Soren
Apprenti Invokeur
Il ne fallut que quelques instants pour que la troupe arrive sur les lieux. Soren découvrit sans surprise la silhouette de Kiera, éprouvant un désagréable mélange de soulagement et d’anxiété. Les soldats s’approchèrent sous le regard attentif du Capitaine, bien décidé à mettre un terme à cette mascarade. « Tu vas vraiment faire ça ? » il avait parlé à voix basse, ne détachant pas son regard de Kiera. Le Capitaine posa son regard sur lui, impassible. « Tu veux dire faire mon travail ? » Soren le fixa, silencieux, n’ajoutant rien à la conclusion de l'officier. Puis, la voix de Kiera s’éleva. Dès qu’elle termina sa phrase, tout s’enchaina très vite. Personne ne sembla croire à la repentance de Kiera, et pourtant, personne ne trouva la réaction adéquate face à cette soudain déclaration. Et c’était visiblement ce que la jeune femme cherchait. Pendant qu’elle s’avançait, ses mains enfoncées dans ses poches, l’un des soldats perdit son sang-froid. Une première balle s’échappa de son fusil, percutant le sol au pied de Kiera. Mais en guise de réponse, la jeune femme siffla quelques mots en Al-bhed. Le soldat perdait le contrôle de la situation, et prit au dépourvu, il décocha une deuxième balle en direction de Kiera. Soren réprima ses instincts qui lui hurlaient de passer à l’action, de neutraliser le soldat, conscient que le moindre geste de sa part reviendrait à une déclaration de guerre ouverte à Bevelle. S’il bougeait, ils ouvriraient le feu. Poing serré, il fixa Kiera, attendant de comprendre ce que la jeune femme avait derrière la tête. Puis, quant elle obtempéra enfin, il découvrit les deux sphères nichées dans le creux de ses paumes. Il ne fallut pas plus d’une fraction de secondes : les grenades heurtèrent le sol, répandant d’épaisses volutes de fumée dans toute la zone. Le gaz s’enfonça dans sa gorge, lui arrachant une toux douloureuse. Déjà, les ordres fusaient, mais la fumée les privait de toute cohésion. Puis, une main se referma contre son poignet. Il entendit un bruit sourd, une chute, puis cette même main qui l’attira dans la direction opposée. Il n’avait aucun doute sur l’identité de celle qui le tirait hors de la brume, et la voix de Kiera ne fit que confirmer ce qu’il savait déjà.
Lancée dans sa course folle, Kiera les tira rapidement du brouillard. Quand ils furent enfin hors du nuage de fumée, la jeune femme s’arrêta, lançant un bref regard en arrière. Il ne releva pas le commentaire de Kiera sur l’efficacité de son nouveau gadget, considérant pour sa part que la dose de la jeune femme était parfaitement appropriée aux circonstances. Puis, posant sur lui un regard plus sérieux, la jeune femme s’élança de nouveau dans sa course folle, entraînant Soren avec elle. Bien décidée à ne pas perdre une seconde de plus, Kiera s’élança hors de la ville, cherchant à mettre le plus de distance possible entre eux et leurs poursuivants. Soren pressa l’allure.
Ils passèrent les portes de la ville à la hâte, s’enfonçant le long du chemin de terre qui ralliait Guadosalam au Sélénos. Mais alors que Soren pensait prendre de l’avance, un sifflement caractéristique lui arracha une grimace. « Ils ont des Chocobos… » malgré l’avance qu’ils avaient, il ne faudrait pas longtemps à ces montures à plumes pour les rattraper. Soren pesta, et jeta un regard vers les bois qui cernaient le chemin de terre. Il hésita une fraction de seconde, puis attrapa le bras de Kiera. « Ici ! On doit quitter le sentier ! » il bifurqua brusquement en direction des arbres, s’enfonçant à travers les herbes hautes et les branches cassantes. Il progressa jusqu’à ce que le sol s’incline brusquement. Il échangea un regard avec Kiera, puis l’attira avec lui. Ses pieds glissèrent maladroitement le long de la pente, les branches basses fouettant ses jambes. Quand ses pieds retrouvèrent enfin une surface plane, Soren se réceptionna du mieux que possible. Plus haut, le long du chemin principal, il devina les pépiements des Chocobos qui approchaient. Il se baissa aussitôt, scrutant entre les arbres. Rien. Les bois les privaient de toute visibilité. Toutefois, il entendit distinctement la voix teintée de colère qui s’éleva. « Trouvez-les. Bloquez les accès. Assurez-vous qu’ils ne passent de l’autre côté du fleuve. » Soren fronça les sourcils. Quand les piaillements des Chocobos furent suffisamment éloignés, il lâcha un grognement. « Toujours aussi borné… » son regard s’égara dans le vide, pensif. Puis, son attention se porta finalement vers Kiera. Il allait reprendre la parole, mais se ravisa. Il ne pouvait pas faire comme si de rien n’était. Plus maintenant. « … Merci. » il la regarda quelques instants. Et désolé pour tout à l’heure. Les mots lui traversèrent l’esprit, brûlant le bout de ses lèvres, mais restèrent coincés dans sa gorge. « Rien de cassé ? » il la regarda rapidement, vérifiant d’un coup d’œil si elle était indemne.