La jungle connaissait encore les sévices de l'attaque de Sin, ce n'était guère surprenant. Ainsi, les profondeurs de la forêt n'étaient pas conseillées aux civils. Afin que leur couverture soit la plus plausible possible, il faudrait donc soigneusement éviter cette zone. En prétextant que Garan connaissait un peu de magie, ils pourraient facilement mentir par la suite quant à la traversée. Quant à la lettre, il faudrait qu'elle soit envoyée depuis le temple – un mouvement risqué, mais si Gordias le proposait, c'était sans doute avec une bonne raison derrière. Avec le temps, Ryme avait appris – à ses dépens, que les hommes d'église avaient toujours une idée derrière la tête, un plan ou un pion en réserve. Une sorte de lassitude tomba sur ses épaules, les alourdissants sans pour autant les rendre trop pesantes.

— Je suis sûre que vous nous protégerez père, répondit-elle en se levant, je compte sur toi aussi mon frère.
Un sourire quelque peu désagréable naquit sur ses lèvres. Le genre d'expression qui, malgré tous les signes de la joie, vous disait le contraire si vous étiez un tant soi peu observateur.

— Nous avons pris des fruits, du pain de voyage, un peu de fromage et quelques lamelles de viandes séchées. J'espère que cela sera assez pour nous trois ! Philas mange toujours comme un ogre ! Ajouta-t-elle d'une manière plus légère, car le nombre de passants avait augmenté.
Il fallait donné l'idée d'une famille de voyageur, des gens qui s'aimaient et avaient une histoire commune profonde. Bien qu'elle n'ait jamais eu à joué la comédie lors des représentations des Voix, Ryme avait été formé à l'art du théâtre comme le reste de la troupe. Masquer son réel ressentit derrière un rôle lui était parfaitement naturel.

Quelques murmures s'élevèrent sur leur passage, alors, Ryme se permit de se rapprocher de Gordias, enroulant ses mains autour de son bras et le pressant un peu. Une minauderie mignonne de jeune fille ordinaire envers son père. Elle tira la langue à Garan, dans la même attitude presque enfantine. Les regards se détournèrent. Cette jeune femme à l'apparence si négligée et légère ne pouvait pas être la Voix Rouge et ces deux hommes ne pouvaient pas être des Gardiens : ils n'avaient même pas le symbole de Yevon sur eux. La tromperie était parfaite.
A l'orée de la forêt, l'Invokeure relâcha doucement sa prise sur son vieux Gardien. L'atmosphère avait changé, la température également. L'air s'était densifié et était à présent chargé d'une humidité lourde. Ryme ne connaissait pas grand chose du temple – si ce n'était qu'il abritait Ifrit la chimère infernale. Certaines légendes prêtaient aux marches des valeurs symboliques car elles auraient été le lieu de l'entraînement d'un des Grands Invokeurs. La jeune femme poussa un soupir en entrant sous la canopée et aussitôt, il lui sembla que ses poumons se gorgèrent d'eau avec sa respiration.

— Philas, tu es déjà venu par ici avec maman, non ? C'était comment ? demanda Ryme.
Une conversation banale pour ne pas trop attirer l'attention des Bannisseurs qui devaient être postés dans les environs. Cependant, Ryme était tout de même curieuse de savoir ce que renfermait la chambre du Priant, si ce dernière était aussi docile que Valefor où si, au contraire, dans la pièce sacrée elle devrait se soumettre à un duel de volonté avec la créature.

La route du temple n'était pas clairement indiquée, mais un chemin en pierre semblait percé sous la mousse et les végétaux sauvages. Quelques constructions humaines jalonnaient la route. Un grand pont permettait le passage entre deux bras de mangroves. Un bataillon de Bannisseurs attendait là, avec un petit bureau. L'un d'eux se para d'un grand sourire avant de s'approcher du groupe.

— Bien l'bonjour voyageurs ! Nous sommes les Bannisseurs d'Kilika. J'm'appelle Drys. Si j'peux me permettre, vous v'nez pour quoi, vous êtes Invokeurs et Gardiens ? demanda-t-il avec aisance.
— Pas du tout monsieur Drys, répondit Ryme, avec mon père et mon frère nous sommes en voyage.
— C'pas très sûr par ici pour des civils v'savez... Surtout juste pour aller au temple payer des hommages.
— Ma mère est morte il y a peu. Nous voudrions lui rendre visite dans l'Au-delà. Mon grand-frère m'a souvent parler de la coutume de venir prier avant les départs, pour que cela porte chance. On ne peut pas y aller ?

Ryme baissa légèrement le regard, changeant son visage à sa guise pour que son minois soit le plus attendrissant possible. Elle avait même rentré légèrement ses épaules, pour paraître plus petite, frêle, vulnérable. De ce fait beaucoup plus attirante pour le genre d'homme qu'était le pauvre Drys qui n'y vit là qu'une attitude sincère. Le feu lui monta aux joues tandis qu'il se grattait l'arrière de la tête, gêné.

