Ryme
Invokeure
Mer 28 Mar 2018 - 11:56
Le trait d'humour qu'elle s'était risqué à faire semblait avoir atteint sa cible. Après un silence, qui n'avait duré quelques minutes, mais qui avait eut la saveur de l'éternité, Cillian reprit la parole. Il demanda, d'une petite voix teinté d'un brin d'innocence, s'il avait besoin d'un motif pour frapper Holma. Ryme ne put s'empêcher de sourire à cette remarque : il était évident que frapper des gens, même avec une raison n'était pas recommandable, alors, le faire sans le moindre motif... Peut-être avait-il envie de tester les paillasses des cellules de contrition du temple, plutôt que la tendre moiteur de leur lit. Elle se garda cependant de faire cette réflexion, de peur qu'il ne la prenne pas comme une manifestation de son espièglerie, mais comme un reproche.
Puis, il se laissa choir. La tenue qu'on lui avait gracieusement prêtée n’appréciait peut-être pas le contact rugueux du sable, mais, après tout les vêtements étaient fait pour être utilisés, usés et souillés. Un air vaguement triste passa sur son visage ; mais Ryme se demanda si ce sentiment le quittait parfois. Après avoir observé le sable, il dirigea son regard vers elle. Il semblait apprécier ce qu'il contemplait, mais, Ryme ne saurait dire si cela était une bonne chose ou non.
Pourquoi voudrait-il graver dans sa mémoire pareille instant ? Certes, le cadre était beau et elle était toute en beauté, mais elle n'avait pas particulièrement envie qu'il se souvienne d'elle ainsi. Cette tenue, ce maquillage, tout cela était faux et faisait partit d'un jeu auquel Ryme participait depuis bien trop d'années maintenant. Cependant, elle ne laissa rien paraître si ce n'était un sourire aimable alors qu'il déclarait qu'elle ne devait pas avoir de regrets. C'était peut-être là, un de leurs plus gros points de désaccord : son entêtement leur avait causé beaucoup de torts. Peut-être que si elle était restée près des Voix, il se serait lassé d'elle et serait revenu vivre ici. Peut-être que si elle avait tué Vilhatt, elle aurait été dans la Via et pas lui. Peut-être que... Peut-être que si... Ryme avait établi au moins une centaine de scénarios : tous étaient bien plus heureux que ce qu'ils vivaient actuellement, du moins pour lui. Elle importait peu, elle était déjà damnée.
Ryme attrapa sa main et lia précautionneusement ses doigts à ceux de Cillian. Elle aimait se sentir toute petite, presque fragile, entre ses pattes. Il était bientôt l'heure de la fête, alors, ils se mirent en marche vers le village. Sur le chemin, il entama une phrase qu'il ne termina pas ; une vague vision d'un avenir meilleur. Des promesses qui n'étaient pas formulées, mais qui comptaient tout de même. Qui écorchaient un peu le cœur aussi. Car ces jours heureux ne pourraient très bien ne jamais voir le jour ; ou ne jamais existé.
Soudainement, une des jeunes cousines de Cillian vint à leur rencontre, les joues rosies par le plaisir d'être responsable de leur porter un message. Elle les informa à toute vitesse, qu'en effet, la fête avait débuté et que tous n'attendait plus qu'eux. Ryme la remercia d'un sourire et d'une petite caresse dans les cheveux. La gamine sembla ravie et s'en alla en quatrième vitesse, sans doute pour se vanter auprès de ses copines.
Les lèvres de Cillian vinrent se poser sur sa joue ; peut-être le dernier baiser avant quelques heures, songea-t-elle avec un léger vague à l'âme. Une fois sûrs d'eux, ils avancèrent encore un peu plus, rencontrant le patriarche de la famille. Ce dernier n'usa pas de mot pour se faire comprendre, ce qui surprit Ryme. Malgré le temps, la souffrance et la séparation, le père et le fils se comprenaient encore parfaitement. Sans doute grâce à un langage secret réservé aux personnes taciturne, s'amusa-t-elle a pensé, silencieusement.
Ils furent conduits devant un petit homme à l'âge plus qu'avancé. Sa moustache parfaitement taillée décorait son visage tout autant que les multiples rides joyeuses qui logeaient sur sa peau. Il semblait ravi de revoir Cillian. Il s'approcha de lui et lui décocha un petit coup dans l'estomac en se plaignant de ne pas avoir été encore salué.
