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Pallida Mors aequo pulsat pede pauperum tabernas regumque turris. - PV Cil

 :: Spira - Le continent • :: La forêt de Macalania

Cillian

Classe : Chevalier Noir

Points de rang : 1394



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Cillian

Monsieur tout le monde

Mer 29 Juil 2020 - 0:02
Le craquement d'une bûche qui rends son dernier soupire dans le feu me sort un peu de mes pensées.Il a toujours ce petit moment d’appréhension en attendant que l'autre parle. Pourtant, j'ai combattu des choses mille fois plus terrifiantes qu'une petite rousse parfois en colère. Mais … La vie est faite ainsi, après tout. Ce n'est pas comme si j'avais le choix. Je ne sais pas si je nommerai Vilhatt comme ma Némésis personnelle. J'ai le sentiment que ce serait, dans un sens, lui donner trop d'importance. Il n'est qu'un cloporte, qu'un ver qui se complaît dans sa fange en attendant que l'on se décide enfin à venir le jeter dans des flammes. Sin serait donc du côté de la route des Mycorocs. J'essaie vainement de me souvenir de la géographie du continent. Au final, que je ne me sois pas perdu jusqu'ici relève plus du miracle qu'autre chose.

Elle parle ensuite de courriers qu'elle aurait adressé a Jienne. Je doute que ma sœur ait reçu la moindre lettre. Je présume que tout le courrier qu'elle a envoyé à eu être intercepté. En tout cas, si Jienne à reçu quoi que ce soit, elle ne m'en a pas parlé. En même temps, pour le peu qu'on se soit parlé. Elle se rapproche de moi après m'avoir dit qu'elle s'excusait pour tout à l'heure. De ne pas avoir voulu discuter. Oh. Au final, je n'avais pas non plus envie. Enfin, si, mais je n'aurai pas su trouver les mots.

Elle me parle ensuite de sa blessure. Je ne crois pas qu'elle m'en ait déjà parlé autant. Le sujet n'est pas un sujet qu'on a beaucoup abordé. Du moins, je ne crois pas. Pas qu'il me fasse peur. Mais … Est-ce que ça sert vraiment de discuter de faits ? Ça ne me dérange pas qu'on en parle, au contraire, mais … Ce n'était pas à moi de lancer la discussion. Je crois. Elle embraie sur ce qui aurait pu se passer si nous ne nous étions pas rencontrés. Puis me remercie. Doucement, je remonte ma main sur son crâne pour lui gratter doucement le cuir chevelu.

« Tu me remerciera quand ce sera fini. »

Je fronce un peu les lèvres. Ce n'est pas exactement ce que j'aurai souhaité dire. Plutôt que jouer au mec qui veut se la jouer cool, j'aurai aimé réagir avec un peu plus de cœur. Que ce soit dans son sens ou a l'inverse, je m'en moque. Mais c'est tout ce que je réussis à sortir de moi à cet instant précis. Alors je me contente de poser rapidement mes lèvres sur sa tempe.

« Je ne sais aps si Vilhatt serait capable de produire de beaux enfants, tu sais. Même avec tout tes efforts, je suis certain qu'il n'aurait pu avoir que des gobelins. »

Je souffle doucement. L'idée me fait un peu rire, Ryme entourée de petits monstres.

« Enfin, j'aimerai bien le voir essayer d'avoir des enfants avec qui que ce soit maintenant tiens. »

Je marque une petite pause.

« Enfin, non, pas directement, mais … Ah, tu vois ce que je veux dire, non ? »

Doucement, je pose ma tête sur la sienne.

« Je ne sais pas ce que serait ma vie si je ne t'avais pas rencontrée. J'aurai sûrement tout fait pour ne pas rentrer à la maison, c'est sur.. »

Je soupire doucement avant de me redresser. Si on reste comme ça, on va finir par s'endormir devant le feu de camp, ce qui ne serait pas optimal pour assurer notre sécurité.

