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Pallida Mors aequo pulsat pede pauperum tabernas regumque turris. - PV Cil

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Ryme

Classe : Mage blanc

Points de rang : 2097



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Ryme

Invokeure

Ven 15 Mai 2020 - 14:26
Enfin, après tout ce temps, il la regarda. Sur le visage de Cillian, la fatigue et la tristesse se lisent avec une cruelle évidence. La gorge de Ryme se serra et l’envie de baisser le nez lui vint, mais elle ne céda pas. Maintenant qu’elle avait son attention, elle ferait tout pour la conserver. Il n’avait sans doute plus goût à demeurer près d’elle en vue de ses dires passés, mais elle comptait tout de même qu’il restât en tant qu’ami. Il exprima le fait qu’il était d’accord avec elle quant à leur manque de respect du désir de l’autre tout en affirmant que jamais, il ne la laisserait pas mettre son plan à exécution. Un petit sourire naquit sur le visage de Ryme. Elle se sentait rassurée, également. Elle comptait toujours assez pour qu’il s’inquiétât de son sort.

Il étaya son point de vue quant à la mission qu’il s’était fixée. Ryme ne pouvait qu’être disposé à entendre les propos énoncés. En ce moment même, une autre gamine devait sans doute trembler d’angoisse sous les griffes d’un prêtre corrompu. Elle ferma les yeux, tentant de faire refluer la peur et l’inconfort qui la gagnait. Cillian continua subséquemment, déclamant qu’à défaut d’approuver les raisons qu’elle lui avait données, il comprenait. Mais cela était vraisemblablement très loin de suffire pour que la colère qu’il éprouva à son égard se dissipe un jour. Ce n’était qu’un maigre tribu à payer si l’envie moribonde se jeter dans la gueule du loup l’avait quitté. Tant pis si elle ne pouvait plus jamais claironner avec les joues rosies par l’émoi qu’il était sien. S’il était vivant, cela lui était amplement satisfaisant.

Cependant, la suite de son discours ne saurait trouver grâce aux yeux de Ryme. La chimère qu’il portait était différente de ses semblables et il n’en avait pas conscience. La voix sinistre et grinçante du squelette lui revint en mémoire. Pour complaire à Cillian, la bête semblait prête à accomplir bien des exactions. Tandis qu’elle sentit le regard de son ami remonter sur elle, l’Invokeure, elle baissa le nez. Il proposa une évidence si simple, mais si difficile pour eux avant de lui tendre la main et de formuler une promesse. Plus que tout, c’était peut-être ces mots qui lui furent la chose la plus précieuse à cet instant. Enfin, elle ne l’entendait plus abandonner sa vie pour la sienne. Peut-être que le désir de vivre lui était revenu.
Ryme répondit à son sourire en plaçant sa paume dans la sienne. Ses doigts semblaient presque brûlants à côté des siens qui étaient gelés. Elle sortit de l’eau et s’autorisa à apprécier leur simple proximité.

— J’espère que tu tiendras parole, souffla-t-elle presque taquine.
— Et ne t’en fais donc pas pour Garan ou Gordias. S’ils étaient inquiets, penses-tu qu’ils seraient déjà là. Ou caché dans un fourré pour nous espionner. Ne le répète pas, mais ce bon vieux Gordias est un peu Gardien poule quand il veut.

Ryme laissa doucement glisser ses doigts de la main de Cillian, à regret. L’amertume et la tristesse tentèrent de venir se loger sur son visage, mais elle maintint son sourire en place. Le revoir était une si belle chose, mais si douloureuse.

— Lorsque tu te sentiras mieux et si tu en as envie, je pourrais t’aider à canaliser ton énergie pour invoquer. Cela sera dommage que tu sois toujours aussi épuisé. Je crois que Gordias et Garan se feraient un tour de rein s’ils devaient te porter.

Par réflexe, elle avait posé sa main sur son torse et s’était approchée de lui. Un rire léger quitta ses lèvres en imaginant les deux mages tenter de soutenir le guerrier. Cillian était bien plus grand que son frère, plus massif également. Lorsque Ryme réalisa son geste, elle se dégagea presque aussitôt, l’embarras lui zébrant le visage.

— Pardon, tu ne veux sans doute pas que je te touche.

La salive de Ryme eut du mal à descendre le long de sa gorge. Ses lippes se pincèrent légèrement, déçue d’elle-même et de sa faiblesse. Dans le cœur, elle n’avait qu’une envie : celle de sentir ses mains se poser sur elle, de sentir ses lèvres contre les siennes, de sentir son étreinte se refermer sur elle. Ainsi dévorée par la chaleur de son corps, de son odeur et de son aura aussi destructrice que rassurante, rien d’autre n’aurait de l’importance.

— Nous devrions retourner au camp. Le temps doit probablement leur sembler long. Et tu dois être épuisé, dit-elle en se détournant du lac.

Un petit silence retomba. Malgré ses paroles, Ryme ne commença pas à marcher.

— Tu sais, je crois que tu te devrais te méfier de ta chimère. Je ne doute pas de toi, tu es sans doute un des guerriers les plus aguerris de tout Spira. Mais même ton maître paraît redouter cette créature. Et m’est d’avis qu’Ishamel ou Abraham, peut importe son nom, ne craint que peu de choses en ce monde.

L’homme était difficile à cerner, mais la peur, Ryme connaissait ces affres par cœur. À différent degré. Et c’est bel et bien ce sentiment qui semblait motiver le sombre épéiste. Ça et la transmission de son art.

— La chimère… Elle n’a pas pu entièrement être invoquée et pourtant, elle avait une telle prise sur la réalité. C’était… Je crois que je n’ai jamais vu ça. Et je remercie Yevon qu’elle n’ait pas été complète. Elle semble vouloir te plaire à tout prix, concrétiser tes désirs.

Ryme hésita pendant quelques instants. Mais, il était sans doute raisonnable de le dire pour qu’il comprenne que la chimère n’était pas une chose à prendre à la légère.

— Je ne peux m’empêcher de croire que je mérite quelconque rétribution pour tout le mal que j’ai pu te causer. Et elle semble on ne peut plus d’accord. Je l’ai entendu comme je t’entends : d’une facilité déconcertante, elle a affirmé qu’elle n’aurait pas hésité à nous tuer tous, sauf Gordias pour toi. Parce que nous t’avions fait du tort.

La jeune femme se rassembla un peu sur elle-même, la mine basse. Devait-elle s’excuser ? Dire quelque chose ? Faire quelque chose ? La situation lui était aussi douloureuse qu’étrange.

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Cillian

Classe : Chevalier Noir

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Cillian

Monsieur tout le monde

Lun 25 Mai 2020 - 11:19
Je ne suis pas du genre à faire des promesses, non mais. Enfin, du moins, je compte mettre tout ce que je peux, tout ce que j'ai, dans le fait de rendre cette promesse possible. Bien malin sera celui qui pourra me blâmer après ça. Après tout, j'ai une obligation de moyens et pas de résultats, non ? Je me doute bien que cette façon de penser n'est sûrement due qu'a la fatigue qui parcours mes veines et qui me fait penser comme ça, mais bon. L'avantage de cette fatigue, c'est qu'elle m’empêche aussi de penser au fait que je pense comme ça. L'idée qu'un de ces deux imbéciles se cache dans un fourré m'amuse un peu. Ce serait un peu incongru.

Je tiens doucement sa main, comme pour ne pas la casser. Ça m'avait manqué, de sentir la texture de sa peau contre la mienne. Malgré toute la rancœur que je peux encore avoir au fond de moi, il y a des choses simples que je ne peux pas réfuter. Elle se propose de m'aider. Si j'avais été moins fatigué, j'aurai sûrement décidé de l'envoyer chier. Je lui aurai sûrement dit qu'elle avait eu sa chance, et qu'elle avait décidé de la jeter par la fenêtre. Mais je dois avouer que l'image des deux dadais en train de me porter est amusante. Je ne sais pas si ils en seraient capable. Mais au pire, si cela devait vraiment arriver, je présume qu'Ixion pourrait me porter, au pire. Pas sur qu'il apprécie que l'on se serve de lui comme d'une mule, mais j'ai du rater le moment où c'est devenu mon problème.