— Je connais un peu de magie et même s'il est âgé, notre père à de bons restes !

Garan brisa le charme qu'avait installé Ryme. Elle hésita à le fusillée du regard mais se contenta de pousser un petit rire tout à fait charmant.

— Ne sois pas méchant avec papa, Philas !
— Vaudrait p'tet mieux qu'j'vous accompagne. Ç'serait plus sûr.
— C'est que... Nous n'avons pas beaucoup d'argent, monsieur.
— Ah, pas besoin d'payer, j'le fais de bon cœur ! Et puis j'peux pas laisser une aussi jolie fille dans l'besoin !

Un sourire presque benêt apparut sur son visage. Ryme lui rendit son amabilité, mais avec une pointe de gêne. Avoir un Bannisseur dans les pattes n'était pas vraiment dans les plans. Cependant, il fallait bien avouer qu'aussi bien Garan que Gordias, leurs talents se portaient dans la magie noire. Quant à elle, elle était une adapte de la magie blanche et sa blessure à la jambe n'était pas vraiment propice aux arts du combat. Il fallait bien qu'elle l'avoue, même si c'était pour une raison bêtement pratique... À cet instant, Cillian lui manquait d'autant plus. Sa maîtrise du combat aurait été plus qu'utile. Que se soit envers les monstres ou un Bannisseur un peu trop collant.

Gordias et Garan auraient peut-être leurs places sur une scène des Voix de Yevon. Venant de prêtres de l'église, le mensonge facile n'était guère surprenant. C'était sans doute loin d'être rassurant, mais procéder de cette manière apportait une certaine forme de sécurité à Ryme. Goûter à la vie (presque) normale d'une jeune femme banale de Spira avait une petite saveur particulière, presque pareille à celle qu'elle avait éprouvée en se baladant dans le marché de Kilika avec Cillian. Cependant, ce faux-prénom lui laissait définitivement un goût amer dans la bouche ; une fois repartit ou débarrasser de la présence du pauvre Drys, la jeune femme demanderait probablement à être appelé d'une autre manière, avec un prénom beaucoup plus commun sur Spira, comme Diana ou Rita.
Le Bannisseur ne sembla pas remarquer les problèmes que pouvait avoir Ryme pour marcher. Sa jupe longue cachait parfaitement sa blessure, que se soit grâce à ses longs voilages ou bien grâce au pantalon très fin qu'elle portait en dessous. Les gens penseraient simplement qu'elle n'était pas une très bonne marcheuse, une fille pas très sportive comme il en existait des milliers de part le monde. Elle écouta avec attention la conversation que son Gardien avait engagée. La forêt n'était pas calme à cause de la présence de Sin dans les océans. Ryme n'avait pas beaucoup de souvenirs de sa vie d'avant la précédente Félicité. Des souvenirs que son jeune cerveau avaient choisis d'effacer pour ne pas être déçue, sans doute. Peut-être qu'un jour, il faudrait qu'elle en parle à Gordias ou à un physicien.

Soudainement, la conversation s'arrêta tout comme le groupe. Drys avait le bras levé, dans un signe sans équivoque : il ne fallait plus faire un pas ou un bruit. Sur la route, une famille de coeurl apparut. Le cœur de Ryme se serra un peu, la dernière fois qu'elle avait vu un de ces félins c'était... Le souvenir de la chimère de Cillian lui revint en mémoire. Sa gorge se serra désagréablement tandis qu'une légère sueur froide lui picotait la nuque.Le regard perçant et profond d'un des adultes se planta sur eux pendant quelques instants avant de les quitter lentement. Les animaux continuèrent leurs chemins après avoir poussé un léger grondement.

— C'est la première fois que je vois des coeurls ! déclara Ryme, sur une note à la fois innocente et impressionnée, afin de correspondre à son rôle de fille des villes.
— Contrairement à certains monstres, si on les embête pas... En général, sont plutôt 'gentils' ces trucs là. Surtout quand ils ont des p'tits avec eux.
— Oh, je vois...
— J'ai entendu dire que certains braconnaient les petits pour des riches clients à travers tout Spira, c'est vrai ?questionna Garan, alors que la marche reprenait.
— C'pas impossible... V'savez les gens... Surtout avec le retour de Sin, ils font un peu n'importe quoi. Beaucoup font des conneries parce qu'ils supportent pas l'idée qu'il soit r'venu. Mais bon, paraît qu'y a plusieurs Invokeurs prometteurs.