Ryme lança un regard amusé à Cillian. Le maire du village, monsieur Ghilgo semblait être un homme avenant, avec beaucoup d'humour et malgré son âge plus qu'avancé, il avait encore un esprit vif et acéré. L'ancienne Voix se surprit à rougir légèrement alors que le vieux maire lui faisait un baisemain. De toute sa vie, personne n'avait été aussi galant avec elle – si on ne comptait pas le sacrifice de Cillian, bien entendu. La jeune femme accueillit les remarques qu'il lui fit avec un sourire sincère. Pour la première fois, depuis qu'elle était arrivée dans le village, Ryme avait l'impression d'être traitée comme... Un être humain. Pas l'Invokeur, pas la Voix, ni la femme qui avait enfin réussit à prouver que Cillian n'était pas attiré par les hommes ou les chocobos.
« Je suis ravie de vous rencontrer, Monsieur le Maire. Et c'est avec plaisir que je vous écouterais me raconter vos histoires. Je suis sûre que Cillian a dû être un enfant plus que passionnant à observer. » répondit-elle en s'inclinant légèrement.
Le Maire lui tendit aimablement le bras. Elle jeta un dernier regard à Cillian avant de se détacher de lui pour prendre place à côté du vieillard. Son bras était maigre et ses muscles légèrement tremblant, mais il semblait rayonné d'une fierté sans borne. Ryme n'aurait su dire si c'était parce qu'elle s'appuyait timidement sur son bras où si cette joie était liée au retour de Cillian. Le vieux Ghilgo semblait avoir un faible pour lui et il ne le cachait pas.
D'un pas lent, ils rejoignirent la table. On plaça Cillian à la place d'honneur, juste à la gauche du maire. Quant à Ryme, elle reçut la place réservée aux femmes dans ces circonstances : à sa droite. Ils n'étaient guère éloignés, mais cette place qui les séparait lui paraissait être des mètres. Depuis leurs retrouvailles, ils avaient toujours été ensemble, inséparables.
Le reste de l'assistance regagna sa place et les conversations commencèrent à aller bon train. La nourriture manquait encore un peu de cuisson selon un des villageois préposer à la rôtisserie. Cependant, les boissons, elles, commençaient déjà à être servies. Pourtant, personne ne toucha à son verre. Lentement, Ghilgo se leva, gobelet en main. Il se racla la gorge et aussitôt l'assemblée se fit silencieuse. Ryme, qui était déjà charmée par le personnage se surprit à être encore plus admirative. Ce silence n'était pas imposé par la peur, comme lors des assemblées où elle avait été présente par le passé, mais par le respect.
« Nous sommes tous réunis ici pour une occasion spéciale. Après des années passées loin de l'île, un enfant du pays revient enfin. Nous ne pouvions faire autrement que de célébrer son retour ! La mer et Yevon nous l'ont rendu, bénis soient-ils ! » Il leva son verre, et tous les villageois firent de même. Voyant que Cillian ne faisait pas un geste, Ryme hésita quelques secondes à lever son verre, mais elle ne bougea pas.
« Et, ce sacripant ne revient pas seul ! Il a capturé une jolie sirène sur le chemin du retour. Prions pour la longévité et le bonheur de leur union et pour que leurs enfants puissent fouler la terre sacrée de l'île, bientôt ! » Cette fois-ci, il porta le verre à ses lèvres.
Un tonnerre de sifflets et d'applaudissements se fit entendre tandis que les uns et les autres buvaient également. Ryme se mit doucement à rougir. Les mots du Maire lui faisaient plaisir ; même si l'évocation d'un futur lui était tout de même un peu douloureux. Elle porta distraitement la coupe à ses lèvres, en jetant un œil à Cillian. Son visage n'exprimait rien de particulier. Leurs regards se croisèrent et Ryme sentit son épiderme se réveiller et ses joues rosirent un peu plus.
« Alors, Monsieur Ghilgo, j'attends avec impatience vos histoires...
— Nous avons toute la soirée pour ça très chère. Mais, veuillez pardonner l'égoïsme d'un vieil homme, il y a une chose que j'aimerais vous demander.
— Bien sûr, je vous écoute, répondit Ryme, presque certaine de connaître la nature de la requête.
— J'aimerais vraiment que vous preniez soin de lui. C'est un bon petit. Il n'a pas toujours été facile, mais il a toujours eut bon cœur. Et, j'ai entendu dire par les jeunes du village que vous aviez une voix incroyable ; pourriez-vous chanter une chanson ?
— Je vous promets de faire attention à lui, aussi longtemps que je le pourrais. Et c'est avec plaisir que je chanterais pour vous. »
Ryme esquissa un sourire tristement doux et regarda Cillian. Son regard n'exprimait que des excuses. Le Maire se leva et frappa dans ses mains : aussitôt, la musique s'arrêta et d'une main délicate, il invita Ryme à se lever. L'assistance retint son souffle puis exulta lorsqu'elle vit l'ancienne Voix aller se placer vers les musiciens. Elle se plaça près d'eux, les questionna sur leur répertoire et finalement, ils se décidèrent sur une chanson. Les premières notes s'élevèrent, puis la voix de Ryme s'échappa tout en délicatesse et retenue de sa gorge, pour une interprétation veloutée d'une de ses chansons les plus connues. EN observant la foule, elle s'aperçut à quel point les villageois semblait à la fois heureux et captivé. Le Maire Ghilgo était penché vers Cillian, impossible de savoir ce qu'il lui disait, mais elle espérait que toute cette mise en scène ne l'atteignait pas trop cruellement.