Elle pose sa main sur mon torse et je tique involontairement. Cela ne me dérange pas forcément. Comme je l'ai déjà pensé, il y a des choses que le corps peut vouloir sans même y réfléchir. Cependant, c'est assez étrange. J'ai le sentiment que je devrais ne pas le vouloir. Que je devrais la repousser. La phrase suivante de Ryme me laisse penser encore plus cela. Une personne normale ne se laisserait pas toucher, vraisemblablement. Mais suis je une personne normale ? Est-ce que j’aspire à ce que peut vouloir une personne normale ? Je ne sais pas. Cependant, elle n'a pas tort. Je suis épuisé.

Elle me dit ensuite que je devrais me méfier de ma chimère. Pourtant, elle ne peut qu'obéir a mes ordres, non ? Et Abraham est un idiot. Si il y a beaucoup de choses que je respecte chez lui, j'ai le sentiment que plus le temps passe, plus j'apprends à connaître le monde et plus je me rends compte qu'il y a un nombre affolant de choses qu'il ne connaît pas, ne connaît que trop peu et même refuse d'apprendre a connaître. Au plus le temps passe et au plus je me rends compte que son savoir, quand on sort des arts de la guerre, est lacunaire.

« Elle n'a pas tort. Vous m'avez fait du tort. Peut être avec la meilleure volonté du monde, je n'en sais rien. Ce qui est fait est fait. Revenir dessus, je ne sais pas si c'est vraiment utile. On peut reculer autant qu'on veut, cela ne sert qu'a nous empêcher d'avancer, au final. »

Ma sagesse me surprends presque. Est-ce que c'est la fatigue qui me fait penser comme ça ? Si j'avais su, j'aurai vécu toute ma vie avec une nuit de sommeil en moins.

« Je ne dis pas qu'un jour je ne demanderai pas des comptes, mais là maintenant, je ne pense pas que c'est le plus important. Ce qui a été fait a été fait. On ne peut plus revenir dessus, et je n'ai pas envie de vivre en repensant à ça tout le temps. Du moins pour le moment. »

Je me gratte le nez en regardant la surface d'huile du lac.

« Je ne sais même pas si cette chimère est capable de comprendre toutes les nuances de l'humain. Hey, je ne sais même pas si j'en suis capable moi. Je ne vais pas dire que je n'ai jamais pensé a me venger de vous. Ce serait mentir. Mais … au final, est-ce que ça servirait vraiment ? Est ce que cela me ferait me sentir mieux ? Elle a beau dire ce qu'elle veut cette chimère, mais je me serai sûrement senti très mal si je m'étais réveillé avec vos cadavres a mes pieds. Ca, j'en suis certain. »

Je baille presque involontairement. Décidément, ça m'a bien fatigué.

« Peut être pas demain … Non, sûrement pas demain, mais je te prends au mot pour ton offre d'apprendre à canaliser mon énergie machin, là. Si elle doit sortir, qu'elle sorte. Mais ce serait bien si cela pouvait ne pas me mettre KO. »

Je soupire doucement, plus de fatigue qu'autre chose. Je m'approche ensuite de Ryme et la regarde quelques secondes avant de passer mon bras autour de ses épaules. Je ne lui demande pas si elle veut. C'est, en quelques sortes, ma réponse a son interrogation quand on fait que cela me dérange si elle me touche. Je nous met ensuite en route vers le campement.

« Allez, avant que Gordias ne décide de mettre le feu a la foret pour nous faire sortir. »

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Ryme

Classe : Mage blanc

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Ryme

Invokeure

Mer 27 Mai 2020 - 8:57
A la grande surprise de Ryme, Cillian qui était d’ordinaire si prompt à vouloir réclamer vengeance après une offense ne semblait guère exiger un arrangement dans les scores pour le moment. La fatigue le poussait sans doute vers une voie plus résolue et plus vertueuse même si elle ne lui ressemblait guère. Il pouvait bien soupirer et prendre de nobles airs, l’Invokeure savait très bien ce qui gisait sous le masque de l’indifférence. Mais, pour l’instant, elle n’allait assurément pas se plaindre de cette accalmie.
Ryme connaissait la puissance et la fureur qui pouvaient être les siennes. S’il était un homme doux et attentionné à ses yeux, les personnes qui avaient funestement croisé son chemin ne tenaient, sans nul doute, pas le même discours – ou n’était tout simplement plus de ce monde pour délivrer un autre témoignage – pourtant, à cet éclat de sagesse, elle voulait y croire.

Tandis qu’il observait le lac, il exprima ses doutes contre la mise en garde qu’elle avait formulée quelque temps avant. Ryme se renfrogna un peu : il ne l’écoutait pas. Tout du moins, il entendait ses paroles, mais n’en retirait qu’une maigre substance, à peine l’essence de ses phrases. La jeune femme avait connu bien des formes de peurs, mais la terreur dans laquelle la chimère inconnue déployait, jamais encore elle n’avait vécu pareille émotion. Rien qu’au souvenir de cet instant, son ventre se glaça. Elle porta une main contre son nombril. La vision de la gorge mutilée de Garan d’un seul regard flottait dans sa mémoire.
Cela formerait un mensonge éhonté de dire que Ryme n’espérait pas que son nom ressorte parmi la liste des cadavres. Du pluriel au singulier, du large au précis, du commun au spécial. Ce qu’elle n’était plus, visiblement. Mais, comment lui en vouloir ? Elle en était incapable. Mais soudainement, le ciel lui parut bien vide, dépouillé de son charme.

Il déclara prendre très au sérieux la proposition de Ryme et qu’après-demain, il comptait sur sa présence pour l’aider à canaliser les flux magiques qui circulaient dans son corps. L’invokeure esquissa un sourire, hochant simplement la tête. Le lendemain, si l’énergie lui en permettait, elle irait quérir Shiva. La bénédiction de la reine des glaces était une étape importante dans le pèlerinage. Surtout qu’à présent, elle avait compris les paroles du Priant. La haine qu’elle portait en elle s’était envolée, la libérant d’un terrible poids et d’une ombre sordide qui ne valait guère mieux que celle de Vilhatt.
Alors que son esprit luttait pour établir un plan de bataille satisfaisant, Cillian passa son bras autour de son épaule. Un geste tendre, mais différent de ceux qu’il avait pu avoir à son encontre auparavant. D’ordinaire, lorsqu’ils marchaient ensemble, il avait toujours préféré poster sa paume sur la courbe d’une hanche ou le creux de sa taille. Ce bras délicatement enroulé et englobant s’esquissait comme une nouveauté à laquelle Ryme ne savait pas répondre. Était-ce là un geste amical ? Un geste plus intime ?

Sa gorge se serra d’une délicieuse manière tandis que son cœur se mit à tambouriner dans les tréfonds de sa poitrine. Cette gentillesse, si maigre fût-elle, réveillait l’urgence de son affection pour lui ; sa soif de baisers et de sentir leurs peaux se mélanger. Elle secoua la tête, presque imperceptiblement. Lorsqu’elle avait écouté le plan de Garan et avait accepté de partir loin de Besaid ainsi que de lui, Ryme avait perdu le droit de revendiquer ce genre d’attentions.
Il se mit en mouvement, elle suivit de son pas maladroit et gauche. Il lança un trait d’humour qui lui décrocha un rire teinté de nervosité.

— Gordias a toujours aimé la glace plus que le feu. Je doute fort qu’il brûle Macalania. Et puis… Je garde qu’il… Non, rien.

« Qu’il ait des raisons de penser que tu m’assassines » allait-elle dire. Cillian avait toutes les raisons de lui en vouloir. Toutes les raisons d’être en colère. Toutes les raisons de désirer une juste vengeance. La chimère de sa langue perfide avait clamé sa mort. Peut-être qu’il souhaitait cela, au plus profond de lui-même sans l’avouer. Une ombre passa sur le visage de Ryme, mais celui-ci retrouva l’éclat factice des jours heureux lorsqu’elle arriva au campement.
Une douce odeur de nourriture flottait dans l’air, un ragoût en préparation dousinait sur le feu. Garan et Gordias ne discutaient pas. L’un touillait avec vigueur la soupe quant à l’autre, son regard semblait trouver les réponses qu’il cherchait dans les flammes.