Ryme baissa légèrement les yeux, même si ces mots n'étaient pas spécifiquement dit pour elle, la jeune femme ne pouvait pas s'empêcher de le prendre d'une manière presque personnelle. Des gens comptaient sur le rôle qu'elle représentait. Et même si elle n'allait pas affronter Sin, elle espérait tout de même apporté la paix à ceux qui en avaient besoin. Même si cela passait par des actions difficiles à mener. Plus que jamais, ses pensées allèrent vers Cillian, il aurait sans doute bouilloné de rage en la voyant ainsi pensive à cause d'une remarque aussi... Innocente.

— Du coup, vous m'avez pas dit v'vniez ! Enfin, pas que j'veuille fouiner hein, attention ! C'est juste qu'un peu de conversation en marchant, ç'fait pas d'mal !
— Notre famille vient de Besaid, à la base. Mais on vivait à Luca depuis des années. Après le retour de Sin, on est revenu dans le coin pour voir si le reste de la famille se passait bien, répondit Garan.
— Z'avez raison, c'est important la famille !
— Vous avez des frères ou des sœurs ? demanda Ryme, plus par politesse que par vrai intérêt, même si le ton de sa voix laissait a penser du contraire.
— J'en avais, ouais... j'avais un p'tit frère, mais il a été porté disparue suite à l'attaque de Sin.
— Je suis désolée.
— L'soyez pas. C'comme ça. J'suis sûr qu'il est bien là où il est. Mais dés qu'j'peux, j'me vengerais.

Un léger silence fila. Ryme n'avait jamais perdu personne directement à cause de Sin et d'une de ses attaques. Mais la présence du monstre et la construction de Spira qui évoluait autour de ce cycle infernal lui avait beaucoup prit. Et continuait de beaucoup lui coûter.

— Vot' femme, elle était Invokeure ? demanda Drys à Gordias.

Garan ainsi que Ryme gardèrent le silence, attendant que le vieux Gardien réponde, puisque la question lui était directement posée. Cependant, Ryme ne prêta pas attention à la réponse. Elle laissa le groupe la distancer légèrement même. Elle avait cru sentir quelques gouttes d'eau lui tomber dessus, pourtant, il ne pleuvait pas. Une nouvelle goutte s'écrasa au sol près de son pied. La jeune femme releva le nez. Son cœur s'arrêta pendant quelques secondes pour repartir de plus bel. Perché dans les arbres, les tentacules enroulés autour de branches, un Ochu attendait qu'elle fasse le moindre mouvement pour venir l'avaler.

— Père... Philas... articula-t-elle aussi distinctement que possible, sans pour autant bouger le reste de son corps.
— Qu'est-ce que je dois faire ?

Ses doigts se crispèrent sur son bâton. Le dernier combat auquel elle avait prit part ne s'était pas déroulé exactement comme prévu. Ryme n'était pas une guerrière, et même avant de rencontrer Cillian dans les îles, elle n'avait jamais vraiment prit les armes. Il y avait toujours eut quelqu'un pour s'occuper des monstres. Elle essaya d'analyser la situation, se demandant que ferait Cillian à sa place... Mais, elle ne trouvait aucune réponse qui pouvait coïncidé avec sa manière d'agir. S'il avait été là... Non, il ne fallait pas qu'elle laissât son cœur s'embrumer avec des considérations de la sorte, le temps n'était pas aux remords.

— Il va falloir s'battre. V'savez faire d'la magie, c'ça ?
La voix de Drys. Il devait probablement s’adresser à Garan.

— Et vous ? V'pouvez vous défendre ?
Une phrase pour Gordias.

— Tenez bon m'belle ! On va vous sortir d'là, je vous le promets !
Définitivement, si Cillian avait été là et qu'ils avaient dissimulés leurs identités de la même sorte, le pauvre Drys aurait sans doute eu un adversaire bien plus féroce et opiniâtre que le Ochu sauvage qui menaçait Ryme.

Ryme serra ses mains sur son bâton. Tout ses sens étaient en éveil. Elle luttait contre les griffes froides de la peur qui souhaitait se loger au creux de son estomac. Un moment d'hésitation, un moment de panique et la fin pouvaient arriver. Elle devait entièrement se fier à Gordias. Garan n'avait pas encore gagné ses galons de Gardien, pas comme son collègue. Il avait déjà protégé Ryme tant de fois, toujours avec vaillance. Ils n'étaient peut-être pas toujours d'accord, mais elle savait qu'elle pouvait lui confier sa vie. L'unique personne dans ce monde qui lui procurait ce sentiment de sécurité absolue n'était pas là. Elle devait donc faire de son mieux, ranger sa colère ainsi que ses envies de rébellion derrière elle. Son cœur tambourinait dans sa poitrine à mesure que la bave de la créature tombait au sol, comme les grains d'un sablier qui était bientôt écoulé.
Soudainement, la voix de Gordias s'éleva, lui intimant de se mettre à terre. Ryme s'exécuta, forçant sur sa jambe valide pour s'éloigner le plus possible du monstre.

