La première bénédiction Je n’ai pas besoin que tu me protèges. En entendant ses quelques mots affaiblis, la demoiselle n’avait pus s’empêcher d’afficher un doux sourire amusé. Elle reconnaissait bien là, la fierté mal placé de son ami d’enfance. Pourtant, même si elle ne doutait pas de sa force, elle voulait quand même le protéger. Lui qui avait tant fait pour elle, lui qui s’était parfois retrouvée amochée de part sa faute. Comment aurait-elle pus le laisser continuer ainsi ? Et surtout, comment fera t-il pour se protéger de lui-même ? Lui qui était renfermé, incapable de s’exprimer ? Peu de gens étaient capable de le comprendre, de le calmer. Elle seule avait trouvée comment le comprendre et le déchiffrer. Mais depuis qu’elle avait pris cette décision, depuis qu’elle avait décidée d’entreprendre ce voyage, elle avait cette impression de s’éloigner de lui. Bien sûr, il y avait cet amour qu’elle lui portait, et qu’elle essayait de contenir vu qu’elle doutait de sa réciprocité, mais aussi à cause de cette tristesse qu’elle risquait de lui engendrer si jamais elle venait à réussir cet exploit. Mourir pour une cause noble, pour sauver un peuple entier… Était-ce réellement ce qu’elle désirait ?
Un soupir s’échappa de ses fines lèvres comme seule réponse à cette question. Est-ce que sa décision aurait –elle changée si elle aurait été une femme forte et en meilleure santé ? Personne ne pouvait réellement le savoir, même pas elle. Et s’imaginer une autre destinée était futile puisque celle-ci ne serait jamais réalisable. Posant son menton contre ses bras, la jeune femme semblait comme attristée par cette situation, jusqu’à ce qu’elle entendit de nouveau la voix de son ami qui semblait reprendre de plus belle. Ses paroles eurent cette fois un sous-entendu qui interpella aussitôt la jolie prêtresse, son regard noisette se levant vers le jeune homme pour le regarder comme surprise par cet aveu. Le temps passé avec elle le rendait heureux ? Elle n’aurait jamais cru que cela puisse être possible. Elle qui était souvent alitée, qui était fragile, comment pouvait-il trouver cela plaisant. Doucement, elle se mit à rougir, sentant son cœur s’emballer timidement. Pourtant, derrière la joie de cet aveu, se manifestait une petite voix amère et réaliste. Ils étaient amis depuis longtemps, depuis presque leur enfance. Il était normal qu’il apprécie d’être à ses côtés, puisque qu’elle était une amie chère à ses yeux. Il était évident qu’il ne pouvait y avoir plus dans ses paroles. En prenant conscience de cela, Akemi se sentis bien bête de s’être laissée emportée par son amour véritable envers Seiji. Elle s’était laissée emportée par le moment et elle avait bien conscience qu’elle ne pouvait être le genre de femme qui plairait à son cher épéiste. Une femme forte aurait bien plus sa place auprès de lui, qu’une femme comme elle. Soupirant à nouveau comme pour chasser ses idées sombres, Akemi ne sut quoi dire quand Seiji énonça qu’elle n’avait pas à se sacrifier. Et encore moins, quand il argumenta cela de parole juste et réfléchi, comme quoi elle n’avait rien à prouver. Elle savait bien que personne ne lui demandait quoi que ce soit, qu’elle n’avait rien n’à devoir à personne. Elle savait bien que ses parents auraient préférée la garder auprès d’eux, plutôt que de la savoir sur les routes pour un périlleux voyage. Au fond, ce n’était pas à une quelconque personne qu’elle voulait prouver sa force, ni ce qu’elle était. Mais plutôt à elle-même. Elle savait que c’était un sentiment égoïste et qu’à cause de cela elle inquiétait tout son entourage. Pourtant… Elle sentait qu’elle se devait de le faire. Pour elle-même, pour pas que sa mort soit inutile.
Fermant doucement ses paupières, pour profiter d’une fine brise maritime, la prêtresse avait envie de s’excuser, mais elle savait que cela risquait d’irriter grandement son cher ami. Alors, elle préféra se murer dans le silence, n’ouvrant ses yeux que pour faire face à Seiji qui n’avait jamais été aussi expressif que ce soir-là. Quand elle l’écoutait, elle ne pouvait empêcher son cœur de faire des bons, pour ensuite se serrer aussitôt. Elle avait presque honte de l’obliger à s’exprimer ainsi, lui qui n’avait jamais été doué avec les mots. Lui qui semblait faire un effort titanesque pour lui adresser ses paroles réconfortantes. Sans un mot, elle abaissa son regard, constatant que les jointures de la main de l’épéiste étaient blanches, comme s’il avait essayée de contenir sa rage. Son regard sembla s’attrister quelques instants, tandis que sa main recouvrit doucement celle de son très cher ami. Doucement, un sourire s’installa sur ses lèvres, son visage devenant réconfortant, presque rayonnant. « Je veux aussi te protéger tu sais. » Elle resta quelques instants silencieux, avant de baisser la tête, continuant à garder sa main sur la sienne. « Pardonne-moi… Je ne fais que t’inquiéter et attiser ta colère. Encore aujourd’hui, je ne cesse d’être un poids pour toi. » Avec douceur, elle enleva doucement sa main, ses cheveux semblaient cacher son visage, comme pour dissimuler ses maux qui lui serraient vivement le cœur. « Pardonne-moi d’être aussi égoïste… Mais je dois devenir forte… Il le faut. »
L’émotion commençait à lui nouer la gorge. Elle était incapable d’en dire plus, de s’exprimer plus aisément. Elle avait pris sa décision, avait beaucoup réfléchie quant à celle-ci. Elle ne savait si elle pourrait revenir vivante de ce périple, ni si elle réussirait. Pourtant, elle était décidée. Elle n’avait juste pas prévue le fait que son amour de toujours serait là à ses côtés. Ce qui rendait sa décision encore plus dure qu’elle ne l’avait imaginé. Pourtant, elle devait le faire. Il le fallait. Elle ne devait pas fléchir.