Ryme glissa lentement hors du bras de Cillian, comme si elle n’était guère plus tangible qu’un fantôme. Elle déposa l’outre d’eau près de l’âtre et s’installa à la droite de Gordias, comme elle l’avait toujours fait et le ferait toujours.

— Vous revoilà, entonna Garan, le repas est bientôt prêt.

— Merci, Garan.

— Pour la répartition des tentes…

Depuis que les auberges se faisaient rares, le trio avait investi quelques gils dans des tentes communicantes. Une alcôve pour les Gardiens et une pour Ryme. L’achat avait fait grand bruit au début et finalement, ce fût le rappel de certains soucis biologique typiquement féminin qui avait permis au groupe de se décider sur ce modèle plus cher et encombrant. Néanmoins, la place à l’intérieur de l’abri n’était pas infinie et à deux dans leur coin, les deux Gardiens ne pouvaient pas accueillir une autre personne.

— Quelqu’un n’a qu’à venir avec moi, répondit Ryme en tendant puis distribuant les bols de ragoût.

— Cil', tu veux te reposer où ? questionna le frère du concerné.

Pour masquer ses pensées, Ryme se concentra sur sa cuillère en bois, soufflant sur la sauce onctueuse. Dormir en la compagnie de Cillian lui ferait plaisir, mais elle était certaine de ne pas trouver le sommeil tant les interrogations lui arriveraient à l’esprit. De plus, elle avait peur d’apposer son corps au sien, par réflexe, comme elle l’avait toujours fait, même à l’hôpital. Qu’il refusât l’occasion de ce tête-à-tête voulait cependant dire qu’il ne désirait plus de contact de la sorte avec elle, plaçant leur relation sous un rapport amical, une chose qui datait d’un temps duquel il n’avait aucun souvenir. L’Invokeure avala une première bouchée, le repas était bon. Mais insuffisant pour masquer l’amertume qui avait gagné sa langue.

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Cillian

Classe : Chevalier Noir

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Cillian

Monsieur tout le monde

Sam 6 Juin 2020 - 14:46
Plus aimé la glace que le feu. Maintenant que j'y pense, c'est vrai que je ne l'ai toujours vu lancer que des sorts de glace. Je crois. Peut être. Au plus on s'approche du camp et au plus ça sens la nourriture. C'est Garan qui prépare a manger. Ou alors, le vieux prêtre à pris des cours de cuisine à Besaid, car c'est un plat de la maison qui est en train de chauffer. Enfin, quelque chose qui se rapproche le plus possible d'un plat de la maison. Je doute qu'il soit possible de se procurer toutes les épices par ici, et vu comme ils sont partis comme des voleurs, j'ai pas le sentiment que Garan ait pris le temps de préparer un petit garde manger de voyage.

Une fois au camp, Ryme s'éloigne de moi. Je me demanderai bien pourquoi, mais je suis trop fatigué pour le faire. Alors qu'elle va s'installer auprès de son gardien, je vais m'adosser à un arbre. Je regarde le petit groupe qui semble avoir bien pris ses marques. Je baisse un peu la tête vers le sol. Normalement, j'aurai du faire partie de ce petit groupe. Je n'aurai pas du être l'étranger que je suis. Je m'enfonce un peu plus contre l'arbre alors que ça parle de la répartition des tentes.

On me demande mon avis et je sens les regards des deux hommes braqués sur moi. Qu'est-ce que j'ai envie de faire ? Une partie de moi a envie de dormir avec Ryme. C'est un fait que je ne peux pas retirer. Une autre n'a absolument pas envie de le faire. Si elle voulait ma présence, il lui suffisait simplement de ne pas partir comme une voleuse. Encore une autre se demande ce que la morale voudrait. Cette partie là est bien vite supprimée.

Je regarde l'écuelle de nourriture qui est posée non loin de moi. Je ne sais pas si j'ai faim. Une autre question me vient a l'esprit.

« Où sont mes affaires ? »

Peut être qu'elles sont dans la grotte où m'a déposé Abraham. Je n'en sais rien. En tout cas, je ne suis pas sorti avec, c'est une certitude.

« Normalement j'ai mon matériel de couchage dedans. »

Je me baisse pour attraper le bol de nourriture que j'entame avec pas trop de goût. C'est pas mauvais, pour ce qu'un prêtre peut avoir préparé. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu Garan faire la cuisine pendant qu'on était sur l'île, que ce soit avant ou après. Est-ce que c'est lui qui cuisinait pendant notre pèlerinage ? Je n'arrive pas à m'en souvenir. Je lève les yeux au ciel. On voit bien les étoiles, ce soir.

« Il est trop tard pour aller fouiller je pense. Je verrai ça demain. »

Je ne m'en rends pas vraiment compte, mais mon assiette est déjà presque vide. Je serai bien embêté de dire a quand remonte mon dernier repas. Même si mon esprit n'avait pas faim, il semblerait que mon corps, lui, réclamait de la nourriture.

« Si cela ne te dérange pas, Ryme, je peux dormir de ton coté. Ou au pire, la belle étoile ne me fait pas peur. Dans la forêt comme ça, peut être qu'il faudrait laisser quelqu'un pour monter la garde d'ailleurs, non ? »

Pour être franc, malgré la fatigue, je ne sais pas si je vais réussir à dormir.

« Je veux bien prendre le premier tour de garde, si il faut. »

Garan et Gordias restent silencieux. J'ai le sentiment qu'ils ne veulent pas se mêler à cette conversation qui est au final entre Ryme et moi. Car il se joue plus que simplement ça. Je crois que je n'ai jamais vu Garan fixer le fond d'une écuelle vide avec autant d’intérêt. Gordias, lui, ne se cache pas. Son regard oscille entre elle et moi. Puis il prends la parole pour dire qu'il prendra le premier tour de garde, mais que ce n'est pas pour cela qu'il laisse sa place dans la tente. Il fige son regard dans le mien pendant quelques secondes. Je suis certain qu'il le fait exprès, pour nous forcer, elle et moi, à mettre a plat les choses. Je ferme l’œil avant de poser mon écuelle au sol.

« J’espère que tu as assez de couvertures pour deux alors Ryme. »

Je me décolle de mon arbre pour m'approcher de l'espèce de machin qui leur sert de tente.

« Tu viens me montrer ? »

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Ryme

Classe : Mage blanc

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Ryme

Invokeure

Mar 9 Juin 2020 - 13:14
Une nappe de silence s’invita sur le camp. L’attente d’une réponse. Ryme ne regardait que l’intérieur de son écuelle comme si les augures pouvaient être lus dans le bouillon du ragoût qui avait été préparé. Garan et Gordias, eux, observèrent une attitude plus inquisitrice. Finalement, une parole s’esquisse, mais guère celle qui était espérée. Cillian déploya en même temps sa silhouette pour attraper le bol fumant qui reposait devant lui.
L’Invokeure n’a pas le souvenir d’avoir vu quelconque matériel ou affaires dans la grotte. Peut-être un subterfuge d’Abraham pour forcer une réunification du groupe. Peut-être un oubli de la part de l’ancien gardien qui ne possède plus toute sa mémoire. Peut-être… Noyée dans les réflexions, Ryme ne reprit pied que lorsqu’il énonça ne pas être contre le fait de dormir avec elle, mais que l’option d’un sommeil plus rudimentaire à la belle étoile lui était tout autant agréable.

Ryme acheva son repas, l’estomac noué et le coeur serré. Il lui était évident que tout cela n’était qu’une manigance de la part de ses deux gardiens pour qu’ils discutent. Sans doute pour mettre les choses au clair, réussir à faire le point, le bilan et échanger quelques paroles difficiles pour mieux s’envoler par la suite. Aussi bien l’un que l’autre des défenseurs avait pu observer combien l’absence de Cillian avait été néfaste pour leur protégée. Amaigrie, terne et résiliée, une ombre pour une étoile.
Les tours de garde furent évoqués, quelqu’un se porta volontaire tout en sachant surement que la nuit pour les anciens amants serait probablement courte. Mais non pas à cause de la promesse des plaisirs de la chair, mais davantage pour que leurs chagrins puissent s’épancher et remémorer les mois passés loin. Marcher vers son destin en ne pensant qu’à son coeur mènerait même le plus vaillant des combattants vers un funeste sort.