Le sortilège lancé par le vieux Gardien avait bloqué les tentacules de la créature, permettant de gagner un peu de temps pour que l'Invokeure se relève et revienne rapidement vers le groupe. Drys se permit de lui saisir le bras et de la faire basculer derrière lui, juste avant de se mettre en posture de combat. La silhouette de Cillian se superposa à celui du Bannisseur. Il lui manquait cruellement. Une première attaque fusa depuis les mains de Garan ; une boule de feu de bonne taille percuta l'Ochu, déchirant sous la pression ses tentacules. Le cri perçant que la bête poussa fut sans doute la chose la plus désagréable que Ryme avait entendu de toute sa vie. Leur compagnon d'infortune ponctuel attaqua également, repoussant le monstre déjà blessé.
Subitement, le combat tourna en la défaveur des voyageurs : deux autres monstres surgirent des côtés. Ils étaient tombés dans une embuscade. Le cœur de Ryme se serra dans sa poitrine alors qu'elle se plaçait pile entre Garan et Gordias. Si leur couverture devait continuer de tenir, elle ne pouvait pas faire appel à une chimère ni même aux sortilèges les plus puissants qu'elle connaissait. La sensation brûlante de la magie de lumière parcourant ses veines pour donner corps aux petites météorites qui avaient prit la vie de Marnie lui revint en mémoire. Sa vison se brouilla pendant quelques secondes : elle n'était pas capable d'attaquer.

— Vous en faîtes pas, on va s'en tirer ! Croyez moi ! déclara Drys à Ryme en se rapprochant d'elle.
— Pas le temps de flirter ! On compte sur vous pour finir celui qui est déjà mal en point, intervint Garan d'une voix légèrement agacée.

Ryme se décala un peu vers Gordias ; elle n'osa pas attraper un morceau de sa tunique mais elle cherchait sa présence rassurante. A voix basse, elle murmura :

— J'ai peur.

Mettre des mots sur ce qu'elle ressentait aidait le torrent des émotions à se calmer. Une des créatures, une de celles qui avait surgit d'un côté, siffla de sa voix aiguë avant de venir à l'attaque. Ses tentacules étaient encore intactes, Ryme vit partir les deux longs fouets vers l'arrière. Sa respiration se glaça avant de se couper. Si elle ne faisait rien, ils pouvaient être gravement blessés. L'énergie magique déferla dans son corps jusque dans son bâton. L’extrémité de ce dernier se mit à briller et une barrière physique se dressa entre le groupe et les monstres. Les tentacules frappèrent de plein fouet la surface de la magie à plusieurs reprises, mais Ryme tint bon.

— Une mage blanc ? J'aurai dû me douter qu'avec vot' minois, vous feriez un truc comme ça ! commenta Drys en se replaçant après une attaque d'estoc sur le premier Ochu.
— Cessez d'importuné ma sœur. Son cœur n'est plus à prendre.

La voix de Garan trancha l'air d'une manière nette et précise, tout comme le sortilège qu'il déploya. Une véritable tornade de feu faillit de sa main, dévorant les tentacules du monstre qui était en face de lui. Gordias continuait de se battre avec un calme olympien. Ryme se demanda s'il existait véritablement quelque chose en ce monde qui pouvait perturber le Gardien ou le mettre hors de lui. Elle ne le connaissait que trop peu au final. Il faudrait remédier à ça à l'avenir et partager plus de choses. Il avait l'âge d'être son père, après tout.

— Je vais devoir retirer la barrière pour lancer un autre sortilège. Restez sur vos gardes pendant ce temps.

L'enveloppe magique qui les protégeait se dissipa doucement alors que Ryme mettait fin au sort. Les Ochus en profitèrent pour attaquer de front, cependant même s'ils étaient loin d'être vaincus, les trois monstres n'avaient déjà plus la même vigueur qu'en début de combat.
Les yeux clos, l'Invokeure poussa un soupir glacé tandis qu'une nouvelle décharge de magie se précipitait dans ses veines. Elle convoqua l'énergie de la lumière afin d'accélérer les mouvements de ses alliés. Drys évita une attaque grâce à ce sort. Quant à Garan, il pu enchaîner deux sortilèges beaucoup plus promptement qu'avant.

— Père, avez-vous besoin de quelques conques soutien en plus ? demanda-t-elle à voix haute.
— Faisons nous tomber les masques ? Que pensez-vous de la situation actuelle ? Ajouta Ryme d'une manière beaucoup plus basse lorsque Drys s'avança pour attaquer, les chimères s'agitent. Elles veulent sortir nous aider, mais... Cela compromettrait notre anonymat.

En faisant appel à Valefor ou Ixion, le combat pourrait rapidement se terminer. En déchaînant la puissance d'une des créatures, Ryme pourrait délivrer sans peine les furolucioles des monstres afin qu'ils trouvent la paix. Mais se faisant, Drys comprendrait qu'ils n'étaient pas que de vulgaires voyageurs. Néanmoins, un secret ne valait plus rien une fois mort. Si la situation l'exigeait... Il faudrait que Garan ou elle, prenne la décision d'agir.