« Je ne sais pas si Jienne à reçu de courriers. Si elle en a reçu, elle ne m'en a pas parlé. Et … Je présume qu'ils vont bien ? Je n'ai pas eu trop de contact avec l’extérieur quand j'étais au temple. »

Un choix totalement volontaire. Je n'arrive pas à me retirer de la tête qu'ils étaient forcément au courant du départ de Garan. Ce qui, maintenant que j'y réfléchis à tête reposée, n'était sûrement pas vrai, mais … Trop tard pour y changer quoi que ce soit, en tout cas.

« Je n'ai pas eu de mauvaises nouvelles, alors bonnes nouvelles, je présume. Et il ne s'est rien passé de bien palpitant sur l'île, donc je pense que mon père doit bien faire son travail. De toute façon, avec les reconstructions qui ne sont pas finies, les gens n'ont pas le temps de se disputer, je pense. »

Je soupire de nouveau.

« J'espère que le reste du voyage se fera sans embûches. J'aimerai bien un peu de tranquillité, pour changer. Toi aussi, je présume. »

J'ai envie de m'ouvrir, mais je n'y arrive pas. Peut être que je suis trop fatigué. Peut être qu'il est encore un peu tôt. Je ne sais pas.

« Tu devrais retourner te coucher, non ? Tu dois être morte de fatigue. »

Je la regarde.

« Après, si tu veux rester un peu avec moi, ça ne me dérange pas non plus. »

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Ryme

Classe : Mage blanc

Points de rang : 2097



Chimères
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Ryme

Invokeure

Mer 29 Juil 2020 - 13:56
Ryme laissa un petit soupir de bien-être lui échapper tandis que les doigts de Cillian se frayaient un chemin dans le nuage de boucles indisciplinées de sa chevelure. Une sensation agréable et presque oubliée qu’elle retrouvait avec joie. S’il semblait écarter volontairement le sujet de quelconque avenir – qu’il fut commun au sien ou non – cette erreur trouva le pardon immédiatement. Bien avant qu’ils s’éprennent l’un de l’autre, les deux voisins de lit d’hôpital cultivaient déjà un rapport assez tactile. Dormant ensemble lorsque le besoin s’en faisait ressentir, n’hésitant pas à s’enlacer ou tout simplement toucher autrui. L’absence de cette proximité était peut-être ce qu’avait le plus redouté l’Invokeure. Si son cœur pouvait supporter la non-réciprocité des sentiments qu’elle nourrissait à l’égard de l’ancien Gardien, la froideur de l’indifférence, quant à elle, lui semblait insurmontable.

Après un rapide baiser sur la tempe, il reprit la parole. S’amusant des possibilités que pourrait donner la progéniture de Vilhatt. Des gobelins, assurément. Même plus jeune, l’archidiacre n’avait jamais été ce que l’on aurait pu nommer un « canon de beauté », loin de là. Peut-être un jour avait-il été avenant, mais la noirceur de son cœur avait fini par enlaidir. Ryme esquissa un sourire presque triste lorsque Cillian évoqua les tentatives du prêtre pour avoir des enfants. Elle se retint de lui avouer que même s’il n’était plus en mesure de coucher avec qui que ce soit, la créativité de son esprit malade avait trouvé bien des parades à cet état de fait, une fois que la peur psychique d’une rétribution venant d’un borgne dissipé. Et pourtant, à bien des égards, ces méthodes de satisfaction s’ébauchaient dans une aura bien plus délétère qu’un simple « non » que l’on transforme en « oui » via pression psychologique. Durant la captivité de Cillian, Ryme en avait fait les frais. Mais à jamais cela demeurerait son secret. Sa résolution quant à son silence ne fit qu’augmenter lorsqu’il posa sa tête sur la sienne dans une attitude presque douce.

Il devisa de son désir de ne pas rentrer chez lui. Un sourire presque narquois se dessina sur le visage de Ryme : à l’hôpital, il ne parlait que de ça, rentrer. Rentrer et revoir les siens. Rentrer puis aviser. Oh, assurément il n’aurait jamais pu rester en place. Mais il était presque triste de constater combien la Via avait déformé sa perception de sa famille. Ou peut-être était-ce juste ces jours doux qui avaient rendu son cœur plus tendre quant à son sang.
Il évoqua Jienne et le fait qu’elle n’avait probablement jamais reçu le moindre courrier de la part de l’Invokeure et que, s’il devait être honnête en rentrant sous l’égide du temple, il avait fait le choix de se couper du monde. Un bien triste destin pour celui qui aime tant son prochain.