Cillian appela Ryme à venir lui montrer la tente. Aussitôt, elle reposa son bol ainsi que son couvert dans la petite bassine près du feu, Garan ayant hérité du fardeau de la vaisselle. Il lui sembla que Gordias hocha de la tête pour lui offrir son aval. Maladroitement, elle se leva et s’avança vers l’abri. Les pieds légèrement branlants avaient du mal à s’enfoncer dans le sol glacé de la forêt de Macalania, ainsi, Ryme usa d’une extrême précaution lorsqu’elle entra. L’Invokeure évoluait avec aise dans cet espace, le toit étant suffisamment haut pour qu’elle n’ait pas à se plier pour marcher à l’intérieur, ce qui n’était pas le cas des autres voyageurs.

— C’est probablement un peu bas pour toi, ne te cogne pas, souffla-t-elle en se retournant vers lui une fois qu’il eut passé les voilages.

À droite se trouvait une alcôve dans laquelle on pouvait discerner les affaires rangées des deux gardiens. À gauche, celle de Ryme. L’Invokeure se faufila à l’intérieur et commença à répartir d’une manière équitable couvertures et ressources nécessaires pour dormir. Le tapis de sol était heureusement pour eux, légèrement plus large que pour une seule personne, et s’ils se serraient un peu, pourraient les accueillir tous les deux.

— C’est loin d’être le grand luxe, mais c’est assez confortable, déclara-t-elle d’un ton qu’elle voulait enjoué.

Amorcer la conversation était difficile. Trouver les mots justes encore plus. Ses poumons se gonflèrent dans une profonde inspiration. Un pas après l’autre, il fallait qu’elle se rapprochât de lui. La situation ne pouvait pas rester ainsi, avec cette étrange sensation de gêne presque venimeuse entre eux. Ryme se retourna alors vers lui.

— As-tu reçu mes lettres ? demanda-t-elle.

Une note d’espoir sans doute vain transparut dans son regard ainsi que dans sa question. S’il les missives avaient trouvées leurs chemins, il était peu probable qu’il les ait parcourus. Pas après l’abandon dans lequel elle l’avait plongé. Des excuses lui brûlaient les lèvres, mais était-ce des choses qu’il désirait entendre ?

— Ce n’est pas grave si tu ne les as pas lues. Ou reçues. Je suppose que ce n’était de toute façon pas très intéressant…

La plupart des courriers s’esquissaient comme des lettres d’amour et de repentit. D’exploit et de commentaires à propos du monde et des découvertes qu’elle avait faites. Un sourire délicat, mais triste s’invita sur les traits de Ryme. Elle se retourna et s’installa à genoux sur le matelas. Ses doigts glissèrent le long des boutons et fermoirs de sa tenue jusqu’à ce qu’elle ne soit plus que dans la sous-robe qu’elle portait en permanence. Elle plia soigneusement son costume, défit ses cheveux et enleva les bijoux qui habillaient ses bras. La lumière du jour décroissant la poussa à allumer une lanterne. Les lueurs orangées s’infiltrèrent au travers du tissu fin de sa combinaison, dessinant en ombre et reflets diaphanes le contour de sa silhouette masquée par l’ample vêtement. Quelques cicatrices glanées durant le voyage marquaient sa peau.

— Quand as-tu décidé de quitter Besaid ? Veux-tu me raconter ton apprentissage au temple ?

Ce n’était sans doute pas là le sujet de conversation idéal, mais il avait le mérite d’éloigner les propos dans une direction que Ryme se sentait prête à affronter. Elle avait beau savoir que leur relation ne pouvait plus être de nature amoureuse, elle nourrissait l’espoir fou que Cillian puisse toujours la chérir.

— Veux-tu que je t’applique des onguents ? Ou des potions pour que ton corps récupère ? Depuis quelque temps, j’ai découvert un mélange qui m’aide beaucoup à mieux marcher.

Elle détourna son attention de lui, fouillant dans ses affaires pour sortir une fiole. Lorsqu’elle la déboucha, une odeur douce s’invita dans l’air. Sans que ses joues ne se fardent de honte, Ryme remonta le pli de sa robe afin d’appliquer la mixture à sa jambe. La cicatrice mordait toujours ses chairs, mais avec le temps, l’aspect rosé de la plaie s’estompait pour ressembler à une trace plus en adéquation avec la teinte marmoréenne de sa peau. Une boucle rousse glissa de derrière son oreille.

— Je …

Elle entama une phrase sans jamais la terminer. Une invitation pour que les choses puissent être mises au clair. Mais au lieu de cela, elle laissa le silence retomber ne sachant pas comment faire un pas vers lui.

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Cillian

Classe : Chevalier Noir

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Cillian

Monsieur tout le monde

Jeu 25 Juin 2020 - 11:02
Suivant ses conseils, je me penche un peu pour ne pas me prendre la tête dans le haut de la tente. Je n'ai pas peur pour mon crâne, mais Yevon seul sait comment cette chose tient debout. Qui sait, un mouvement un peu trop brusque et peut être qu'on se retrouverait avec la tente sur la tête. Pas que ça me fasse peur, mais je n'ai pas envie de me faire engueuler parce que j'ai abîmé leur tente. L’intérieur à l'air d'être plus grand que l’extérieur. Ou alors, je n'ai pas vu toute la tente de par où je suis passé. L'un ou l'autre. Je ne sais pas si il existe des magies pour agrandir artificiellement l’intérieur des choses. Peut être bien que oui. C'est marrant, mais c'est exactement le genre de magie que je verrai bien Garan apprendre.

On arrive dans ce qui pourrait porter le nom de pièce. Je présume que c'est là que l'on va dormir ce soir. L'espace est un peu plus petit que ce que je m'imaginais. Il va falloir que l'on se serre cette nuit. Mon cœur se serre un peu. Bien malin celui qui serait capable de me dire ce que je ressens à cet instant. Je ne sais pas si j'ai envie de le faire ou envie de fuir. Si je veux juste avoir un toit sur la tête cette nuit, ou si j'ai envie de la sentir contre moi. Si j'ai envie de la belle étoile, ou suis juste un lâche qui préfère fuir les situations difficiles.

Elle commence à faire glisser sa robe le long de sa peau et je retire doucement mes yeux de son corps. Je ne suis pas sur de mériter de la regarder. Ou de le vouloir. Maudit soit Yevon, pourquoi est-ce que les choses doivent être aussi compliquées ? Je ne peux cependant pas m’empêcher de lui jeter quelques regards. Elle est toujours aussi belle, malgré son air un peu triste. J'ai l'impression qu'elle est un peu plus en forme. Le voyage à l'air de lui avoir fait du bien, au moins sur le plan physique.

Au bout de quelques secondes, je pousse un très léger soupir avant de forcer mes yeux à se poser sur elle. Je ne vais pas pouvoir passer toute la nuit sans la regarder. Et puis, je n'ai pas vraiment pas envie de la regarder. La situation est juste … Compliquée, au bas mot. Et effectivement, elle est toujours aussi belle. Au point que j'entends ses paroles, mais n'enregistre pas vraiment. Du moins, je n'y réagis pas. Mon cerveau ne se remet vraiment en marche que quand elle se met à s'appliquer un onguent sur le corps, visiblement.

« Je ... »

Ce n'est pas un écho de ce qu'elle a dit, mais simplement mon cranium qui se remet en marche.

« Je n'ai reçu qu'une seule lettre. La première, je présume ? Je ne serais pas surpris qu'ils aient intercepté tout ce qui partait de toi. Ou tout ce qui devait m'arriver. »

Je fronce les sourcils. Je n'y avais jamais vraiment pensé, mais peut être que le temps n'était pas aussi acquis a ma cause que ça, au final. Maintenant que j'y pense, ça me semble même évident. Après tout, aucun d'entre eux ne pouvait vraiment savoir que j'étais un homme pur parmi les purs. Techniquement.

