En prenant ainsi Seiji dans ses bras, Akemi avait l’intime conviction que ses mots se feraient plus forts, plus justes, plus sincères. Elle ne voulait pas qu’user de parole, elle voulait aussi montrer combien elle tenait à lui, combien elle voulait qu’il tienne ses quelques engagements qu’elle lui soumettait. Elle ne voulait plus le voir avec une telle expression, elle ne voulait plus qu’il se torture ainsi. Alors, quand elle l’entendit lui promettre d’une voix faible, son cœur s’en trouva soulagé. Si pour beaucoup, un simple ouais n’était pas suffisant, pour Akemi cela l’était plus qu’un long discours pompeux et faux. Car, il suffisait de prêter l’oreille, pour sentir que le son de sa voix était plus que sincère. Ainsi dans les bras l’un de l’autre, la demoiselle profitait quelques peu de cet échange, de façon à mieux concrétiser cette promesse, mais pour le jeune homme cela sembla être l’occasion pour délivrer des paroles lourdes de sous-entendus. En entendant sa réclamation, la jeune femme se détacha quelques peu de son gardien, juste assez pour laisser ses mains se poser sur ses épaules, juste assez pour lui adresser un regard curieux et interrogateur. Avait-il bien dit qu’il voulait qu’elle reste avec lui ? Cela lui semblait inimaginable, comme si cela n’était que le fruit de son imagination, jusqu’à ce que Seiji continue sur sa lancé. Pas que pour le pèlerinage, pas que pour un souci de statut, mais parce qu’il avait l’air de le vouloir. En entendant cela, Akemi ne savait que penser de cette situation, tandis que son regard noisette essayait de déchiffrer l’esprit de son ami. Disait-il cela, par amitié, par fraternité, ou par… Amour ? En prenant compte de cette dernière éventualité, le cœur d’Akemi commença à légèrement s’agiter, battant bien plus fort face à cet homme qui se trouvait bien proche de sa personne. Elle avait l’impression que quelques choses se passaient entre eux, peut-être était-ce à cause de la proximité, ou à cause du regard de Seiji, ou encore de son esprit qui priait grandement pour que cela ne soit pas qu’une forme d’amitié grandissante. Ils étaient là, l’un contre l’autre, ses bras autour de sa taille, ses mains sur ses épaules, quelques centimètres séparaient leur deux corps. Ils étaient seuls, face à un soleil couchant, les yeux dans les yeux et pourtant, Akemi avaient l’impression que cette attente était intenable. Quand il l’appela de sa voix d’homme, grave et pourtant protecteur, la jeune femme le regarda alors intensément, essayant de deviner ce qu’il essayait de lui dire. Je ? Était-ce le je, de « je t’aime » où était-ce autre chose qui allait lui faire regretter de s’être emballée de nouveau ?
