Si les paroles des soldats avaient fait monter une colère sourde chez Soren, il n’en était rien chez Kiera. Elle était bien trop habituée à ce genre de jugement pour s’en énervée à chaque fois. Au contraire même, au fur et à mesure de sa vie, cela avait finis par l’amuser. À chaque arrestation, elle se demandait ce que ses couillons avaient pu trouver comme crime à lui mettre sur le dos. Parfois il y avait des déceptions, parfois il fallait avouer que cela frisait le ridicule tant tous ses crimes étaient trop gros pour une personne. Et apparemment, l’ébauche de sa sentence qui l’attendait ne serait pas très original, ce qui était dommage. Reprenant donc leur partie de cache-cache, tout en indiquant à l’invokeur la route à suivre, Kiera faillit reprendre la route quand celui-ci l’interrompit dans sa démarche. Il semblait hésitant, comme en pleine réflexion et face à sa théorie, l’al-bhed haussa des épaules avant de se tourner vers lui. « Il aurait tort de faire le contraire. S’ils savent que tu vas là-bas, ils seraient bien cons de ne pas mettre un comité d’accueil pour nous accueillir. » Attendant donc sa prochaine destination, la demoiselle à la crinière de feu en profita pour s’asseoir en tailleur, patientant donc les bras croisés que Blondie se décide. Ses yeux en spirales scrutaient le ciel qui était fractionné par les multiples branches d’arbres qui s’entremêlée. Soupirant d’ironie, elle ne pouvait s’empêcher de faire le rapprochement avec sa situation. Sa liberté ressemblait à ce tableau à l’heure actuelle. Quand elle entendit enfin la prochaine destination qui leur tendait les bras, la jeune femme se releva doucement pour s’accroupir à nouveau, tournant son regard vers les alentours pour commencer à partir. « Okay, c’est toi le chef môsieur l’invokeur. J’espère au moins qu’ils sont prêts pour la castagne, car ça va faire mal. » Affichant un sourire narquois sur ses lèvres rosées, la jeune femme était prête à en découdre avec ses assaillants, elle avait une folle envie de les cogner sans retenu, mais sa joie s’estompa aussitôt quand elle entendit à nouveau Soren lui imposer une promesse. Si jamais celui-ci, lui disait de ne pas faire de mort, elle lui ferait sa fête, ça s’était clair.
Fronçant les sourcils, elle attendit donc cette fameuse promesse, grinçant aussitôt des dents quand celle-ci écorcha ses oreilles. Personne ne doit mourir. Okay alors ça, c’était l’insinuation de trop. Pour qui il la prenait franchement ? Énervée par de tel propos et n’osant hurler sa contrariété, l’al-bhed, choppa sans prévenir le col du pauvre invokeur qui se vit offrir un coup de boule bien sentis sur le front. À défaut de hurler, et d’user de sa voix, elle avait préféré user de ses gestes et de l’action, chose que le jeune homme risquait de regretter. « Combien de fois je vais devoir te le répéter sérieux ? Je-ne-suis-pas-une- MEURTIERE. Tu capiches ? C’est rentré dans ta caboche de religieux là ? » Elle avait haussé le ton, mais pas assez pour attirer l’attention, malgré sa colère marquante dans ses paroles. Son front commença à rougir, tout comme la douleur qui commença à l’élancer, mais qu’importe, s’il fallait ça pour qu’il arrête de la traiter comme une criminelle, alors ça en valait la peine. « Je botte des culs ! Je ne tue pas moi ! Désolée de te décevoir, mais même si je trouve que certains ne méritent pas de vivre, je ne me salirais pas les mains de leur sang. Je laisse ça à ce gros patapouf de Sin ou à la populace. Maintenant, ferme ta gueule et grouille ton fion qu’on se barre d’ici ! » La colère plus ou moins évacuée, Kiera lui ordonna de le suivre, pour enfin atteindre le chemin qui menait à la plaine foudroyée. Cela faisait un détour, mais si cela pouvait leur permettre de fuir de cet endroit, elle n’était pas contre. Surtout que Soren avait eu raison, les soldats étaient en moins grand nombre vers ce côté-là de la forêt. Approchant enfin de la fameuse sortie, l’al-bhed observa discrètement l’horizon. Il y avait quatre gardes bien armés, qui semblait s’ennuyer à force d’attendre. Au fond, elle fut presque déçue de ne pas en avoir autant à s’en mettre sous la dent, mais c’était déjà pas mal pour commencer. « Bon y a quatre pécores qui nous attend bien sagement. Attends là princesse, je vais m’en débarrasser vite fait, bien fait. » Si elle voulait en finir en plus vite et éviter d’attirer l’attention, elle devait éviter la confrontation en mode bourrine, chose qui ne lui plaisait guère, mais même si elle avait envie de cogner, elle savait qu’elle devait se retenir. Si les coups se faisaient entendre au loin, les soldats risqueraient de rameuter en nombre. Avançant donc avec discrétion, elle attendit sagement à la recherche du bon moment.