« Je suis parti il y a quelques semaines. Le voyage n'a pas été facile. Avec Sin, tu sais ce que c'est. »

C'est un effet auquel ceux qui ne voyagent pas ne pensent pas souvent, mais il y a beaucoup plus de monstres dans la nature quand Sin est là. Peut être est-ce du a la quantité de personnes qu'il tue. Je ne sais pas, ce sont des questions bien trop compliquées pour moi. Je retire doucement ma chemise et vais pour m'allonger sur le ventre.

« Tu peux me passer un peu de crème, si tu veux. »

Une solution comme une autre pour ne pas avoir à admirer son si joli corps.

« Il ne s'est pas passé grand chose, malheureusement. Enfin … Il m'a deja fallu du temps pour accepter d'aller dans les leçons. Tu me connais, quand je ne suis pas content, il est difficile de me faire bouger. »

Je soupire doucement.

« Au début, c'était surtout des cours de … Théologie ? C'est comme ça qu'on dit ? Je présume que tu as du avoir les même. Les chimères, l'église, tout ça. A quel point on peut remercier Yevon. Tout ces trucs. Je ne vais pas te mentir, j'ai pas retenu grand chose de tout ça. »

Je ne suis pas le genre de personne qui possède un intérêt pour ce genre de trucs.

« Et puis je me sentais pas vraiment à ma place. Ils avaient peut être le même age que moi, ou pas loin, mais je n'étais qu'avec des gamins. Qui n'ont soit jamais du partir de l'île, soit juste avoir fait le trajet vers le temple. J'avais pas l'air malin, avec mon œil en moins et plus de viande sur le corps que presque tout les autres réunis. »

Appétissante, comme image.

« Après, on a appris quelques trucs pour communiquer avec les chimères. Techniquement, c'était des cours théoriques, mais … J'ai pu rapidement voir ce qui marchait ou ne marchait pas pour moi, vu que j'ai déjà une chimère. »

Je soupire doucement. J'en ai marre de parler.

« Et toi alors ? Ton voyage ? Au final, comme je n'ai reçu aucun courrier ... »

Autant la faire parler un peu.

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Ryme

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Ryme

Invokeure

Ven 26 Juin 2020 - 11:25
Le parfum doux de l’onguent sembla sortir Cillian de sa torpeur. Un mot, le même que le dernier qui avait déserté les lèvres de Ryme et qui par le plus curieux des hasards ne trouva que le silence. L’Invokeure attendit, mais finalement, l’enchaînement ne reprit qu’avec le sujet des lettres. Elle ne put s’empêcher de souffler sa déception, un « oh » attristé quitta sa gorge, lorsqu’il avoua n’avoir reçu que la première missive. Les raisons de sa colère s’esquissaient petit à petit d’une manière plus distincte. Cependant, au grand étonnement de Ryme la conversation continua sans qu’il n’attaquât ou fasse preuve d’un fiel acide.
Sans qu’il n’élabore son propos quant à son voyage, il évoqua juste les obstacles à traverser Spira en ces temps difficiles. Bien que Ryme n’avait jamais pris la route sans les gardes des Voix, il était vrai que les rencontres avec les monstres se faisaient régulières. Les marques sur son corps en étaient la preuve.

Cillian glissa sa chemise par-dessus sa tête et aussitôt, la jeune femme détourna le regard dans un mime de ce qu’il avait pu faire. L’envie de l’observer se faisait sentir, mais l’angoisse, le remords et la peur l’empêchaient de porter son attention sur lui. Pourtant, cette peau, cette chaleur, cette présence, elle en avait tant rêvé. Lorsque les cauchemars ne venaient pas la hanter, il était celui qui se dessinait dans ses songes ; pression lancinante et obsédante.
Il s’allongea à plat ventre le matelas de fortune et garda son œil fixé droit devant lui. Ryme esquissa un sourire triste, leur relation s’ébaucherait-elle ainsi à présent ? Deux étrangers autrefois amants contraints de se tenir côte à côte. La gorge de l’Invokeure se serra, mais elle continua tout de même de faire bonne figure tandis qu’il racontait sa propre expérience des mois passés.

— Chez les Voix, les cours de religion sont un peu différents. Mais je suppose que le fond reste le même. Sin, l’éternelle punition, l’expiation… Toutes ces choses qui unissent Spira et qui nous déchirent, commenta-t-elle d’une parole douce.

Ryme se tourna vers Cillian. Elle s’enduisit les mains de la solution puis avec toute la délicatesse du monde, apposa ses paumes sur lui. Malgré la route, sa peau ne paraissait pas avoir obtenu de nouvelles cicatrices ou marques. La texture agréable de son épiderme sous la pulpe de ses doigts lui donna des frissons. Son cœur se mit à battre un peu plus vite au mépris du poids des regrets de la culpabilité qui semblait l’entraver.

— J’espère que tu n’as pas cassé trop de nez au temple de Besaid en partant. Sinon la pauvre Jienne aura dû arrondir les angles. Et même si cela me coûte de le dire, je crains que le membre le plus diplomate de la fratrie soit en train de faire la vaisselle en ce moment.  

Une pointe d’humour. Mais qui ne serait sans doute pas très bien perçu. Ryme laissa retomber le silence entre eux, se contentant de masser délicatement le dos de Cillian. Au bout de quelques instants, elle se racla doucement la gorge.

— Quant à mon voyage… ce n’était pas réellement ce que j’avais imaginé pour tout t’avouer. Je rêvais d’un périple long pour découvrir le monde, profiter du temps qui me restait, avoir des souvenirs à chérir avant de…

Ryme n’osa pas prononcer le mot « mourir ». Confesser que sa liberté n’existait que par cette condition lui était toujours pénible. Cruelle ironie si l’on songeait qu’en neuf mois, la fin se dessinait plus proche que jamais.

— J’ai gagné quelques cicatrices et des bleus. Notamment grâce à un Ochu particulièrement agacé durant de notre passage à Kilika. Une fois sur le continent, les choses ont été plus mouvementées. Où que nous allions, des agents de Vilhatt nous surveillaient. Le seul instant de répit que nous ayons véritablement eu a été lors de notre séjour à Guadosalam.

La cité qui abritait l’au-delà. Les Guados n’ayant pas encore totalement embrassé la voie de Yevon, la supervision de l’Église ne pouvait être aussi efficace qu’en terrain conquis.

— Avec Gordias nous avons eu la déplaisante surprise de voir que ton frère confirmait l’expression « ronfler comme un moine ». Sinon, je ne crains qu’il n’y ait pas beaucoup de choses à raconter. Je n’ai fait que courir, encore et encore.

Ryme poussa un soupir et décolla ses mains du dos de Cillian.

— Retourne-toi, s’il te plaît, que je soigne aussi ton torse.

En attendant qu’il obtempère, Ryme rallia son petit sac à pharmacie et se saisit d’une autre lotion. La fiole contenait une essence plus herbacée. Maintenant qu’ils se faisaient presque face, ne pas rougir ou fuir s’avérait plus difficile. Cependant, l’Invokeure resta professionnelle et après avoir glissé un peu de produit sur ses mains, elle passa délicatement ses doigts sur les endroits de son abdomen qui étaient zébrés de bleus, de coupures et d’entailles.

— Tu devrais être plus prudent lorsque tu voyages seul.

Un nouveau silence retomba dans la tente. Une gêne presque palpable circulait dans l’air. Ryme pinça ses lèvres entre ses dents. Ses lippes gorgées de sang esquissèrent un maigre sourire. Sa paume s’arrêta à l’orée du ventre et de la poitrine de l’ancien Gardien. L’Invokeure plongea son regard dans celui de son compagnon. Ses pupilles débordaient d’un amour sincère que ni le temps, ni la distance, ni toutes les souffrances de ce monde ne sauraient un jour ébranler.

— Je…

Sa gorge se serra. Elle ferma les yeux, tentant de faire refluer afflux sanguin qui prenait d’assaut ses joues.