Alors qu’elle espérait entendre cette suite, une voix extérieure, la fit doucement retomber sur terre, gâchant ce moment au plus opportun. Se rendant compte de sa position, la prêtresse, se sépara rapidement de son gardien, tandis qu’une gêne immense était en train de s’emparer de ses joues et de son esprit. De quoi avait-il eu l’air d’un regard extérieur ? D’un jeune couple ? De deux amoureux transit. En pensant à cela, la jeune femme n’avait pus s’empêcher de rougir de plus belle, et comme pour penser à autre chose, elle porta son attention sur Seiji et le pauvre malheureux qui les avait interrompus. Visiblement, l’épéiste était à présent d’une humeur massacrante et comme pour chasser son embarras, la demoiselle en profita pour rire doucement face aux remarques de son gardien, comprenant parfaitement ce qu’il ressentait à l’instant même. « Ne t’énerve pas autant. Il ne l’a pas fait exprès tu sais. » Souriant doucement, Akemi préférait ne pas s’énerver sur ce pauvre malheureux. Il était juste venu au mauvais moment, il ne pouvait pas vraiment savoir qu’il dérangeait dans un moment opportun. Soupirant doucement tout en se tournant vers le soleil couchant, Akemi ne cessait de se demander ce que son ami avait voulus lui dire, mais jamais, elle n’aurait le cran de lui demandé, pas maintenant. Fermant doucement les yeux, elle se retourna alors en entendant la question de Seiji, affichant un doux sourire, avant de laisser son regard se perdre sur le banquet au loin. « J’arrive. » Doucement, elle s’approcha alors de son gardien, son visage essayant de reprendre contenance. Il valait mieux qu’elle oublie cela, et qu’elle se concentre sur son rôle d’invokeur. C’était cela qu’on lui demanderait dorénavant. Sentant la main de Seiji dans la sienne, l’invokeuse regarda pendant un instant celle-ci, avant que son regard ne se perde sur son tendre ami. Doucement, il murmura une phrase, celle qu’il voulait lui avouer juste avant qu’il ne soit interrompu. Il tenait à elle. Était-ce tout ? Soudainement, le cœur d’Akemi se comprima légèrement, alors que son visage afficha une triste mine. Qu’avait-elle imaginée encore ? Il était évident que cela ne pouvait être une déclaration d’amour. Elle le savait, elle n’aurait pas dû y placer tant d’espoir. Il était évident que Seiji tenait à elle, mais sûrement en tant que meilleure amie et rien d’autre. Soupirant silencieusement, l’invokeuse décida alors de taire cette douleur au fond d’elle, préférant sourire, pour mieux profiter de cette soirée qu’on avait préparé pour elle. Après tout, même si elle avait été loin de la vérité, elle savait maintenant que Seiji tenait à elle, en plus de vouloir rester à ses côtés. Cela était déjà bien suffisant et elle n’aurait pus espérer mieux.
Bien que fatiguée par cette journée et surtout par son invocation, le banquet fut néanmoins une totale réussite, bien que plus fatigante encore que le reste. Malgré qu’elle était accompagnée de son gardien, beaucoup de personnes ne cesser de la solliciter pour discuter, l’obligeant à veiller beaucoup plus tard que prévus. Quand elle put enfin se reposer, la nuit commença à s’estomper, mais cela lui était bien égale tant elle avait à rattraper de sa dure journée. Elle se reposa alors le lendemain, et le jour suivant, quittant très peu sa tente, vu que son corps avait décidé de lui faire payer cet excès par une fièvre et un affaiblissement total. Ce fut au bout du troisième jour, qu’elle commença alors à récupérer doucement et sûrement, le temps lui paraissait bien plus long depuis qu’elle était restée allongée depuis tout ce temps. Bien que lumineuse, l’intérieur de la tente commençait à la déprimer. Elle voulait sentir le soleil, l’air empli d’iode sur son visage et se fut presque suppliante qu’elle se tourna alors vers son gardien protecteur, essayant de doucement se relever pour lui exprimer sa requête. « Seiji… Est-ce que tu crois qu’on pourrait sortir un peu aujourd’hui ? » Sa question était innocente et aussitôt, comme pour appuyer sa demande, elle énonça ses envies de fuir hors de leur habitat provisoire. « Je sais que je parais encore un peu faible, mais… J’aimerais prendre un peu l’air, profiter un peu de l’île et surtout, découvrir la plage et pourquoi s’y baigner un peu. J’ai envie de me dégourdir les jambes, de voir entre chose que l’intérieur de cette tente. J’en ai assez d’être allongée. Je te promets, je ferais attention et si cela ne va pas, on rentrera immédiatement… Mais s’il te plait… » Son regard semblait suppliant, comme si elle cherchait désespérément d’amadouer son guérisseur. Depuis le banquet, elle n’avait plus remis un pied dehors, mais maintenant que sa fièvre était partie, elle voulait de nouveau redécouvrir l’endroit. Peut-être qu’en faisant cela, elle pourrait retrouver totalement ses forces et enfin espérer rejoindre Kilika pour continuer la suite de son pèlerinage.