Kiera
Madame tout le monde
Voulant s’assurer qu’ils seraient tranquilles pour un long moment, la jeune femme lâcha un bref soupire devant les explications de Soren. Au moins, il serait bel et bien tranquille pendant un temps indéterminé, mais ça, c’était juste le temps que la seconde charge revienne à l’assaut. Au moins, ils auraient le temps de se remettre en attendant que celle-ci arrive, en espérant que ça ne sera pas pour tout de suite. « C’est sûr qu’ils ne s’amuseront pas à faire du grabuge dans un temple… Mais je pense que toi tu y seras plus en sécurité que moi. Je te rappelle qu’ils préfèrent crever que d’accueillir un hérétique sous leur toit. » Plus elle parlait, plus elle semblait reprendre un semblant de voix correcte, bien qu’elle restât de temps à autre rocailleuse et cassée. « Mais qu’importe, ça sera toujours ça de prit, pour le moment, il vaudrait mieux qu’on se repose. On avisera pour le reste. » Elle était bien trop fatiguée pour réfléchir. Elle aspirait qu’à une chose, une bonne dose d’alcool, un besoin de se vider la tête et du repos, beaucoup de repos. Soupirant une nouvelle fois, tout en constatant le regard de Soren sur sa personne, Kiera se tourna alors vers lui, son regard spiral se plongeant dans le sien, avant d’être de nouveau surprise par ses maux. De quoi il s’excusait ? Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. C’est elle qui avait été sotte de s’être fait avoir comme une bleue. Il n’y pouvait rien. « De quoi tu t’excuse Blondie. Cette marque je ne la doit qu’à moi-même. Je n’aurais pas merdé, ça ne serait jamais arrivée. » Puis soudainement son regard se détourna, une rougeur commençant à teindre ses joues, tandis que sa main s’en tourna vers l’arrière sa nuque. Ce n’était pas dans ses habitudes, mais elle sentait cette fois un besoin de le faire, de dire ses mots qu’elle n’avait jamais avouer à qui que ce soit. Des mots plutôt durs à délivrer, mais qu’elle se devait de faire. « Au contraire… Je devrais plutôt te… Remercier… Pour ça et… Pour le reste… » Se sentant honteuse, la jeune femme vira légèrement aux pivoines, son regard se relevant, son expression devenant cette fois un peu plus colèrerique, comme pour cacher sa gêne. « Ne fais aucun commentaire, sinon je te trucide ! » Puis sans l’attendre, elle s’éclipsa alors de son regard, s’avançant sans attendre sur cette route, n’offrant pour le moment que son dos au jeune homme, tandis que son visage essayait de reprendre une teinte normale, la gêne se faisant docilement étouffée, pour reprendre son éternelle air nonchalant.
Le chemin qui menait jusqu’au temple avait repris de son calme olympien depuis les récents évènements, ce qui avait permis aux deux voyageurs, d’arriver plus vite que prévus devant le temple, qui semblait enfin leur tendre les bras. Si quelques prêtres se tenaient ici et là, il y avait aussi dans le lot quelques nomades marchants qui se baladait entre le bâtiment et l’extérieur. Certains priaient, d’autres essayaient de vendre quelques babioles sur leur échoppe de fortune et d’autres discutaient que cela soit entre eux, ou avec les prêtres. « Sacré agitation par ici. » Observant les lieux de son air neutre, la jeune femme attendit une réaction de la part de Soren avant de s’avancer, s’attendant d’un moment à l’autre à se faire freiner par un des prêtres du temple, mais au lieu de ça, ce fut une voix à la sonorité familière qui l’accueillis.
« Kiera ? Putain c’est toi ! Mais qu’est-ce que tu fous là ? Je croyais que tu étais à Bevelle en train de revendre tes créations ! Je pensais même que tu serais plus en train de croupir dans une prison qu’autre chose ! »
« Bonjour l’accueil ne t’as pas changée Rhys. Figure-toi que j’avais envie de voir du pays. Et toi ? Qu’est-ce que tu fous là ? Depuis quand t’es avec le groupe ?»
« Aha ça t’étonnes hein… Figure toi que je suis… Marié à présent, en plus d’avoir deux magnifiques bambins. » D’un geste, il lui montra son alliance d’un air fier.
« Beau gosse ! T’as enfin réussi à mettre le grapin sur une nénette ? Tu finiras pas vieux garçon finalement. »
« Hé ! Ne remets pas ça sur le tapis. Et toi ? Ce mec là… C’est un de tes nombreux amant du moment ou… ? »
« … Tu penses vraiment que je suis du genre à voyager avec mes plans culs ? Non lui c’est un invokeur que j’accompagne ! » Constatant la tête de son ami, Kiera soupira alors, le stoppant d’un geste de la main pour le faire taire aussitôt. « Écoute, je veux bien que tu me questionne, mais je suis d’avis de tout te raconter devant un bon verre. J’en ai grand besoin. T’as ça en stock ? »
« Eh comment ! En plus tu tombe bien, ce soir on fait une petite fête. Notre chef va se marier donc autant te dire que l’alcool va couler à flot. Si vous voulez, vous êtes nos invités ! Nous serons honorées d’avoir un invokeur auprès de nous, si cela vous dit bien évidemment. »
S’étant tourné vers le blond, le jeune Rhys s’inclina respectueusement, tandis que Kiera s’était aussitôt mise à soupirer, sa main se posant alors sur la tête du jeune homme, comme pour se chamailler avec. « Bon, si tu me montrais ta femme un peu là ! Puis je veux voir la gueule de tes enfants aussi ! » Puis se tournant vers Soren, l’al-bhed l’observa quelques instants, avant de reprendre. « Tu n’auras qu’à me rejoindre plus tard au campement. De toute façon, je ne suis pas la bienvenue ici ! A toute Blondie ! » Puis s’éloignant alors de l’invokeur, Kiera se dirigea vers le camp des marchands accompagné de son vieil ami. Les préparations semblaient de rigueur, tous semblaient courir dans tout les sens. Après tout, il ne restait plus beaucoup de temps avant que la nuit ne tombe. Fidèle à elle-même, l’al-bhed proposa son aide qui ne fut pas de refus, préparant alors quelques préparatifs en compagnie de femme et d’homme. Quand le soir tomba, un grand feu se tenait au milieu de la place, les plats et les boissons coulants à flot, tandis que la musique et la danse fut de rigueur. Il y avait des rires, des exclamations de joie, une bonne fête en bonne et due forme.
« Tiens ! Je t’ai dégoté ma meilleure bouteille de saké, tu m’en diras des…. Kiera ! Un saké ça ne se boit pas au goulot ! »
« Rien n’a foutre, laisse-moi au moins la première gorgée ! » Avalant la liqueur de riz brûlante d’une traite, la jeune femme s’arrêta alors, toussant quelques instants, avant de lever le regard vers son ami, son visage se teintant légèrement. « Putain il est bon et costaud ! J’achète ! Amène les verres qu’on se bourre jusqu’au matin ! » Souriant face à la réaction de la demoiselle, Rhys s’exécuta, avant de remplir les verres pour trinquer à leur retrouvaille, discutant de chose et d’autres, tandis que la demoiselle vidait ses verres à la vitesse de la lumière.