Ses excuses étaient loin d’en être des vraies. Elle s’était même arrangée pour placer une nouvelle pique à l’encontre du prêtre, une pique, qui était loin de mettre son côté pieux en avant. Essayant de cacher sa satisfaction, l’al-bhed regarda alors l’homme de foi geindre face à cette fausse vérité. Si au début Kiera s’attendait à ce que le blondinet plaide la cause de son mentor, il n’en fut rien. Au contraire, il semblait même en profiter pour le charrier un peu plus, tournant encore plus en bourrique le pauvre prêtre désabusé. Son regard vert bouteille se posa alors un instant sur ce jeune homme qui tenait fermement à la libérer. Elle n’arrivait pas à le cerner, à le comprendre. Pourquoi faisait-il cela ? Qu’est-ce que ça pouvait lui apporter ? À part des remontrances et des regards haineux ? Est-ce qu’il était payé pour montrer une belle image de lui ? Les questions ne cessaient de tourmenter son esprit, elle n’aimait pas être dans le doute et encore moins se torturer les méninges pour des choses aussi futiles. Pourtant, elle était bien obligée d’admettre que tout ceci était bizarre, voir même étrange. Les yevonnistes passaient plus le clair de leur temps à cracher sur elle et son peuple qu’autre chose. Ils étaient même plus du genre à les laisser crever la bouche ouverte que de leur tendre la main. Alors pourquoi celui-ci était différent ? J’abandonne, fut le seul constat qui lui percuta l’esprit. Inutile de se rendre malade pour cela, elle profiterait d’être enfin seule avec lui pour lui poser toutes ses questions qu’elle se posait. Constatant soudainement que le jeune homme s’était tourné vers elle, Kiera reporta alors son attention sur lui, ses paroles eut tôt fait de lui faire monter les yeux au ciel, ses mains se posant alors sur sa taille, comme pour se montrer plus imposante, plus stricte. « Je suis peut-être une hérétique, mais j’ai encore des valeurs. J’ai qu’une parole, alors ne t’inquiète pas pour ton ptit cul, je n’irais pas te le botter en sortant de ce clapier. » Son visage lui adressa un sourire moqueur, presque provocateur. Elle n’allait pas se démonter pour si peu, puis, sans arme, elle ne serait pas apte à faire face à un garde avec un fusil. Ses chances de survie risqueraient d’être moindre, sauf si elle faisait preuve de rapidité. Avec son pouvoir, elle aurait peut-être une chance de mener, mais à peine serait-elle sortie qu’elle se retrouverait avec une armée sur les bras. Elle était peut-être arrogante, mais pas assez stupide pour se jeter sans réfléchir dans la gueule du loup. Bien qu’il faille l’avouer, cela la titillait de bastonner ses cons de Yevonniste.
Regardant la scène qui se passait devant elle avec attention, la jeune femme au caractère de feu n’avait pu s’empêcher d’arquer un sourcil en voyant la réaction du garde face aux paroles de Blondie. Pourquoi était-il aussi solennel et grave pour une visite dans un temple ? Tous les prêtres y allaient non ? Ce n’était quand même pas la fête du siècle quand même ! À moins que… Par ses paroles le blondinet face références à un tout autre statut. Un suicidaire de plus, pensa alors la rousse qui n’avait pu s’empêcher d’afficher un air dédaigneux. Elle n’aurait pas cru que cet homme aurait pu être stupide, au point de vouloir suivre un mouvement aussi débile que le sacrifice de sa personne pour dix années de paix. Peut-être qu’elle se trompait, peut-être qu’après tout, elle était à côté de la plaque, mais son intuition lui hurlait qu’elle avait vu juste. Bah après tout, c’est son problème. Tout en croisant ses bras, elle décida de ne pas l’ouvrir pour le moment. Après tout, elle le fera bien le moment venu quand elle aura la confirmation de ses déductions, pas avant. Tout en regardant le garde farfouiller parmi son trousseau de clefs, le blondinet sembla vouloir faire les présentations. Il s’appelait Soren, mais dans l’esprit de l’al-bhed il resta ce cher Blondie tant aimé. Souriant face à sa propre bêtise, Kiera leva alors de nouveau ses yeux en spiral vers le fameux Soren, de façon à le regarder droit dans les yeux, sans perdre de son sourire moqueur. « Kiera. » Elle n’avait pas besoin de long discours pour énoncer son prénom et encore moins besoin de rajouter des formules de politesse comme « enchanté » ou encore « c’est un plaisir de faire ta rencontre, ô mon grand sauveur.» Quoique pour la dernière, elle aurait pu le faire juste pour se moquer, mais cela ne lui ressemblait pas. Entendant la grille de sa prison grincer dans un bruit strident, la jeune femme en profita alors pour sortir aussitôt hors de celle-ci. Ses bras s’élevèrent alors, comme pour lui permettre de s’étirer. Sa bouche s’ouvrit ne contenant pas un long bâillement qui signifiait un ennui grandissant. « C’est pas trop tôt. Je commençais à m’emmerder dans ma cage étroite. » Levant son regard sur la petite foule, l’al-bhed remarqua alors que le garde et le prêtre semblaient être en alerte, prêt à agir au moindre faux pas que Kiera pourrait faire. Peu inquiète de cela, elle s’avança alors vers son libérateur, lui faisant face sans que cette fois des barreaux se mette en travers de sa route. Soudain, elle entendit le cliquetis d’une arme qui semblait la pointer. Elle n’avait pas besoin de lever le regard pour remarquer que le garde était prêt à protéger le jeune blond. Levant les yeux au ciel, elle haussa les épaules, avant de se pencher vers Soren, pour cette fois prendre le contrôle de la situation.
« Oh Blondie, je t’ai pas dit… Je suis d’accord pour te suivre sans embrouille, mais j’ai moi aussi des conditions à te soumettre. » Face à sa remarque, le prêtre s’agita aussitôt, ne tardant pas à ouvrir la bouche pour mettre un terme à l’impolitesse de cette hérétique.
« Vous n’avez rien à nous soumettre comme condition ! Soyez plutôt heureuse que Sir Soren, vous libère de votre jugement ! »
Sans attendre, Kiera agita sa main pour inciter le prêtre à se taire, chose qui le fit aussitôt râler. Ne lui donnant aucune autre attention, la rousse continua alors son récit, élevant alors sa main devant le visage de Soren, tout en commençant à lever son index. « Première condition… Je veux récupérer mon arme que j’ai mis des années à mettre au point. » Sur ses brèves paroles, elle leva alors le majeur. « Deuxième condition… Je veux récupérer mes affaires à l’état. Il est hors de question que je vous laisse le peu que je possède, donc je veux le récupérer et troisième condition… » Elle leva son annulaire avec détermination, montrant à son regard que ses conditions étaient tout, sauf une plaisanterie. « Je veux que ses bâtards me rendent ma putain de veste ! Vous n’avez pas honte de déshabiller ainsi une demoiselle ? Je sais que mon décolleté est magnifique, et que vous n’avez pas l’habitude d’en voir des aussi beau. Mais merde ! Ce n’était pas une raison pour me confisquer ma superbe veste ! » Elle n’avait pu s’empêcher de rajouter des critiques pour mettre mal à l’aise les deux opportuns qui la gonflait sévèrement et tout en ignorant les remontrances du prêtre, elle croisa alors les bras, laissant son regard se perdre dans celui de Blondie sans en démordre. « Rends-moi tout ça et tout sera okay. » C’était un échange juste et équitable non ?