Elle se sentait si bien contre lui, malgré la gêne qu’elle pouvait éprouver à ce moment précis. Il y avait bien longtemps qu’elle s’était retenue, qu’elle taisait ses sentiments à son égard et à présent… Comme elle le lui avait promis, elle voulait donner ce qu’il lui restait de son temps sans concession. Même si cela pouvait être terriblement embarrassant. Alors, dans un geste étonnant venant de sa part, elle attrapa la lèvre inférieure de Seiji entre la sienne, avouant par ce geste son envie, son désir, de goûter à un baiser plus passionnée, plus adulte. Elle voulait profiter de chaque émotion chaque soubresaut de cœur qu’elle pouvait ressentir de part leur échange. Elle voulait être au plus près de lui, le sentir un peu plus, le découvrir lui et cette partie qu’elle ne lui connaissait pas. Elle voulait tout connaître, vivre enfin cet amour qu’elle avait temps rêvés à ses côtés. Quand elle osa enfin le regarder droit dans les yeux, elle se surprit à l’aimer le voir mordiller ses lèvres. Et quand il se rapprocha, elle se laissa alors, faire, ses yeux se fermant, tandis qu’elle laissait les mains du jeune homme se poser contre son corps et ses cheveux. Avec tendresse, sa main vint s’apposer sur son torse, une autre contre son épaule et avec cette même timidité, elle laissa sa langue retrouver la sienne, goûtant alors à une sensation nouvelle, qui la fit intérieurement tressaillir. Pendant cet échange, son cœur se mit à battre plus fort, sa tête semblait chavirer doucement face à ce contact. Elle avait l’impression d’avoir chaud, de ressentir une chaleur à l’intérieur d’elle. C’était à la fois effrayant, mais aussi terriblement grisant. Et pourtant, malgré cette contradiction, pour rien au monde, elle ne fuirait, préférant au contraire profiter de ce qu’elle avait tant désirée depuis tout ce temps.
Quand le jeune homme se recula, Akemi fut surprise de voir dans son regard un éclat sombre. Avait-elle fait quelques choses qu’il ne fallait pas ? Étaient-ils allés trop vite ? À moins qu’ils se soient rendus comptes que ses sentiments n’étaient pas si réciproques que cela ? À le voir ainsi, la demoiselle commençait à appréhender, son visage commençant alors à le regarder avec une certaine inquiétude. « Quelques choses ne va pas ? » Elle voulait taire cette part d’anxiété qui la tenaillait, taisant tout aussitôt les films qui commençait à se créer dans son esprit. Il était impossible que l’épéiste ne veuille plus d’elle, pas avec de tel aveux. Il ne pouvait s’agir que d’autre chose et sur cela, la jeune femme en était certaine. Patiente, elle attendit donc que le jeune homme s’exprime, affichant alors un air intrigué quand il avoua qu’il avait quelques choses à lui montrer. En le voyant déboutonner sa chemise, la demoiselle s’était aussitôt mise à rougir de plus belle, se demandant ce qu’il avait en tête. Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait son buste nu, mais… Dans ce genre d’ambiance un peu plus tôt et surtout seul à seul dans une pièce, cela était plutôt troublant. Enfin ça, c’était avant de voir les ecchymoses qui se présenta alors à elle quand il dévoila enfin son buste à sa vue. Il semblait avoir été battus, son corps étant couvert par la trace de coup qu’il avait subi. Si son regard c’était agrandis de surprise, les poings de l’invokeuse s’était aussitôt resserrée. Il était inutile de lui dire qui était responsable de cela… Elle le devinait grandement. Quand les mots de Seiji tombèrent expliquant la situation à laquelle il avait été confronté seul, le regard d’Akemi s’assombrit alors. Elle n’aurait jamais dû le laisser y aller seul. Elle n’aurait jamais dû céder et se reposer alors qu’il s’agissait aussi de son pèlerinage. Elle aurait dû être là. Affronter ses fidèles avec lui. Au lieu de cela, elle avait l’impression de l’avoir abandonnée dans la gueule du loup. De l’avoir laissée souffert seul. Elle était bien fière à présent, l’invokeuse qui s’était dressée contre les prêtres de Kilika. Pourquoi avait-elle été aussi stupide de croire que cela suffirait ?
Alors que son gardien semblait reboutonner sa chemise, Akemi lui attrapa soudainement les poignets, l’empêchant alors de refermer cette chemise qui recouvrait le résultat de sa vanité. Avec douceur, elle enlaça alors le corps du jeune homme, sa tête se posant alors sur son buste. Elle resta un moment ainsi, sans rien dire, la rage bouillonnant dans le fond de ses yeux. Ils n’avaient pas le droit, ils n’avaient aucun droit de le traiter ainsi, comme s’il était un paria. Seiji était comme tout le monde. Il était un être vivant qui avait les mêmes droits que n’importe qui sur cette île. Qu’importe ses origines, il était un habitant de Kilika. Qu’importe ce que les gens pourraient en dire. « J’aurais dû venir avec toi. Je n’aurais pas dû te laisser gérer cela seul. » Son étreinte se resserra alors, prenant soin de ne pas faire mal à cet homme qu’elle chérissait tellement. « C’est plutôt moi qui m’excuse. Désolée de t’avoir causé du tort… Si tenir tête à l’église signifie que tu sois blessé… Alors je garderais ma rancœur pour moi. Je ne veux plus que tu sois blessé à cause de moi. » Puis s’écartant alors, la jolie brune laissa ses doigts parcourir le corps de l’épéiste, une tristesse apparent déformant alors ses traits. « Je vais te soigner… Je refuse de laisser les traces de cette colère ignoble te marquer. Ils n’ont aucun droit de faire cela… Tu es de Kilika, comme moi et tous ceux de cette île. Ils n’ont pas le droit de s’en prendre à toi… Je ne les laisserais plus faire. » La colère commençait à teinter sa voix qui d’ordinaire était douce et calme. S’attelant à la tâche, Akemi laissa sa main traverser son corps pour venir se former dans sa main. Doucement, la lueur blanchâtre vint se déposer contre la peau du gardien, pénétrant la surface de son épiderme pour laisser place à une peau saine, sans la moindre marcation de coups.