— J’espère encore au moins une ou deux embuches. Toutes les bonnes histoires ont besoin de retournements inattendus.

En vérité, ce n’était pas tant les ennuis que Ryme désirait de tout son cœur, mais l’esquisse de remèdes quant aux ombres néfastes qui planaient sur eux. Vilhatt ne saurait être vaincu sans un final grandiose et même si cela se passait sans heur, Sin rôdait toujours. Et, depuis plusieurs mois, personne ne semblait être aussi proche qu’elle de Zanarkand. La solution miracle pour qu’elle survive à l’Ultime Chimère ne saurait être dénichée dans le cours d’une rivière calme.

— Je ne suis pas très fatiguée. Enfin, mon corps ne l’est pas.

Ryme passa l’arrondie de sa joue contre l’épaule de Cillian, gentiment, presque comme l’aurait fait un chat. Un petit sourire anima l’arche délicate de ses lèvres.

— Aujourd’hui… A été une journée comme il en arrive peu. Mais je n’ai pas besoin de dormir pour me reposer de tout cela.

Un rire léger s’échappa de sa gorge.

— J’ai appris que je venais de Kilika. Finalement, contrairement à ce que tu pensais il y a un peu d’îles en moi ! Et puis Ifrit est roux aussi. Ça fait plutôt sens.

L’attention de la jeune femme se porta sur une des mains de Cillian qui attendait sur sa cuisse. Elle se permit – en vue des gestes tendres qu’il avait eus auparavant à son égard – d’élancer sa propre paume dans cette direction et de mêler leurs doigts. Un agréable frisson la traversa. Elle espérait qu’il en serait de même pour lui et que, au fond de sa poitrine vivait la même sensation sereine accompagnée d’une petite voix susurrant que le monde tournait de nouveau rond.

— Je crois que l’on a été assez séparés comme ça, ne penses-tu pas ?

Ryme dénicha sa tête de l’épaule de Cillian pour venir l’observer, accrochant son regard. Elle lui sourit dans un mélange de remords, de tristesse et d’amour. Un alliage aux apparences mélancoliques qui lui allait pourtant si bien au visage.

— On peut aussi attendre le lever du jour ensemble. Et partir quérir Shiva, rien que toi et moi.

Une lueur maligne habita ses yeux pendant un bref instant, avant de mourir. Elle baissa le nez, soudainement coupable.

— Enfin, je suppose que mon vieux mage ronchon se faire un sang d’encre. Ce n’est probablement pas une bonne idée. Mais je peux éventuellement te donner des petits exercices à faire pour mon retour du temple.

Ryme enjamba maladroitement la branche sur laquelle ils étaient assis, s’installant confortablement. Elle tendit les mains pour que Cillian s’en saisisse.

— Allez, ne crains rien ! Si moi je peux le faire, n’importe qui y arriver ! Oh et ferme les yeux.

Les paupières de l’Invokeure tombèrent sur son visage, maculant le monde d’une fine pellicule noire où seuls les éclats brillants du feu et des étoiles perçaient. Ryme prit une grande inspiration et se focalisa sur les battements de son cœur, dictant à l’organe de reprendre un rythme lent, doux, paisible, aussi assuré que les secondes qui s’écoulaient sans pitié.

— Concentre-toi sur ta respiration et les battements de ton cœur. Il faut que le monde tout autour devienne plus précis, que tes sens s’aiguisent et lorsque tu sentiras une forme d’harmonie… Eh bien, il faudra que tu ressentes la magie qui vit en toi.

Elle marqua une pause, partant à la recherche du propre filin de mana qui reliait toutes les fibres de son être.