Les joues de Ryme rosirent légèrement lorsque Gordias la complimenta sincèrement pour le sortilège qu'elle avait lancé. Le vieux Gardien n'était pas le genre de personne à montrer de l'affection ou bien de faire preuve d'une gentillesse gratuite. Ainsi, s'il lui disait qu'elle avait bien agit, elle pouvait être certaine que c'était bel et bien le cas. Elle essuya du revers de la main les quelques gouttes de sueur qui perlait sur son front alors que Garan arrivait vers le duo, félicitant son 'père' pour son action. Drys, lui aussi eut un moment à ce propos mais la conversation se trouva rapidement écourtée : il fallait bouger avant que d'autres monstres ne fassent leur apparition. Ryme acquiesça timidement et se remit en route. La forêt portait les marques de l'affrontement, mais elle savait que bientôt la végétation reprendrait ses droits. Seules les marques de Sin défiguraient à jamais le paysage de Spira.
Le reste du chemin fut calme. La montée des marche fut difficile à bien des égards. La jambe blessée de Ryme n'aidait pas vraiment. Garan avait trouvé un mensonge à raconter à leur compagnon de parcours – la pauvre Jienne s'était foulé la cheville en partant, mais comme elle était aussi têtue qu'un chocobo, elle n'avait pas repoussé la date du voyage. Elle l'avait fusillé du regard ; même sous une fausse-identité, Ryme n'aimait guère être ainsi dépeinte.

La nuit commençait à tombée lorsqu'ils arrivèrent au dernier escalier. Les torches qui menaient à la ville avaient été allumées et formaient un chemin lumineux dans la forêt. Depuis le sommet de la colline sur laquelle était juché le temple, on pouvait voir la mer. Ryme cherchait du regard Besaid ou un navire qui pourrait venir depuis cette direction. Elle n'avait pas encore abandonné l'idée que Cillian irait contre le plan de son frère, pour venir la retrouver. L'invokeure accepterait tous les châtiments qu'il pourrait imaginer pour la punir si elle pouvait profiter de sa présence. Ce creux, ce vide était présent depuis qu'elle avait quitté ses côtés, quelques heures plus tôt. Drys l'appela et elle répondit une banalité en se demandant si la douleur dans sa poitrine finirait par devenir plus légère, plus facile à transporter car elle ne voulait pas qu'elle disparaisse. Jamais. Tant qu'il serait loin.
Un prêtre s'avança à leur rencontre une fois toutes les marches montées. Le temple de Kilika était d'une esthétique très différente de celui de Besaid. On aurait dit qu'il avait été construit dans un énorme bloc de rocher calcaire ou dans un coquillage sauvage. Les flammes brûlaient avec vigueur dans les braseros ainsi que dans les cristaux incrustés dans les murs.

— Bienvenue voyageurs ! Vous avez fait un long chemin jusqu'ici ! Déclara le prêtre en effectuant le salut de Yevon.
Tous lui rendirent son salut.
— Avec ma sœur et mon père, nous souhaiterions savoir si vous avez une chambre de libre pour nous accueillir, demanda Garan.
— L'un de vous est-il Invokeur ?
— Non, nous sommes dans un voyage purement personnel, répondit Ryme avec un petit sourire désolé.
— Oh je vois. Peu d'Invokeurs se présentent ici de nos jours, alors j'avais bon espoir... Mais nous vous trouverons une chambre contre un modeste don. Yevon prend soin de tous ses enfants. Drus, veux-tu une chambre pour la nuit ? Il va se faire tard et le repas ne devrait pas tarder à être servi.
— Oh bah c'pas d'refus !

Ryme grimaça légèrement, elle pensait pouvoir se débarrasser de Drys pour pouvoir élaborer la suite du plan avec Gordias et Garan en toute tranquillité. Et vu le regard qu'il lui lançait, il y avait des chances pour que cette ténacité soit dû à son petit numéro de charme. Elle soupira, songeant à la colère froide qui rongeait Cillian s'il voyait la scène. Le prêtre du temple du feu conduisit les voyageurs dans le temple. A l'intérieur, il y avait peu de croyants. L'endroit était presque désert, les apprentis allumaient les bougies pour la nuit. Le chant calme et doux d'Ifrit résonnait dans les murs.

