Cillian
Monsieur tout le monde
Elle éternue ensuite avant de me demander si j'ai vu un fantôme. Presque, Ryme. Presque. Cependant, je suis rassuré. Si elle a retrouve son sens de l'humour, c'est qu'elle va relativement bien. Elle semble être importunée par l'odeur de l'éther, mais je pense que son pouvoir régénérant vaut largement les soucis d'odeurs. Elle me regarde et me demande si elle a beaucoup dormi. J'ai envie de lui répondre qu'elle a trop dormi, mais je ne lâche qu'un faible.
« Non, ne t'inquiète pas. »
Je n'ai pas envie de l’inquiéter outre mesure. On pourra rediscuter de ça quand elle sera plus en forme. Je suis quasiment certain que, de toute façon, Garan va lui passer un sermon. J'espère qu'il va être assez intelligent pour ne pas le faire tout de suite. Je doute qu'elle soit même simplement capable d'enregistrer ce qu'on lui dit. Elle se déplace avec difficulté jusque sa serviette. J'hésite à aller l'aider, mais préfère rester en stand-by. Si je vois qu'elle semble galérer, j'irai lui porter secours. Sinon, je pense qu'elle préférerait se débrouiller. Elle se déplace difficilement jusque la coiffeuse alors que je la couve du regard. Oui, on avait une conversation avec Garan, mais oui, je pense qu'elle peut attendre la fin de la nuit. De toute façon, je ne suis pas en état de discuter là. Tout ce dont j'ai envie de faire, c'est entourer ma petite rousse de mes bras et ne plus jamais la lâcher. Et Garan semble du même avis, du moins pour la discussion. D'un hochement de la tête, il sort de la pièce.
De son pas incertain, elle se dirige vers le lit dans lequel elle se laisse tomber lourdement. Elle me pose une question sous un regard inquisiteur dont je ne la pensais pas capable dans un tel état de fatigue. Il faut que je lui réponde sans lui mentir, mais sans trop l’inquiéter non plus. Je me gratte le menton et finit de me sécher en lui parlant.
« Oui, mais ce n'est rien de grave. Je pense qu'il peut comprendre mon point de vue, mais que sa position le force un peu à faire quelque chose. Un peu comme toi tout à l'heure. Tu vois ce que je veux dire je pense. »
Elle semble vraiment sur le point de s'endormir. Elle est mignonne quand elle est comme ça, si on omet le fait qu'elle a failli mourir il y a quelques minutes. Elle me demande ensuite ce que je compte faire après la semaine promise à mon père. C'est une bonne question. Je ne sais pas si on aura encore besoin de moi sur l'île. Quoi qu'il en soit, et quoi que pense Gordias, je pense qu'il va falloir encore du repos à notre rousse. Je taperai du poing sur la table si il le faut, mais si communier avec un priant est aussi fatiguant que ça, pas question qu'on parte tout de suite pour Kilika. Il y a un priant là bas, non ? Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle s'affaire dans le lit. Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle semble chercher quelque chose. Elle se redresse et me demande si j'ai vu son sac. Son sac ? Ah, oui. Sûrement celui que j'ai déplacé. Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle s'enfonce de nouveau sous les couvertures te me fais un signe pour la rejoindre.
Je laisse tomber ma serviette et attrape un short que j'enfile rapidement avant de prendre son sac et d'aller le poser a coté de la table de chevet du coté de la rousse. Je me glisse ensuite sous les draps. J'espère que je ne pue pas trop. Après tout, je n'ai pas eu vraiment le temps de me laver. Je dois encore sentir l'onguent. Presque instantanément, son corps froid vient se coller contre le mien. Je frissonne et espère avoir assez chaud pour la réchauffer. Elle propose ensuite des plans. Je l'embrasse sur le front et elle reprends la parole.
Ca me blesse un peu. Je suis désolé d'être en proie à des maux, Ryme. Crois moi, je fais de mon mieux. Je ravale un peu ma douleur et prends la parole.
« Il reste encore pas mal de choses à voir sur l'île. Mais oui, il faut absolument qu'on aille jusque la cascade. On pourra peut être y faire une nuit à la belle étoile aussi. »
Normalement, l'endroit est assez calme. De vieux enchantements protègent encore les lieux, auparavent beaucoup fréquentés.
« Il y a aussi encore une grotte ou deux que j'aimerai te montrer. »
Je la serre un peu plus contre moi.
« Je ne me souviens pas de ce dont tu parles. Mais mon corps, un peu, je crois. C'est peut être pour ça que ça me calme tellement, te sentir contre moi. »
Je plonge ma tête dans son cou. Elle sens l’éther, mais je m'en moque. Elle pourrait sentir le morbol que j'aimerai quand même son odeur, tout simplement parce que c'est la sienne, et je l'aime. Doucement, je commence à gratter son dos. Je crois que le sommeil me gagne aussi.
« J'aimerai bien qu'on puisse rester comme ça toute la vie. Ce serait bien, je pense. J'aimerai bien. »
Je baille doucement et la serre un peu plus.