— C’est… Un flux. Une sensation unique. Douce comme le ressac d’une mer sage. Chaud comme une caresse affectueuse. Agréable comme une brise d’été. Enivrant comme le baiser de l’être aimé.

Un silence s’installa. Après quelques minutes, alors que Ryme concervait ses yeux clos, elle demanda :

— Ressens-tu quelque chose ?

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Cillian

Classe : Chevalier Noir

Points de rang : 1394



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Cillian

Monsieur tout le monde

Ven 14 Aoû 2020 - 13:42
Des embûches. De toute façon, il y en aura sûrement. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Loin de là. Très loin de là même. Surtout pour nous. Mais bon, on fait ce qu'on peut pour nager en sécurité. Enfin. Peut être. Mais peu importe, au final. Quels que soient les remous, quels que soient les ressacs, on s'en sortira. Elle dit ensuite ne pas être fatigué. Je ne sais pas si c'est la vérité ou un mensonge, mais je m'en moque un peu. Je suis juste content qu'elle choisisse de rester avec moi. C'est tout ce qui m'importe. Elle pose sa tête contre mon épaule. C'est vrai qu'aujourd'hui a été une journée spéciale. Elle dit ensuite savoir d'où elle vient. Kilika. Les îles aussi. C'est surprenant, elle n'a pas vraiment une tête à ça. Mais bon, peut être que ses parents venaient d'ailleurs. Je ne sais pas.

Elle enlace nos mains. Peut être qu'on a été assez séparés. Je ne sais pas. Je ne sais pas si il y a une certaine quantité de séparation que l'on est sensés vivre. Nos regards se croisent, et elle propose que l'on aille chercher Shiva sans attendre les autres. Ça me brosse un peu dans le sens opposé du poil. Abandonner les autres, ça me rappelle un peu l'abandon que j'ai subi. Mais il semblerait que ça ait été plus une remarque en l'air qu'autre chose. Je suis un peu rassuré. Elle me propose ensuite de faire des exercices. Elle se tourne de façon à ce que l'on puisse se faire face. Je fais la même chose et attrape ses mains.

Je ferme mon œil. Presque instantanément, la fatigue revient. Mais je la repousse. Pas question de m'endormir comme ça. Elle me demande ensuite de me concentrer sur ma respiration. Sur le rythme de mon cœur. J'essaie. Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Cependant, l'harmonie dont elle parle ne semble pas venir. Ou alors …

Dans un sens, peut être. Tout semble chaos, mais peut être que si on regarde bien, si on se recule assez, il y a une sorte d'ordre là dedans. Comme une tornade. Destructeur, mais toujours dans le même sens. Ce n'est pas vraiment ce qu'elle décrit. Il n'y a pas de douceur. De chaleur. Je ressens plutôt là force d'une mer qui se brise contre des rochers. Le froid d'une lame tirée dans la nuit. La sensation presque veloutée d'une nuit noire. Sans étoiles. Dans un sens, ce n'est pas vraiment désagréable.

Je me racle un peu la gorge avant de répondre.

« Je ressens un flux, c'est sur. Mais je ne le décrirai pas comme toi tu décris le tiens. »

Il est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens.

« Tu sais, quand tu retires la bonde d'une baignoire. L'eau s'écoule en tournant. »

C'est une des choses qui m'avaient le plus surpris avec les baignoires de l’hôpital. Sur l'île, on avait plus tendance à utiliser des baquets d'eau, a mon époque. Surtout comme la famille n'était pas la plus riche. Ce tourbillon m'avait marqué, je ne sais pas pourquoi.

« Ça ressemble plus à ça. Et … Je ne saurai pas dire si je suis en harmonie avec. Je peux me laisser prendre dedans, c'est sur, mais ... »


Peut être que c'est ça pour elle, l'harmonie. Se laisser aller avec le courant. J'ai toujours eu tendance à refuser. A aller contre tout ça. Pas question de me laisser porter vers un endroit, dans un sens dont je ne connais pas la destination. Toujours rester maître de moi même, autant que possible. Garder le peu de contrôle qu'il me reste.