« Quand est-ce que la relève va arriver ? On sait tous, que Sir Soren va aller vers le temple de Macalania. Le prêtre à même dit que quand il avait une idée en tête, il ne changeait rarement d’avis. »
« Peut-être que Sir Soren ne changera pas d’avis, mais l’al-bhed elle si. Imaginez si on arrive à la coincer ? On aura peut-être une récompense ! »
« Ouais fin, parait que la dernière fois, elle en a fait galérer plus d’un. Mais bon, à nous quatre on sera bien plus fort. On lui fera payer ce qu’elle à fait à nos camarade. »
« Eh les troufions ! C’est de moi que vous parlez ? »
À peine avait-elle prononcé ses paroles que les armes se pointèrent droit sur elle, la menaçant de la tuer d’une seconde à l’autre.
« Pas de geste brusque l’al-bhed, t’es en état d’arrestation ! Tu seras enfin jugée comme il était convenu ! Tu vas payer pour tes crimes. »
« Ouah, mais c’est que tu pourrais presque m’impressionner toi ! Malheureusement, j’ai autre chose de prévue. Bien que cette idée de jugement me plaise énormément, je suis retenue ailleurs. »
D’un geste rapide de main, un cercle de feu ne tarda pas à encercler les soldats, les flammes grandirent, grandirent, jusqu’à former un petit dôme qui semblait n’offrir aucune échappatoire. La température montait de degrés en degrés toutes les secondes, brûlant peu à peu l’oxygène qui restait dans l’air. Ce qui fit monter la peur et l’anxiété chez certains des soldats de Bevelle.
« La garce ! Tirez ! On va bien finir par l’atteindre ! »
Les coups de feu retentirent peu à peu, mais s’évanouir aussitôt qu’ils étaient sortis. L’état des soldats se dégradait au fur et à mesure qu’ils s’activaient et peu à peu, chacun se retrouvèrent un genou à terre essayant de garder leur calme, malgré les jurons qui s’échappaient de leurs lèvres.
« Montre-toi garce ! Tu n’es qu’une lâche comme tes confrères ! »
Soudain, alors que le chef essayait de provoquer Kiera à coup de parole haineuse, il entendit un fracas non loin de lui. L’un de ses coéquipiers étaient à terre inconscient. Alors qu’il voulait s’approcher de lui, il sentit soudainement un coup violent sur l’arrière de son crâne, l’obligeant à sombrer dans l’inconscient. Quand les quatre soldats furent à terre, le dôme de feu s’évanouir alors, ne laissant qu’une trace brûlée sur le sol qui désignait un cercle bien tracé. Kiera se tenait derrière les gardes, son marteau imposant dans sa main. De son bâton, elle tâtonna un des gardes s’assurant qu’ils dormaient vraiment. « C’est bon, on a le champ libre ! Si tu veux t’assurer qu’ils sont vivants, va y te gêne pas Blondie ! » Un des gardes semblaient encore légèrement conscient, mais le temps qu’il alerte les autres allaient prendre du temps, aussi, Kiera préféra le laisser au bon soin de l’invokeur. C’était à lui de décider s’il fallait l’assomer ou non. S’avançant vers la sortie, la fugitive observa alors la plaine foudroyée qui semblait les attendre. Le tonnerre grondait comme un avertissement. Le ciel était sombre, mais la pluie inexistante, ce qui donnait un environnement sec et aride sur les lieux, les rendant dangereux et inquiétant. « Voilà, la plaine foudroyée nous tend les bras. Je ne pense pas que ses troufions vont nous suivre jusqu’là, mais faudra sûrement s’attendre à ce qu’ils nous foutent des emmerdes au cul. » Ses paroles pouvaient porter à confusion, vus qu’elle ne parlait pas que d’elle, mais du duo qu’elle formait avec l’invokeur. Comme pour éviter toutes questions concernant ses paroles plus tôt, elle s’arrêta alors, fixant le jeune homme d’un air dédaigneux avant de poser sa main sur sa hanche avec un air provocateur dans le regard. « Tu veux jouer les hommes mystérieux et orgueilleux ? À ton aise, mais sache qu’en ne voulant pas me répondre, tu as attisé ma curiosité, alors j’ai décidé de te suivre pour connaître tes véritables intentions. Je ne te lâcherais pas tant que je ne saurais pas ce que tu caches. » Elle savait qu’il risquerait de ne pas être d’accord et de désapprouver et c’est ce qui la motivée plus encore dans cette décision. Mais au-delà de ça, elle voulait connaître la vérité, savoir pourquoi il tenait réellement à accomplir ce rôle suicidaire et vus qu’il ne voulait pas lui donner de réponse, elle les obtiendrait en l’observant de plus près.