— Mademoiselle, vous irez dans l'aile est. C'est là que se trouve les chambres réservées aux femmes. Même si vous êtes une famille... Il y a quelques règles que nous sommes obligés de suivre.
— Bien entendu, je n'en attendais pas moins de votre part, répondit-elle avec un sourire de façade.
Les règles de Yevon, elle savait très bien qu'elles n'étaient appliquées que lorsque cela arrangeait le clergé. Mais pour la suite des évènements, cela arrangeait grandement Ryme d'être éloignée de Gordias, de Garan et de Drys.
Elle s'éclipsa rapidement en boitant légèrement, rejoignant le dortoir des voyageuses. La pièce était vide. Elle serait probablement la seule occupante de la nuit. Au centre de la pièce, un immense cristal brûlait et réchauffait l'atmosphère. Ryme s'installa sur un lit et déposa ses maigres affaires. Sa suite d'Invokeur à Besaid avec sa salle de bain et surtout sa baignoire lui manquait déjà. Ses joues se mirent à rougir légèrement en songeant aux délicieux moments passés dans l'eau chaude.
Sans qu'elle ne le veuille vraiment, Ryme glissa vers le sommeil. Elle se réveilla en sursaut une demi-heure plus tard lorsque la voix d'une jeune apprentie lui parvint depuis l'autre côté de la porte : le dîner était servi dans le réfectoire.

D'un pas lent, elle se traîna dans la salle commune. Gordias, Garan et Drys étaient déjà là. Ce dernier lui fit signe de venir s'installer près de lui. Pour ne pas éveiller les soupçons et être impolie envers lui, Ryme s'intercala entre lui et son 'père'.

— Désolée je m'étais assoupie. Tu vas bien, papa ? Tu as l'air pâle.
Ryme leva la main vers le visage de Gordias et le tâta avec douceur, comme le ferait une fille inquiète pour son père.

Malgré les paroles d'apparence sympathique, le regard du Gardien était sévère. Ryme réprima une moue déçue : elle était réellement inquiète pour lui. Il n'avait pas l'habitude d'avoir les joues très colorées, Gordias était plutôt un homme terne si elle y songeait bien, mais ce soir il était particulièrement livide. L'Invokeure laissa glisser sa main vers la table tandis que le service du repas commençait – enfin aurait ajouté certain. Garan regardait la scène du coin de l'oeil en attendant son heure pour parler un peu. Drys voulu s'intercaler dans le flot de paroles, mais aussitôt, Ryme répondit qu'elle se sentait bien même si elle était fatiguée. Sa petite sieste n'avait pas réussi à lui redonner pleinement de l'énergie. Un petit sourire timide se dessina sur les lèvres de la jeune femme lorsque le Bannisseur prit congé.
Gordias attaqua immédiatement sur ce sujet : il fallait que ce grand dadais s'en aille le plus vite possible afin qu'ils puissent aller rendre visite au Priant en toute discrétion. Ryme poussa un soupir, le poids de la fatigue lui alourdissait encore les épaules et son jugement était tout aussi nébuleux. Si elle devait être sincère, le départ de Drys était le cadet de ses soucis : elle aurait préféré se concentrer sur l'envoi d'une lettre pour Cillian. En espérant qu'il voudrait la lire.

— Je connais assez bien ce genre d'homme. Il a envie de rencontrer le grand amour, ça se lit sur son visage. Il voit en moi la possibilité de concrétiser cette envie, commença-t-elle a voix basse en asticotant sa cuiller en bois.

— Si nous évoquons le passé 'tragique' de notre famille, il y a des chances que cela redouble ses ardeurs. L'image du chevalier servant près à soigner le cœur de sa belle est une figure classique dans les spectacles des Voix, ajouta Ryme en soupirant un peu après un instant de silence, en plus il a l'air plutôt têtu comme garçon.

Une jeune apprentie approcha et plongea sa louche dans la marmite de soupe, remplissant généreusement les quatre écuelles. L'Invokeure la remercia d'un signe de la tête, tout comme ses deux Gardiens. La soupe de légumes encore fumante exaltait un parfum délicieux. Pourtant, Ryme n'avait pas réellement faim. Elle rompit le petit morceau de pain qu'on lui avait donné et commença à le grignoter presque distraitement.

— Non, le mieux pour se débarrasser de lui en douceur, c'est de lui faire comprendre que quelqu'un m'attend. Lorsqu'il reviendra, essayons de parler d'une manière naturelle de notre retour. Avec un peu de chance, il comprendra que je ne suis pas intéressée. Gordias, soyez sévère avec lui, un peu papa-poule qui ne veut pas que l'on s'approche de sa fille. Garan, parlez de Cillian comme de mon fiancé resté chez nous avec enthousiasme et taquinerie.

Ryme fit une pause en avalant un peu de soupe. La cuisine du temple de Kilika était bien plus savoureuse que celle de Besaid. Elle n'osa pas faire la remarque à Garan, mais elle était presque certaine de pouvoir entendre la voix de Cillian, quelque part dans ses oreilles, lui dire qu'il pourrait faire des efforts sur les plats qui étaient servis dans son diocèse. Mais... Son cœur se serra et elle poussa un soupir profond, repoussant le plus loin possible ce genre de pensées. Un crouton tomba dans la soupe et le blanc de la mie du pain contre le tangerine du liquide lui rappela presque le corps sans vie de Marnie.
La conscience de Ryme se retrancha loin, agissant automatiquement pendant quelques secondes, le temps que l'image de ce regard accusateur mais mort, s'en aille de ses souvenirs.

