Deux pèlerines, la fête de l’éclosion, et un accès au temple au beau milieu de la nuit. C’était loin d’être un plan digne de ce nom, mais ils n’avaient pas de temps à perdre en hésitations. Certes, ils n’avaient pas d’urgence : mais dans l’absolu, ils ne pourraient pas se permettre d’attendre indéfiniment à Besaid. Même s’il éprouvait parfois une pointe amère de culpabilité, Seiji avait décidé de suivre le choix d’Akemi. Et même s’il refusait son sacrifice, il ne saboterait pas son pèlerinage. Ce n’était pas sa manière de faire les choses, et il avait depuis longtemps décidé de sa propre voie : il dissuaderait Akemi à sa façon, sans bassesses ni fourberies. Une discussion honnête… Une partie de lui savait néanmoins que ce pèlerinage était encore à ses débuts : ainsi, il était beaucoup trop tôt pour que ses mots atteignent la jeune femme. Et finalement, Invokeuse et Gardien approuvèrent ce plan. Cette discussion marqua donc la prochaine étape de ce pèlerinage, et ainsi, Akemi et Seiji profitèrent de leurs derniers jours à Besaid, tout en anticipant les prochains événements.

Ce matin-là, tout était fin prêt. Ils avaient acheté deux pèlerines : un modèle parfaitement banal, inspiré de tenues d’aventuriers. Comme le bateau était précisément mené par des hommes de Kilika, il n’était pas question que les matelots voient leurs visages : en arrivant près de la plage, Seiji rabattit donc sa capuche sur son visage. Et tandis que l’océan se dévoilait à son regard, son attention se porta sur la silhouette massive du navire qui attendait paresseusement sur le quai. Et malgré lui, Seiji inspira profondément. Il avait décidé de faire preuve d’un certain détachement à l’idée de reprendre le pèlerinage, mais à son insu, l’idée de faire route vers son île natale le troublait légèrement. Il avait toujours associé Kilika au calme, à la sérénité, et… à Akemi. Parfois aussi à une cage trop étroite, mais cela remontait à loin désormais. Mais désormais, cette île était comme une zone dangereuse dans laquelle ils devraient faire profil bas. Un instant, il se demanda s’il n’aurait pas été plus simple de faire front face au père d’Akemi : mais trop honnêtement, le vieil homme était bien trop buté pour attendre raison. Il soupira donc, et posa son regard sur Akemi. Ce fut à cette occasion que Seiji découvrit que, habillée de la sorte, Akemi avait tout des mages blancs de ses livres d’enfant. Un sourire éphémère glissa sur son visage, avant de disparaître. Puis, il entendit les matelots qui invitaient les voyageurs à prendre place : le navire quitterait bientôt le port, et plus vite les passagers grimperaient à bord, plus vite ils pourraient mettre le cap vers Kilika. Seiji posa un regard sur Akemi. « En route. » sa voix était emprunte d’une confiance rassurante, et sans attendre davantage, il s’avança en direction du quai. Néanmoins, il prit soin de rester auprès d’Akemi. Et ainsi, ils embarquèrent en direction de l’île de Kilika : cette île, jadis leur terre natale, qui était désormais la prochaine étape de ce long et éprouvant voyage au travers de Spira.