Puis, il se laissa choir. La tenue qu'on lui avait gracieusement prêtée n’appréciait peut-être pas le contact rugueux du sable, mais, après tout les vêtements étaient fait pour être utilisés, usés et souillés. Un air vaguement triste passa sur son visage ; mais Ryme se demanda si ce sentiment le quittait parfois. Après avoir observé le sable, il dirigea son regard vers elle. Il semblait apprécier ce qu'il contemplait, mais, Ryme ne saurait dire si cela était une bonne chose ou non.
Pourquoi voudrait-il graver dans sa mémoire pareille instant ? Certes, le cadre était beau et elle était toute en beauté, mais elle n'avait pas particulièrement envie qu'il se souvienne d'elle ainsi. Cette tenue, ce maquillage, tout cela était faux et faisait partit d'un jeu auquel Ryme participait depuis bien trop d'années maintenant. Cependant, elle ne laissa rien paraître si ce n'était un sourire aimable alors qu'il déclarait qu'elle ne devait pas avoir de regrets. C'était peut-être là, un de leurs plus gros points de désaccord : son entêtement leur avait causé beaucoup de torts. Peut-être que si elle était restée près des Voix, il se serait lassé d'elle et serait revenu vivre ici. Peut-être que si elle avait tué Vilhatt, elle aurait été dans la Via et pas lui. Peut-être que... Peut-être que si... Ryme avait établi au moins une centaine de scénarios : tous étaient bien plus heureux que ce qu'ils vivaient actuellement, du moins pour lui. Elle importait peu, elle était déjà damnée.
Ryme attrapa sa main et lia précautionneusement ses doigts à ceux de Cillian. Elle aimait se sentir toute petite, presque fragile, entre ses pattes. Il était bientôt l'heure de la fête, alors, ils se mirent en marche vers le village. Sur le chemin, il entama une phrase qu'il ne termina pas ; une vague vision d'un avenir meilleur. Des promesses qui n'étaient pas formulées, mais qui comptaient tout de même. Qui écorchaient un peu le cœur aussi. Car ces jours heureux ne pourraient très bien ne jamais voir le jour ; ou ne jamais existé.
Soudainement, une des jeunes cousines de Cillian vint à leur rencontre, les joues rosies par le plaisir d'être responsable de leur porter un message. Elle les informa à toute vitesse, qu'en effet, la fête avait débuté et que tous n'attendait plus qu'eux. Ryme la remercia d'un sourire et d'une petite caresse dans les cheveux. La gamine sembla ravie et s'en alla en quatrième vitesse, sans doute pour se vanter auprès de ses copines.
Les lèvres de Cillian vinrent se poser sur sa joue ; peut-être le dernier baiser avant quelques heures, songea-t-elle avec un léger vague à l'âme. Une fois sûrs d'eux, ils avancèrent encore un peu plus, rencontrant le patriarche de la famille. Ce dernier n'usa pas de mot pour se faire comprendre, ce qui surprit Ryme. Malgré le temps, la souffrance et la séparation, le père et le fils se comprenaient encore parfaitement. Sans doute grâce à un langage secret réservé aux personnes taciturne, s'amusa-t-elle a pensé, silencieusement.
Ils furent conduits devant un petit homme à l'âge plus qu'avancé. Sa moustache parfaitement taillée décorait son visage tout autant que les multiples rides joyeuses qui logeaient sur sa peau. Il semblait ravi de revoir Cillian. Il s'approcha de lui et lui décocha un petit coup dans l'estomac en se plaignant de ne pas avoir été encore salué.
Ryme lança un regard amusé à Cillian. Le maire du village, monsieur Ghilgo semblait être un homme avenant, avec beaucoup d'humour et malgré son âge plus qu'avancé, il avait encore un esprit vif et acéré. L'ancienne Voix se surprit à rougir légèrement alors que le vieux maire lui faisait un baisemain. De toute sa vie, personne n'avait été aussi galant avec elle – si on ne comptait pas le sacrifice de Cillian, bien entendu. La jeune femme accueillit les remarques qu'il lui fit avec un sourire sincère. Pour la première fois, depuis qu'elle était arrivée dans le village, Ryme avait l'impression d'être traitée comme... Un être humain. Pas l'Invokeur, pas la Voix, ni la femme qui avait enfin réussit à prouver que Cillian n'était pas attiré par les hommes ou les chocobos.