— Que devrions nous faire pour... Continuer le voyage ? demanda-t-elle en coupant probablement une conversation.
— Je propose que nous allions rendre visite au milieu de la nuit, pour que nous puissions partir à l'Aube. Au plus vite on avance, au mieux c'est, n'est-ce pas ?

Ni Gordias ou Garan n'eut le temps de lui apporter une réponse car Drys revint enfin, un grand sourire sur les lèvres. Il se glissa à côté de Ryme et si elle était plus naïve, elle aurait pu croire qu'il l'avait frôlé par accident. Mais non. Pauvre garçon, songea-t-elle en s'écartant un peu de lui dans une attitude timide.

— Pardon, pardon ! dit-il en se grattant l'arrière de la tête, d'quoi vous discutiez ?
— De notre retour chez nous après ce voyage, répondit l'Invokeure dans une élégante retenue.
— Ma sœur est presque aussi pressée de faire le voyage que de revenir !
— Philas !

Ryme fronça légèrement les sourcils en arquant sa bouche dans une attitude boudeuse. Ses épaules rentrées vers l'intérieures indiquait un léger inconfort. Une attitude fausse, mais parfaitement mimer.

— Je te taquine hahaha ! Mais en même temps, je te comprends... Moi aussi, si mon fiancé m'attendait à la maison, j'aurai hâte de rentrer.
— Si tu n'étais pas tout le temps le nez dans les livres, peut-être qu'une femme voudrait de toi, Phili !
— Oh, touché mon vieux ! En c'moment, c'est vrai qu'les intellos ont pas trop la côte... Avec Sin qu'est d'retour. Mais c'pas facile non plus d'trouver une p'tite-amie en étant Bannisseur...

Il envoya un regard presque trop appuyé vers Ryme qui lui répondit d'un sourire timide.

— Il fait quoi vot' promis ? Enfin si j'peux d'mandé !

Ryme regarda Garan, qui lui-même jeta un coup d'oeil à Gordias. Ils n'avaient pas accordé leurs violons et aucun des deux n'osaient répondre, de peur de couper la parole à l'autre et d'ainsi ruiner leur histoire. La jeune femme pencha un peu plus le nez dans sa soupe, pour garder l'image de jeune fille romantique qu'elle s'était donnée, en espérant que l'un de ses Gardiens ait la gentillesse de répondre à leur invité quelque peu trop curieux.

Un sourire sincère naquit sur les lèvres de Ryme – le premier depuis des heures, lorsque Gordias évoqua le pseudo-métier de Cillian. Un chasseur. Un homme qui terrassait plus particulièrement les hommes qui approchent trop près de sa fiancée. L'image était amusante mais réaliste à bien des égards. Cependant, cette attitude perdurerait-elle maintenant qu'elle avait fait le choix de le laisser derrière elle ? Même si Ryme souhaitait de tout son cœur que leurs retrouvailles soient à la mesure d'une fable... Elle savait très bien que s'il existait une émotion plus forte que tout, y compris l'amour, dans le cœur de son cher et tendre, c'était bel et bien la rancoeur.
Cependant, comme Garan se mit à pouffer de rire, l'Invokeure se demanda si elle ne dramatisait pas la situation. Peut-être qu'il était même en route en ce moment même. Une partit de son cœur l'espérait avec violence tandis que l'autre regrettait qu'il ne restât pas sur l'île pour parfaire son éducation. La chimère qu'il possédait était bien trop puissante, bien trop forte pour que les conseils d'une amateure comme elle puisse lui venir en aide. Cela dit, Ryme gardait bon espoir : si elle était parvenue à maîtriser les connaissances nécessaires pour devenir Invokeure alors qu'elle était encore une Voix, en recevant un entraînement spécial Cillian aurait de grande chances de devenir rapidement titulaire de ce même-titre.

Gordias continua de s'exprimer au sujet de Cillian, évoquant le fait qu'il voyageait également beaucoup au travers du globe puisqu'il était, d'après cette histoire, en charge d'aidé à la défense contre des monstres que les Banisseurs ne sauraient défaire. Ryme perdit doucement son sourire – Drys ne le remarqua pas ou alors dû probablement se dire que ce changement d'émotion était probablement dû à sa proposition qui s'était rapidement faite contredire par le vieux Gardien.
Soudainement, un jeune apprenti du temple vint à la table et appela Garan par son titre du clergé. La gorge de Ryme se noua immédiatement et le concerné jeta un regard presque paniqué à ses compagnons de voyage. Gordias plongea son visage à l'intérieur de ses mains, fissurant encore un peu plus le mensonge qu'ils avaient conçus.

