies. Ainsi, Ryme avait toujours été entourée de personnes de plus ou moins son âge ou plus vieilles.
Les enfants étaient des êtres un peu étranges, qui n'avaient pas de filtre. Et de ce fait, ils pouvaient être cruels. Mais, ce n'était pas vraiment important. De toute façon, il ne semblait pas vraiment prêt pour se genre de grande discussion. Peut-être dans un autre monde où, son passage dans la Via n'existait pas, ils avaient déjà un ou deux petits ainsi qu'une maison au bord de la mer. Mais, cette réalité n'existait que dans les fantasmes de Ryme.

Il lui confirma qu'ils devaient être honnêtes. Tant mieux. Mentir n'était pas quelque chose que la jeune femme souhaitait faire. La majeur partie de son existence n'avait été que faux-semblants, alors, elle n'avait pas le courage de continuer ainsi, maintenant qu'elle était la maîtresse de son destin. Il l'attira doucement contre lui et instinctivement, elle se lova le plus confortablement possible. Ce qu'il déclara au sujet de sa mère lui fendit un peu le cœur ; mais elle ne pouvait que le comprendre. Cette femme ne semblait réaliser la valeur de son fils que bien des années trop tard, ce qui lui avait causé beaucoup de torts. Par de maintes fois, Ryme avait essayé d'imaginer qu'elle aurait sa réaction si un jour, ses parents revenaient un beau jour. Et selon les jours, la réaction était soit positive, soit négative. Mais la plupart du temps, elle ne trouvait pas de réponse satisfaisante.

« Une bénédiction... Je dirais plus une malédiction. » murmura-t-elle distraitement alors qu'il lui affirmait que tout allait bien se passer. Même si les parents de Cillian ne savaient rien de ce qui s'était réellement passé grâce aux mensonges de son frère aîné... La culpabilité lui prenait l'estomac en tenaille. Cet homme, bien qu'elle l'aimât du plus profond de son cœur, se serait jamais plus le même. Il était devenu comme l'océan : imprévisible et féroce.

Soudainement, le conversation prit un tournant qu'elle n'aimait pas forcément. Quelque part, cela lui faisait toujours de la peine de l'entendre dire ce genre de choses. Car, au fond, cela voulait dire qu'il ne la laisserait jamais vraiment aller à Zanarkand si cela était nécessaire. Les Invokeurs ne communiquaient pas entre eux, ainsi il était impossible de savoir qui était au début de son voyage et qui était à la fin de celui-ci. L'église savait, mais ne disait rien : ce mystère poussait toujours de nouveaux jeunes gens à devenir Invokeurs.
Comme pour chasser cette conversation, il s'empara avec envie de ses lèvres. Malgré la douleur qui se propageait depuis le bas de son cœur, cet échange semblait souffler à nouveau sur les braises qui animaient le cœur de la jeune femme. Elle lui adressa un sourire loin d'être frugal. L'ancienne Voix ferma alors les yeux, savourant sa chaleur, son odeur. Elle se concentra sur les battements du cœur de son amant. Son corps devait probablement être encore un peu douloureux, alors, dans un léger soupir, elle laissa un flot de magie blanche le rejoindre.

« Il est vrai que toutes les invokeures n'ont pas la chance d'avoir un compagnon tel que toi. Tant mieux, sinon, je pense que Sin ne serait jamais vaincu. Les beaux bruns savent se montrer un peu trop persuasifs parfois. » soupira-t-elle en retenant un petit geignement alors qu'elle sentait ces mains, qu'elle adorait tant, parcourir les points les plus sensibles de son épiderme.

Puis il y eut un silence. Parfait pour s'endormir dans la plus parfaite des quiétudes. La veille, elle n'avait pas réellement oser percer sa barrière pour se nicher dans ses bras, mais maintenant, il n'aurait pas vraiment le choix. Ryme sentit alors la délicieuse brûlure d'un regard insistant : elle rouvrit les yeux et ses pupilles trouvèrent celle de Cillian. Il lui déclara son amour. Automatiquement, son sourire s'étira de la plus belle des façons. Ses lèvres vinrent se déposer sur sa poitrine, aussi légère qu'un papillon.

« Je t'aime aussi. Plus que tout au monde. » murmura-t-elle en le serrant.
Combien de fois avait-elle rêvé de ce genre de choses ? De ces mots ? Bien trop de fois. Son cœur était sur le point d'exploser sous le joug du bonheur qui se déversait dans ses veines.
Elle ferma les yeux. Et bien que son cœur battait avec vigueur, elle trouva un sommeil profond et serein sans même s'en apercevoir.