« Attends, je ... »

Je prends une bonne inspiration avant de vider tout l'air de mes poumons. Admettons que je me laisse porter par ce courant. Je sens mes muscles se tendre un peu. Après tout, c'est aller à l'encontre de tout ce que j'ai essayé de faire depuis un moment. Prendre un autre chemin n'est pas si facile que ça. Sans le vouloir, j'affermis un peu ma prise sur les mains de Ryme.

« C'est ... »

Encore une fois, il m'est difficile de trouver les bons mots pour décrire ce que je ressens.

« J'ai l'impression de ne pas vraiment être le maître à bord du navire. C'est assez … Dérangeant, pour être franc. Mais peut être qu'il faut que je lâche le contrôle. »

Je sens mes mains devenir moites. Après la prise un peu trop fortes, voilà que ma grippe devient molle, comme si j'étais à deux doigts de lâcher les mains de Ryme.

« Je ... »

Doucement, je lache ses mains et ouvre mes yeux.

« Laisse moi essayer de nouveau, okay ? »

Je lui tends mes mains. Cette fois çi, ce sera peut être la bonne. Je referme les yeux.

« Allez. La même chose, mais en mieux. D'accord ? »

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Ryme

Classe : Mage blanc

Points de rang : 2097



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Ryme

Invokeure

Dim 16 Aoû 2020 - 16:16
Amusant comme la mémoire pouvait s’avérer si sélective. Il se souvenait des mouvements de l’eau s’échappant une baignoire lors de leur séjour à l’hôpital, mais pas d’autres moments – plus importants aux yeux de Ryme – qui eux, semblaient éternellement le fuir. L’Invokeure ne formula aucune remarque à ce propos, se contentant d’écouter le ressentit de son acolyte et fugace apprenti. Ce sentiment étrange qu’il éprouvait devait probablement être la résultante du passage forcer d’Hadès dans sa psyché endolorie par la Via. Un esprit impropre à l’art délicat de l’invocation luttait toujours pour éloigner la menace. La sombre chimère, contrairement à des entités comme Shiva, Valefor ou même Bahamut, se tissait dans une insécurité constante et grondante.
La prise qu’il exerçait sur les mains de Ryme changea, passant de ferme à molle puis moite. Jamais elle ne retira ses doigts quand bien même la pression ou la sensation lui était inconfortable. Bien qu’il lui était théoriquement impossible de ressentir la circulation du mana à l’intérieur d’un corps étranger, Ryme, de par les réactions de Cillian, pouvait presque jurer de sa présence à bord du navire frêle sur l’océan déchaîné de sa sanité sacrifiée.

Il rompit tout contact. Elle ouvrit les yeux. Un échange muet de quelques secondes avant l’affirmation d’une nouvelle tentative. Ryme lui offrit un sourire juste avant qu’il ne referme son œil.

— Le tourbillon que tu perçois est sans doute là parce que ta chimère a forcé les verrous de ton esprit pour s’y loger. J’ignore si te laisser porter sera une chose positive. Mais il n’y a qu’un moyen de le savoir.

Ses paumes frôlèrent celles que Cillian lui tendait. Jamais encore elle ne l’avait vu aussi appliqué, aussi concentré. Un versant de sa personnalité qu’elle ne connaissait guère. Peut-être, une agréable surprise. Une inspiration gonfla ses poumons qui se gorgèrent d’un air froid. La réalité cruelle et perfide n’attendrait pas.

— Pour que cela fonctionne, il va falloir que tu t’abandonnes. En toute confiance. Sinon, ton esprit luttera toujours face à ce flux au lieu de se mêler avec lui, tu comprends ?

Sa voix était aussi douce qu’une caresse. Pourtant, elle s’apprêtait à formuler une vérité plus brutale. Ryme mordit ses lèvres, mesurant le poids de ses paroles avant de se lancer dans la suite des explications.