— Père Garan ? Mais tu t'appelles pas Philas, mec ? demanda Drys en levant un sourcil.
Il était visiblement contrarié de la situation. Qui ne le serait pas. Le Bannisseur reporta son attention sur Ryme et la détailla de la tête au pied. Puis, son regard s’agrandit subitement comme s'il avait enfin trouvé la vérité qui lui était malhabilement cachée depuis le début. L'apprenti qui avait suscité l'intérêt de Garan s'en alla discrètement, conscient d'avoir fait une bourde.

— Attendez... T'serais pas...
— Est-ce que nous pourrions discuter de ça plus tard ? En privé ?
— Non. Faut qu'ça soit réglé ici et maintenant. J'aime pas les menteurs.
— Tu l'auras compris, nous ne sommes pas frère et sœur. Et il n'est pas notre père... commença Garan en désignant Gordias de son pouce après avoir poussé un soupir.
— Ces hommes sont mes gardiens. Je suis une Invokeure de Yevon, murmura Ryme d'une voix douce, et oui je suis également une ancienne Voix.

La bouche de Drys se tordit dans plusieurs grimaces. Il fronça les sourcils plusieurs fois et se pencha en avant, jouant avec sa cuillère.

— Pourquoi v'm'avez pas dit la vérité ? On a pour ordre d'aider les Invokeurs et leur suite en priorité ! J't'manquer de respect ma jolie, mais c'est uniquement parce que t'as d'jolies miches qu'j'vous ai aidé... Sinon v'auriez dû faire l'chemin seuls.
— Pour diverses raisons, nous ne pouvons pas ébruiter notre venue dans ce temple, répondit Garan.
— Drys. S'il vous plaît, il faut que cela reste secret. Je vous en conjure. S'il faut vous donner quelque chose... Nous avons de quoi payer.

Un silence retomba sur la table. Drys détourna le regard et termina son regard. Il remercia une prêtresse qui passait par là pour le repas en lui rendant son écuelle. Puis, il se tourna à nouveau vers le groupe. Ryme avait tendu sa main sous la table à Gordias, pour que ce dernier attrape ses doigts. Elle avait la même chose avec Garan.

— Jusqu'à présent, v'm'avez mener en bateau. Que des bobards. Pourquoi j'vous f'rais confiance maintenant ?
— Je vous offre ma parole, répondit Ryme.
— C'est bien joli ma grande mais... Elle vaux rien, ta parole. Je suis p'têt pas très éduqué, j'connais pas grand chose. Mais j'suis pas un idiot.
— Nous ne voulions pas... C'est aussi pour vous que nous mentons.
— Ah ouais ? Tiens donc...
— Je n'ai pas que des amis dans le clergé, souffla doucement Ryme, je n'en ai même presque pas. Il n'est pas dans mon intérêt ou dans celui des gens que je croise que je voyage d'une manière plus officielle. Je ne vous demande pas de comprendre ou de nous pardonner. Juste de garder le secret.

Ryme plongea son regard dans le sien, serrant un peu plus les mains de ses Gardiens. S'il refusait de jouer le jeu... Ils devraient sans doute agir en conséquence. Un silence plein de tension fila. Drys se gratta un peu le menton avant de reprendre la parole.

— J'dirais rien. Parce que j'suis pas fan des moinillons. Et parce que vous avez été cool quand il est revenu. Mais je mettrais pas mes gils en jeu sur le p'tit gars qui vous a r'connu. Comptez faire quoi pour lui ?
— J'ai confiance en mes Gardiens pour trouver une solution à ce problème.
— Z'êtes vraiment ? … Elle ?
— Oui.
— C'est fou. Dire qu'une des sauveuses de Kilika est là... Et qu'personne vous r'connaît. Pourtant, z'êtes toujours aussi jolie. Vot' gars, c'est un mensonge aussi ?
— Non.
— Dommage.

Il éclata d'un rire franc, détendant immédiatement l'atmosphère. Pourtant, il avait soulevé une question épineuse. Ryme relâcha les paumes de ses Gardiens avant de leur adresser un regard.

— Même s'il n'est pas très tard, je suis fatiguée. Je vous laisse régler le... Problème, murmura-t-elle doucement avant de se lever de sa chaise, renseignez-vous également sur la possibilité d'envoyer du courrier s'il vous plaît.
— Je vais me coucher, bonne nuit papa. Bonne nuit mon frère, déclara-t-elle avec un sourire aimable.

La fatigue se lisait sur les traits de Ryme. Il fallait qu'elle récupère le plus d'énergie possible pour pouvoir gagner la chambre du Priant le plus tôt possible. Ce n'était qu'une question de temps avant que Vilhatt ne les rattrape dans cette course contre la montre.