— Quand tout cela sera terminé, lorsque nous aurons trouvé un moyen de vaincre… J’aimerais que nous voyagions ensemble. Que tu me montres tous les endroits que tu préfères. Seulement en tant que toi et moi.

Ryme baissa le nez, cherchant les mots justes. Les mots qui la fuyaient à présent, mais qui couvaient dans son cœur depuis des mois.

— Et une fois que nous aurons tout vu, tout découverts, nous pourrions rentrer à Besaid… Et, si tu le veux toujours, j’aimerais beaucoup devenir ta femme. Et ne plus jamais te quitter.  

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Cillian

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Cillian

Monsieur tout le monde

Sam 4 Juil 2020 - 14:17
Je dois avouer que tout ce qui n'était pas vraiment relié directement à l'art de l'Invocation, je n'ai pas vraiment suivi. Parfois, je dormais dans le fond de la salle de classe. Parfois, je ne venais même pas. Qu'est-ce qu'ils allaient y faire, après tout ? Même dans mon état encore un peu diminué, j'étais plus large que n'importe lequel des prêtes et autres sycophantes que j'ai pu croiser. Il n'y avait pas grand chose qu'ils pouvaient vraiment faire pour me forcer à prêter attention, et je crois même qu'ils s'en moquaient, au final. Je ne faisais rien pour déranger ceux qui voulaient vraiment écouter toutes ces bilvesaies.

Elle commence à appliquer la crème sur mon corps et je pousse un petit soupir. Je ne sais pas si ce sont ses mains ou l'effet de l'onguent, mais c'est agréable. Très agréable. Je l'écoute distraitement. Je n'ai pas cassé de nez, non mais. Je ne suis pas si violent que ça. Bon ,d'accord, je suis plus violent que la plupart des gens, mais je ne cherche pas par tout les moyens à casser des figures. Et puis je ne leur ai pas vraiment laissé le choix quand a mon départ. Il n'y a que le prêtre qui s'occupait de garder la porte de temple qui m'a vu partir, comme j'ai quitté l'endroit de nuit, et il s'est bien gardé de vouloir me retenir. Je pense que j'étais plus un poids pour tout le monde qu'autre chose. Je ne crois même pas qu'on s'est échangés un mot, quand je suis parti. Juste un signe de la tête. Me voir avec mon sac de voyage était sûrement une explication suffisante de ce que je faisais.

Elle explique ensuite son voyage. C'est vrai qu'ils ont été relativement vite. Enfin, plus vite que ce que je pensais. Ils n'ont pas perdu de temps. Maintenant qu'ils sont sur les terres, je présume qu'il est plus difficile d'avancer en traînant les pieds. La présence de l'église en tant que telle, de ses agents, est beaucoup plus grande qu'a Besaid. Pas que Besaid soit une terre vide pour l'église. Au contraire, même. Beaucoup de natifs de l'île sont plus croyants que ce que j'ai pu voir du continent. C'est peut être pour cela que le clergé se sent capable de moins resserrer ses griffes sur l'île. La population se gère toute seule. Je grince un peu des dents quand elle parle de Guadosalam. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai du mal avec eux. Avec les Guados. Peut être parce qu'ils ne sont pas des notres. Peut être parce que l'emprise de l'église n'est pas aussi forte pour eux. Je sais bien que ça devrait plutôt en faire des alliés potentiels qu'autre chose, mais je présume que ce sont des croyances qui sont engrainées dans la culture. C'est pareil avec les Ronsos au final. Et je ne parle même pas des Al Behds.

Je me retourne ensuite suivant ses instructions. J'espère que l'onguent a assez pénétré ma peau, sinon le matelas va être plein de crème. Je la regarde commencer à passer la pommade sur mon torse. A une autre époque, ça aurait été plus une excuse pour des câlins qu'autre chose. Et une partie de moi ne souhaite rien d'autre que la prendre dans mes bras. Mais il y a ce fond de colère qui m'en empèche. Comme si je voulais la punir de m'avoir fait du mal. Si j'étais plus malin, je me rendrai compte que je me fais autant souffrir qu'elle. Malheureusement …

Il est vrai que j'ai gagné quelques cicatrices pendant le voyage. Mais c'est normal. Les routes sont moins sures, et j'ai été un peu trop habitué à la tranquillité de la vie rurale. Elle semble avoir du mal à continuer à parler. Peut être que tout ça n'était pas une bonne idée. Peut être que je devrais sortir de la tente. Aller dormir dans un coin du camp, près du feu.

« Je ne sais pas, Ryme. »

Ma gorge est un peu sèche.

« J'aimerai te dire oui, mais je ne sais pas. »

Je baisse un peu les yeux.

« Il … Il va falloir du temps, okay ? Pour faire des plans comme ça. Surtout le genre de plans qu'on avait avant que tu partes comme ça. »

Je m'éloigne doucement, presque sans m'en rendre compte.

« Tu avais tes raisons, pour faire ce que tu as fait. J'ai mis du temps à l'accepter, et je ne suis pas sur d'être à cent pourcents okay avec ça, mais … Tu avais des raisons. Cependant ... »

Je ne sais pas comment continuer à exprimer ce que je ressens. Je ne suis déjà même pas complètement sur de ce que je ressens d'une façon générale.

« L'idée me plait bien, je dis pas. Au moins le voyage. Mais … Yevon seul sait ce qui peut encore se passer entre maintenant et ce futur lointain. Et j'ai du mal à croire à cent pourcents au fait que tu ne vas pas encore m'abandonner. Même avec toutes les bonnes raisons du monde. »

Je baisse un peu la tête.

« Et même avec toutes les bonnes raisons du monde, ça fait mal. »

Je lève mon regard pour le planter dans le sien.

« Tu es encore la personne que je préfère dans ce monde. Mais il va falloir du temps avant que ça redevienne comme avant. Si ça peut redevenir comme avant. »

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Ryme

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Ryme

Invokeure

Dim 5 Juil 2020 - 11:51
La préférence ne s’esquissait en rien pareillement à l’amour.
Plus que tous les doutes qu’il pouvait exprimer, plus que tout le reste et même plus que cette distance physique qu’il imposa, les dernières paroles de Cillian vrillèrent le cœur de Ryme. Comme figée par un sortilège de glace, elle se contenta de conserver son sourire discret et de baisser un peu le nez. Après tout, elle l’avait bien mérité. En pensant faire le bien, son comportement induisait le mal. Une inspiration lente et profonde gonfla ses poumons tandis qu’elle refermait le pot d’onguent. Cela lui rappelait presque, ironiquement, les journées d’or qui fuyaient la mémoire de son ancien compagnon. Peut-être aurait-elle pu même en rire sincèrement si cela ne lui causait pas autant de douleurs.

— Tu as raison. Nous verrons.

La réponse glissa entre ses lèvres, guère plus qu’un murmure, mais tout autant déchirant qu’un cri. À genoux, Ryme s’approcha de sa sacoche et remit de l’ordre à l’intérieur. Son visage marmoréen n’exprimait rien, ni joie ni tristesse. Le vide originel qu’il avait arraché à ses traits des années de cela auparavant revint comme une seconde peau. Dans un geste délicat et mesuré, l’Invokeur diminua les émanations magiques de la lampe qui éclairait l’alcôve. Il ne resta plus que deux ou trois petites lucioles perdues dans l’obscurité, voletant dans une cruelle prison de verre.

— J’irais quérir la bénédiction de Shiva demain, sans doute en compagnie de Gordias. À mon retour, si je ne suis pas trop fatiguée et que tu es toi même en état, nous pourrons essayer de percer les mystères de ta chimère.

Ryme savait qu’aller à Bevelle signifiait affronter des démons bien plus féroces que des monstres, la ville se fondant sur l’immense temple de Bahamut dans lequel les Voix vivaient. Avant de pouvoir se présenter pour quérir le dragon, les préparations ne devaient pas être négligées. Vilhatt possédait plus d’une ruse pour entraver leur chemin et la capitale de Spira n’était guère plus que son terrain de jeu favori.

— Repose-toi bien. À demain.