« Je suis ravie de vous rencontrer, Monsieur le Maire. Et c'est avec plaisir que je vous écouterais me raconter vos histoires. Je suis sûre que Cillian a dû être un enfant plus que passionnant à observer. » répondit-elle en s'inclinant légèrement.
Le Maire lui tendit aimablement le bras. Elle jeta un dernier regard à Cillian avant de se détacher de lui pour prendre place à côté du vieillard. Son bras était maigre et ses muscles légèrement tremblant, mais il semblait rayonné d'une fierté sans borne. Ryme n'aurait su dire si c'était parce qu'elle s'appuyait timidement sur son bras où si cette joie était liée au retour de Cillian. Le vieux Ghilgo semblait avoir un faible pour lui et il ne le cachait pas.
D'un pas lent, ils rejoignirent la table. On plaça Cillian à la place d'honneur, juste à la gauche du maire. Quant à Ryme, elle reçut la place réservée aux femmes dans ces circonstances : à sa droite. Ils n'étaient guère éloignés, mais cette place qui les séparait lui paraissait être des mètres. Depuis leurs retrouvailles, ils avaient toujours été ensemble, inséparables.
Le reste de l'assistance regagna sa place et les conversations commencèrent à aller bon train. La nourriture manquait encore un peu de cuisson selon un des villageois préposer à la rôtisserie. Cependant, les boissons, elles, commençaient déjà à être servies. Pourtant, personne ne toucha à son verre. Lentement, Ghilgo se leva, gobelet en main. Il se racla la gorge et aussitôt l'assemblée se fit silencieuse. Ryme, qui était déjà charmée par le personnage se surprit à être encore plus admirative. Ce silence n'était pas imposé par la peur, comme lors des assemblées où elle avait été présente par le passé, mais par le respect.
« Nous sommes tous réunis ici pour une occasion spéciale. Après des années passées loin de l'île, un enfant du pays revient enfin. Nous ne pouvions faire autrement que de célébrer son retour ! La mer et Yevon nous l'ont rendu, bénis soient-ils ! » Il leva son verre, et tous les villageois firent de même. Voyant que Cillian ne faisait pas un geste, Ryme hésita quelques secondes à lever son verre, mais elle ne bougea pas.
« Et, ce sacripant ne revient pas seul ! Il a capturé une jolie sirène sur le chemin du retour. Prions pour la longévité et le bonheur de leur union et pour que leurs enfants puissent fouler la terre sacrée de l'île, bientôt ! » Cette fois-ci, il porta le verre à ses lèvres.
Un tonnerre de sifflets et d'applaudissements se fit entendre tandis que les uns et les autres buvaient également. Ryme se mit doucement à rougir. Les mots du Maire lui faisaient plaisir ; même si l'évocation d'un futur lui était tout de même un peu douloureux. Elle porta distraitement la coupe à ses lèvres, en jetant un œil à Cillian. Son visage n'exprimait rien de particulier. Leurs regards se croisèrent et Ryme sentit son épiderme se réveiller et ses joues rosirent un peu plus.
« Alors, Monsieur Ghilgo, j'attends avec impatience vos histoires...
— Nous avons toute la soirée pour ça très chère. Mais, veuillez pardonner l'égoïsme d'un vieil homme, il y a une chose que j'aimerais vous demander.
— Bien sûr, je vous écoute, répondit Ryme, presque certaine de connaître la nature de la requête.
— J'aimerais vraiment que vous preniez soin de lui. C'est un bon petit. Il n'a pas toujours été facile, mais il a toujours eut bon cœur. Et, j'ai entendu dire par les jeunes du village que vous aviez une voix incroyable ; pourriez-vous chanter une chanson ?
— Je vous promets de faire attention à lui, aussi longtemps que je le pourrais. Et c'est avec plaisir que je chanterais pour vous. »
Ryme esquissa un sourire tristement doux et regarda Cillian. Son regard n'exprimait que des excuses. Le Maire se leva et frappa dans ses mains : aussitôt, la musique s'arrêta et d'une main délicate, il invita Ryme à se lever. L'assistance retint son souffle puis exulta lorsqu'elle vit l'ancienne Voix aller se placer vers les musiciens. Elle se plaça près d'eux, les questionna sur leur répertoire et finalement, ils se décidèrent sur une chanson. Les premières notes s'élevèrent, puis la voix de Ryme s'échappa tout en délicatesse et retenue de sa gorge, pour une interprétation veloutée d'une de ses chansons les plus connues. EN observant la foule, elle s'aperçut à quel point les villageois semblait à la fois heureux et captivé. Le Maire Ghilgo était penché vers Cillian, impossible de savoir ce qu'il lui disait, mais elle espérait que toute cette mise en scène ne l'atteignait pas trop cruellement.