Akemi
Invokeure
Fort de ce constat, la jolie brune continua donc son périple dans cette forêt toujours aussi silencieuse, comme pour respecter l’ambiance qui les enveloppait. Il n’y avait pas de tristesse, ou du moins pas aussi intense que le jour de l’annonce de la mort de la défunte, mais il régnait en ce moment même un parfum de renouveau, de changement. Comme un nouveau départ. Face à la vision du bosquet qui se présentait devant elle, Akemi n’avait pus s’empêcher de regarder l’endroit avec émerveillement, avant de reprendre son sérieux quand la voix du gardien transperça l’air. Elle ne s’était pas avancée plus, préférant rester dans l’ombre et laisser l’honneur à Seiji de fouler ses lieux. Lui seul avait le droit d’effleurer ses tendres souvenirs qui lui tenait à cœur. Écoutant d’une oreille attentive la moindre parole qui traverserait ses lèvres, la prêtresse, suivis son ami du regard, sans jamais le lâcher d’une seconde. Son hommage était plus qu’exemplaire. Attachant. Il n’y avait pas meilleur endroit pour représenter le tombeau de sa mère. Quand il planta l’épée dans l’arbre, la demoiselle joignit ses mains pour présenter une prière, une dernière parole à celle qu’elle avait tant admirée petite. « Donnez-moi la force de franchir les obstacles les plus rudes, de prendre les bonnes décisions, mais surtout… Donnez-moi la force de protéger ceux que je chéris, comme vous autrefois. » Sur ce bref murmure, sa voix s’estompa tout comme sa position qui se redressa. Il était maintenant temps de rejoindre la ville pour retrouver la bâtisse de ses parents. Hochant la tête face à la remarque de son meilleur ami, Akemi ouvrit alors le chemin, sans se retourner une seule fois. Il ne devait plus faire de pas en arrière, ni pleurer encore cette âme perdue. Elle devait avancer, pour offrir un monde meilleur, pour enlever cette peine dans le cœur des gens. Elle devait se battre pour la paix, mais aussi pour le bonheur de ceux qu’elle aimait. Elle devait avancer, sans rien regretter. Comme le ferait tout invokeur.
Les minutes s’écoulèrent telle du sable dans un sablier et à mesure qu’il se rapprochait du chemin commun, il restait quelques pas encore pour atteindre sa maison qui était visible depuis le haut de la pente. C’était une maison banale, mais une maison que la demoiselle affectionnait plus que tout. C’était son lieu de naissance, son cocoon de confort. Là où elle a pu rencontrer ses formidables parents. Il y avait de bon moment comme de mauvais, mais dans cette situation, Akemi pouvait se rappeler que des bons. Il y avait eu tellement d’aventure, tellement de souvenir, que se les rappeler devenait peu à peu une déchirure. Plus il s’approchait, plus la demoiselle se sentait acculée par de nombreux sentiments qui tourbillonnaient avec force en elle. Elle avait envie de rester, de continuer à vivre le plus naturellement du monde. Mais cela lui était à présent impossible. Sentant un pincement lui tenailler le cœur, la mère de cette dernière ne tarda pas à se présenter devenant les jeunes adultes. Son sourire était toujours aussi doux, aussi protecteur, comme l’était ceux d’une mère aimante et bienveillante. Un sourire dont Akemi avait l’habitude, mais qui aujourd’hui lui semblait bien amère.
« Bonjour, vous deux. Je suppose qu’aujourd’hui, c’est le départ n’est-ce pas ? »
Sans que la prêtresse ne sâche comment, sa mère arrivait toujours à deviner ses intentions. Comme si elle était capable de lire dans son esprit, analyser le moindre de ses gestes, de ses expressions.
« Oui, il est temps pour moi de reprendre mon pèlerinage. Nous allons voir Ifrit pour que je puisse obtenir sa bénédiction. Puis nous partirons pour ensuite nous rendre dans les plaines de foudroyés. »
« Je vois… » Doucement la mère se rapprocher de son enfant afin de l’étreinte pour ce qui devait être une dernière fois. « Faites à attention à l’un comme à l’autre. Ton parcours risque d’être ardue ma chérie, mais nous serons toujours là pour t’épauler quelques soit ton choix. Ton père se trouve au temple, tu le verras donc là-bas. Est-ce que tu pourrais me laisser parler seul à seul avec Seiji ? »
Relâchant doucement sa mère avec regret, la prêtresse regarda tour à tour, le jeune homme et la femme avant d’hocher légèrement la tête, comme pour donner sa bénédiction. S’éloignant alors, Akemi préféra leur laisser de l’intimider en leur faisant dos, son regard observant alors le temple de Kilika qui s’élevait au-delà de la forêt.
« Je sais que cela n’à pas été facile pour toi et je suppose qu’Akemi t’as parlée de sa maladie n’est-ce pas ? » Rena était une femme pleine de ressource qui semblait deviner la moindre chose compromettante, comme si elle était capable de percevoir rien qu’à regardant une personne. « Je sais que tu prendras soin d’elle et que je peux te faire confiance, mais… Promet-moi de ne pas faire des choix que tu regretteras. Toi comme elle. Le temps… Nous est tellement compté. Parfois, il nous semble facile de ne voir qu’un chemin à notre avenir, mais… Il en existe tellement de différents. Promets-moi que tu ne chercheras pas à te laisser porter comme beaucoup. Promets-moi que tu continueras à le provoquer et l’affronter, comme tu l’as toujours fait. »
Ses mains avaient enveloppée avec douceur les mains du jeune homme qu’elle connaissait depuis tout petit déjà. Il avait tellement grandi, à tel point qu’il était devenu un adulte des plus séduisant à ses yeux. Un homme qui était capable d’affronter le meilleur comme le pire. À ne pas en douter.
« Ta mère était tellement fière de toi. Malgré ton côté garnement, elle était fière de ce que tu étais. Et sache, que je partage cette fierté. »
Comme s’il était son enfant, Rena avait posé sa main sur la joue du gardien, le regardant avec tendresse, avant de s’éloigner de lui, gardant cette fois-ci une distance raisonnable avant de lui offrir un sourire des plus chaleureux. « Bien je t’écoute maintenant. Que veux-tu me dire ? Si ce sont des remerciements, sache que tu n’as pas à m’en faire. Tu es comme un fils pour moi. Bien que très sincèrement, j’aurais préféré que tu sois mon beau fils ! » Prenant un air faussement peiné, elle croisa alors les bras, souriant de nouveau, mais cette fois, plus d’amusement qu’autre chose. « Si tu veux me remercier, reviens-nous avec ma fille et si possible avec des petits enfants ! J’aimerais être grand-mère depuis le temps ! » Gardant son sérieux Rena ne cacha pas néanmoins son rire, rire qui interpella aussitôt Akemi qui s’était cette fois retournée, elle ne savait pas ce que sa mère avait dit, mais en entendant son rire, cela lui pressentait rien de bon.