Tout en disant cela, elle glissa son corps sous les couvertures de voyage. Repliée sur le côté, enroulée dans le tissu qu’elle préférait, Ryme adopta une respiration lente. Elle savait qu’elle ne pourrait berner ainsi Cillian : à la fois longues, et trop peu, avaient été les nuits durant lesquelles ils avaient partagé un lit. Il connaissait probablement encore le rythme de son souffle lorsque le sommeil la fauchait. Et, la Via lui avait assurément laissé assez d’instinct pour reconnaître les différences entre les pulsations d’un soupir assoupi et celles feintes d’une personne consciente.
Bien que cela ne faisait que peu de temps qu’ils occupaient la tente, le parfum de Cillian mêlé à celui des onguents s’invitait dans l’air. La gorge de Ryme se serra tandis qu’elle ressentit les battements de son cœur devenir plus puissants, mais également plus sereins. Habituellement absentes de ses rêves, cette odeur et la chaleur déjà perceptible près d’elle lui firent autant de bienfaits que de mal. Elle se sentait aussi soulagée que torturée par cette présence tant désirée à ses côtés. La plus exquise des douleurs résidait dans le fait que nul pardon ne saurait amender sa faute. Aucune voie ne lui permettrait de regagner la pureté de ses sentiments perdus. Peut-être avait-elle toujours été la seule à considérer que leur relation, l’amour qu’ils se portaient alors, se montrerait plus fort que les épreuves, les distances ou les aléas qui se dresseraient face à eux.

Ryme ferma les yeux, entendant la mélopée du ressac de Besaid, sentant presque la chaleur du soleil sur sa peau au milieu de cette forêt de glace. Le sommeil et la fatigue s’emparèrent d’elle.


***

Une terreur sourde la réveilla. Ses tempes ainsi que son dos étaient maculés de sueurs. Ryme porta une main à sa poitrine pour essayer de calmer les battements fous de son cœur lorsqu’un hurlement muet quittait ses lèvres. Depuis de nombreux mois, les cauchemars la hantaient sans cesse. Toujours les mêmes, comme un funeste augure du destin à venir. Sa gorge se verrouilla tandis qu’elle tremblait. L’air frais de la forêt de glace s’invita contre la transpiration qui nappait ses vêtements. Lorsqu’elle tourna la tête, elle se découvrit seule dans la tente.
Un doux murmure animait les bois tout comme le craquement du feu de camp encore en vie. Un bâillement voisé se fit entendre ainsi que des bruits de pas. L’absence de ronflements indiqua à Ryme que la personne qui approchait était sûrement Garan. Le son lourd des voilages que l’on ouvre retentit et tout l’habitacle vacilla. L’invokeure attendit quelques minutes et lorsque le ronronnement sourd et familier du gardien endormi s’éleva de l’alcôve voisine, elle quitta son lit et passa un châle sur ses épaules.

Ryme trouva Cillian, le regard perdu dans les flammes. Elle s’avança vers l’âtre d’un pas discret.

— Est-ce ton tour de monter la garde ? Ou bien tu n’arrivais pas à dormir ? demanda-t-elle en s’installant juste en face de lui.

Elle n’évoqua pas la troisième possibilité que lui susurrait son esprit : celle que sa présence le dégoûtait au point de ne pas vouloir partager un toit. L’Invokeure détourna les yeux, contemplant la forêt et ses reflets vivants sous le miroir mourant de la lune.

— Pour ma part, j’ai fait un cauchemar. J’en fais souvent depuis… Marnie. Toutes les nuits, je crois.

Le regard vide de vie, le sourire disloqué par la folie, les doigts repliés dans un spasme douloureux et rigide. Tant de choses qui lui revenaient sans cesse en mémoire. Et lorsque la morte ne lui rendait pas visite, celui qui venait hanter ses nuits la remettait dans une cage de servitude. Peut-être ne méritait-elle guère plus que cela, au final. En s’éloignant de Cillian, en brisant le lien qui les fédérait et plus encore, Ryme ne se rendait certainement pas compte que le prêtre avait ainsi gagné une bataille. Que leur union, même précaire valait mieux que leur séparation.

— Veux-tu que je retourne dans la tente ? Tu n’as peut-être pas envie de discuter.

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Cillian

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Cillian

Monsieur tout le monde

Ven 10 Juil 2020 - 14:18
On verra. Je vois bien que ce n'est pas la réponse qu'elle aurait aimé entendre. Et que ce n'est pas la réponse que j'aurai aimé donner. Mais c'est la réponse que je donne. La pire chose que l'on pourrait faire, c'est faire semblant que tout va bien. Mettre un couvercle sur les blessures. Ce serait la meilleure façon de les laisser s'infecter plutôt que les soigner. Et on mérite mieux que ça. Alors, c'est sur que ce serait peut être plus gratifiant que le moment de se serrer l'un contre l'autre dans une parodie d'accord. Mais on mérite mieux que ça. Elle me raconte ce qu'elle compte faire demain et s'allonge. Je fronce un peu des lèvres en la regardant. J'aurai aimé discuter un peu plus de la situation, mais elle n'a pas l'air disposée à le faire. Tant pis. On verra plus tard.

Sa respiration n'est pas celle qu'elle a habituellement quand elle dort. En même temps, je doute qu'elle puisse s'endormir aussi facilement. Cependant, je continue de me préparer pour dormir le plus en silence possible. Je n'ai pas envie de la déranger.. Une fois prêt, je m'allonge près d'elle, sans la toucher cependant. Juste assez pour qu'elle sente ma présence, mais sans la déranger. Malgré le sommeil magique dans lequel j'ai été plongé, je trouve bien vite les bras de Morphée.

--------------

Mais pas pour longtemps. Lorsque j'ouvre les yeux, Ryme est encore endormie et la nuit semble être à son plus noir. Je n'ai du dormir que quelques heures à peine. Doucement, je m'éloigne de Ryme en lui lançant un petit regard. Avec la lumière diaphane du feu de camp dehors, elle a l'air si calme. Je me demande de quoi elle peut bien rêver. En prenant bien attention à ne pas la réveiller, je pose mes lèvres sur sa joue avant de sortir de la tente.

Ce que je vois dehors ne me plaît qu'a moitié. Garan est a moitié endormi sur un arbre couché, son regard papillonnant avec difficulté pour rester ouvert. Je m'approche de lui et il ne semble pas me remarquer. Il sursaute quand je passe dans son champs de vision. Tout bas, je lui dit d'aller dormir. Il me regarde quelques secondes avant de s'en aller sans un mot. Est-ce qu'il essaie de vois si je serai à la hauteur de la tache ? Non mais dis donc, qu'est-ce que ça veut dire ? Je m’assois sur un morceau de bois près du feu. Il fait frisquet, la nuit.

Peu après le départ de Garan, j'entends un mouvement venir de la tente. Il en fait du boucan pour aller se coucher dis donc. Je ne détourne pas l’œil des flammes. Je préfère me concentrer sur mon ouïe pour repérer les attaquants potentiels. La nuit est bien trop sombre pour y voir quoi que ce soit, de toute façon. La voix de Ryme me sort de mes pensées.

Elle est déjà debout ? Est-ce que je l'ai réveillée en sortant ? Ou bien c'est Garan qui l'a sortie de sa torpeur en allant se coucher ? Si c'est ça, j'aurai quelques mots avec lui. Elle me pose quelques questions.

Je prends quelques secondes avant de répondre.

« Non, tu peux rester. Je ne vais pas te forcer à aller écouter les ronflements de mon frère. »

Je marque une petite pause.

« Et puis ça me fait plaisir de discuter avec toi. »

C'est vrai. Et puis, de toute façon, c'est mieux que rester tout seul.

« Viens t'asseoir avec moi. »

Je tape de la main sur le morceau de rondin qu'il reste a coté de moi. Largement la place de s'asseoir.

« Et non, je me suis juste réveillé. Après tout, j'ai passé je ne sais pas combien de temps à dormir à cause d'Abraham. Je présume que je n'étais pas si fatigué que ça, au final. Ou alors, mon instinct m'a poussé à me réveiller, parce que Garan était salement en train de piquer du nez. »

Je souris un peu.

« Mais ça fait longtemps que je n'avais pas dormir aussi sereinement. Je suis désolé que ça ne soit pas le cas pour toi. »

Je soupire doucement.

« Je ne pense pas te rassurer en disant ça, mais … Tu sais, moi aussi il m'arrive de rêver de la première personne que j'ai tuée. Je présume que ce sont des choses avec lesquelles il faut apprendre à vivre. Dis toi qu'au moins, ta première victime l'avait vraiment mérité. »

Je pense ce que je dis. Marnie était une personne détestable qui tentait de nous faire du mal quand elle est morte. Mais je sais que ce n'est pas si facile à accepter.

« Avec le temps, ça passera je pense. »

Je prends ma tête dans mes mains alors que je pose mes coudes sur mes genoux.

« Mais c'est une bonne chose, que ça te marque comme ça. Il ne faut pas que prendre une vie devienne quelque chose de facile. Ça veut dire que tu es une bonne personne. Je ne peux pas dire ça de tout le monde autour du feu. »

Il n'y a que nous deux, bien entendu. Je ne suis pas le premier à tuer, mais je dois avouer que cela fait longtemps que je n'ai plus vraiment de problèmes avec ça. Peut être que c'est la vie qui me fait penser ainsi, mais j'ai enregistré le fait qu'il y a des gens avec qui on ne peut pas raisonner. C'est aussi simple que ça.

« N'oublie pas que Marnie voulait te faire du mal. Et je suis persuadé que dans cette situation, c'était elle ou toi. Tu peux la maudire de t'avoir mis dans cette situation. Tu peux maudire Vilhatt de l'avoir poussée sur ce chemin sans issue. Tu peux me maudire de ne pas avoir réglé la situation plus tôt. Mais toi, tu n'as pas grand chose à te reprocher. C'est malheureusement la vie. »

Je souris en coin.

« Et puis au moins, au pire, ça fait en sorte que Sin ait quelque chose à pouvoir te reprocher. Dans un sens. »

Je ne sais pas si cette blague sera bien prise.

« Je ne sais pas où il est, d'ailleurs. On avait pas d'informations sur sa présence à Besaid. Tu le sais toi ? »

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Ryme

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Ryme

Invokeure

Lun 13 Juil 2020 - 15:51
Quelques secondes de silence qui eurent la saveur d’une cruelle éternité. Dans ce laps de temps, Ryme contempla le feu, la forêt et tout ce que son regard pouvait trouver d’intéressant sauf Cillian.
Croiser son œil. Cette simple idée qui n’était guère si effrayante pourtant la terrifiait. Ainsi, lorsqu’il l’invita à prendre place à côté de lui, l’Invokeure tâcha de garder son attention rivée vers le lointain, vers cet horizon flou et incertain. L’écho pudique d’un lendemain qu’elle espérait meilleur.
Il exprima les raisons de son éveil. Peut-être possédait-il un détecteur à Gardien négligent. Peut-être était-ce, en effet, le sortilège qui l’avait maintenu endormi qui l’empêchait de trouver le repos. En tout cas, sa voix semblait bien moins chargée de fatigue que précédemment.

Il essaya ensuite de rassurer Ryme quant à ses cauchemars, évoquant la normalité de leur occurrence. Que le visage disloqué de Marnie dans ses songes était la preuve qu’elle était une bonne personne et qu’il ne fallait pas qu’elle oubliât cette première vie ôtée. L’intéressée ne répondit rien, se contentant de perdre l’azur de son regard dans le cœur des flammes du feu de camp. Une conversation qu’ils avaient déjà eue, juste avant qu’elle ne mette fin au sortilège qui empêchait Cillian de réaliser son départ. Une boule se forma dans sa gorge et les mots semblèrent subitement fuir sa bouche.

— Si notre fléau planétaire préféré est en communion avec notre Némésis personnelle, je suis sûre que Vilhatt a déjà trouvé maintes choses à dire à ce cher Sin à mon propos.

Un trait d’humour qui pourtant avait un fond de vérité. Si aujourd’hui, Ryme nourrissait un rapport assez différent de la norme avec la religion Yevonite, lorsqu’elle était adolescente, elle avait été très pieuse. La peur d’un retour éventuel de Sin l’avait poussée à agir selon les bons désirs du haut prêtre, gobant ses mensonges sans jamais les remettre en question. Même lorsque ces faussetés la conduisaient à des actions qui la dérangeaient profondément. Un sourire ironiquement triste perça sur son visage.

— Le mois dernier, les rumeurs disaient qu’il rôdait près de la route des Mycorocs. Mais depuis que nous avons quitté les côtes, je n’en ai guère entendu parler.

La forêt de Macalania tout comme la ville de Guadosalam demeuraient protégées de la fureur de Sin. Le monstre se déplaçant uniquement à l’intérieur de l’océan qui bordait les terres de Spira.

— En parlant de Besaid, je n’ai reçu aucune réponse aux courriers que j’ai adressés à Jienne. As-tu des nouvelles d’elle ? Je veux dire, lorsque tu es parti, comment allait-elle ? Et tes parents ?

Ryme releva légèrement les yeux vers Cillian qui se tenait à présent plus en avant. Elle avait fait exprès de se placer du côté de son œil masqué. Puisqu’elle l’avait toujours connu borgne, l’Invokeure était confortable avec son visage labouré par la vie. Tout comme il semblait apprécier ses propres chairs meurtries. À chaque fois qu’elle sentait la tête de l’ancien Gardien pivoté, elle faisait de même, évitant à tout prix quelconque contact visuel.

— Je suis désolée pour tout à l’heure, tu avais peut-être envie que nous discutions encore un peu… De… La suite, si ce n’est de l’avenir.

Un petit silence retomba, mais pas assez pour laisser l’occasion à Cillian de répondre vis-à-vis de ces parents. Ryme se racla la gorge en s’approchant encore légèrement plus de lui, collant ses épaules à son corps et en passant son châle autour de ses omoplates.

— La nuit est fraîche. J’ai l’habitude à présent, mais je ne voudrais pas que tu attrapes la mort.

Elle poussa un soupir, le regard perdu dans les bois.

— C’est ici que c’est arrivé. Ma jambe. Enfin, je veux dire. Pas exactement à cet endroit, mais dans une clairière similaire.

Ses doigts glissèrent jusqu’à son genou sans qu’elle ne s’en rendît compte. À l’époque, la douleur était-elle que souvent, Ryme avait songé à mourir. Sa chair mutilée était le dernier affront qu’elle pouvait endurer jusqu’à ce qu’il n’arrive dans sa vie et que d’un sourire, d’une parole aimable, il ne changea tout.

— Peut-être que je ne serais pas la femme que tu épouseras. Peut-être que je ne serais pas la dernière que tu aimeras. Mais… Je suis fière d’avoir été la première. Et je suis contente de pouvoir compter sur ton amitié, murmura-t-elle doucement.

— Tu dis que tu n’es pas un homme bien, au contraire. Les souvenirs de notre rencontre te fuient et je garde l’espoir qu’un jour, ils te reviendront, mais sache que sans toi… Sans toi, je ne sais pas ce qu’il serait advenu de moi.

Un pieux mensonge, Ryme savait très bien quel aurait été son destin s’il ne l’avait pas sorti de cet enfer. Mais il n’avait pas besoin de le savoir. Leur promesse de toujours consulter l’autre avant d’agir étant encore bien trop fragile.

— Je serais sans doute l’épouse de Vilhatt. Je lui aurais donné de beaux enfants. Tout ce dont je rêvais, ironisa-t-elle dans un souffle mauvais, Je me demande bien comment je peux supporter ta présence ici.

L’Invokeur déposa sa tête contre l’épaule de Cillian et ferma les yeux. À l’intérieur de sa poitrine, son cœur se mit à chavirer, battant la chamaille et s’animant d’un émoi qui n’avait rien de chaste. Elle respira à plein poumon son odeur. Malgré le temps et les épreuves, elle demeurait inchangée, mélange de soleil, de sable, de cuir, de sueur et de sang.

— Merci pour tout.

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