— Je crains que cela soit éprouvant, pour toi. Es-tu sûr ? Si tu pousses cette porte…

Une pause. Pour trouver les mots les plus adéquats. Les verbes qui ne lui feraient pas de mal, mais qui, au contraire, lui offriraient un peu de paix pour les troubles à venir. Auparavant, il semblait à Ryme qu’un simple, mais sincère – et surtout, authentique – « je t’aime » aurait suffi à braver les orages de la psyché morcelée de Cillian. Cependant, ce n’était probablement plus le cas puisque ces sentiments n’existaient plus en lui.

— Le vrai et le faux se mélangent souvent en toi, n’est-ce pas ? Ce tourbillon que tu ressens est peut-être l’épicentre de tout. Toutefois, il peut aussi s’agir d’un mirage pour cacher la réelle blessure qui a été faite. Peut-être même retrouveras-tu la trace d’histoires que tu ne tiens pas à revoir. De sensations perdues, pour une juste raison.

Les souvenirs de Cillian semblaient toujours se verrouiller à double tour lorsque la queue d’un évènement déplaisant se pointait. Un don, diraient certains. Une cruelle affliction aux yeux de Ryme pour qui la mémoire était une chose si importante, qu’ils furent bons ou mauvais. L’agression de Marnie était un exemple parmi tant d’autres. Et si, une curiosité presque maladive de vouloir connaître les horreurs de la Via animait parfois Ryme, elle n’avait jamais souhaité que le mal se déversât en lui sans que quiconque ne puisse l’arrêter.

— Trouve des souvenirs, des choses précieuses, que tu sais que rien ne pourra jamais altérer. Dont tu ne pourras jamais douter. Si dans ton parcours tu te retrouves submergé, convoque ces idées. Elles seront là pour toi.

Un nouveau silence. Un moment presque intime avant la tempête. Ryme plaça ses paumes dans celles tendues de Cillian.

— Quant à moi, je ne bouge pas. Je serais la colonne vertébrale de ce voyage. Si tu te perds en chemin, écoute ma voix.

Une inspiration sereine souleva sa poitrine qui retomba dans une expiration tout aussi douce. L’énergie surnaturelle vagabondait tout autour d’eux, le veloutée de la nuit et le crépitement du feu rendant l’immersion plus aisée. Ryme ferma les yeux à son tour, gardant en mémoire les traits à la fois sérieux et paisible de Cillian.

— Ressens le murmure de ta magie. Laisse-toi guider par lui.

Un courant tiède circula entre leurs paumes mêlées, rassurant et familier. Ryme sentit les changements dans le flux de mana qui les entouraient. Un sentiment de fierté naquit en elle. Des apprentis tentaient de trouver ce chemin pendant des années, parfois en vain, tandis que Cillian y parvenait sans grand effort. Quelques notes susurrées s’envolèrent dans le silence de la nuit, comme promis, brillantes mais discrètes comme l’engagement éternel des étoiles.

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Cillian

Classe : Chevalier Noir

Points de rang : 1394



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Cillian

Monsieur tout le monde

Sam 29 Aoû 2020 - 15:55
Se laisser aller. En voilà une chose pas facile. En voilà une chose redoutable. Je me doute qu'elle sait que ce n'est pas si facile, mais … Ce n'est pas si facile. On m'a toujours appris le contraire. Ne jamais laisser s'échapper le contrôle. Ne jamais laisser s'ouvrir la boite, car on ne sait pas quand on pourra la refermer. Même plus, on ne sait pas si on pourra la refermer.

Cependant, comme elle le dit, c'est sûrement la meilleure solution. Je ne sais pas si il sera possible de me mêler a cette étrange créature, mais ce qui est certain, c'est qu'il faut que je trouve le moyen d'évacuer un peu de cette pression. Sinon, comme une baudruche, ça explosera.

Elle me demande si le vrai et le faux se mélangent souvent en moi. Ce n'est pas exactement ça. Rien n'est vraiment sur. Je vis dans un monde étrange où je ne peux faire confiance à aucun de mes sens. Rien de ce que je vis n'est frappé du sceau de la certainté. Certaines choses semblent plus réelles. D'autres moins. Mais c'est une chose avec laquelle j'ai appris à vivre. Il n'y a rien que je ne puisse jamais douter. Enfin, peut être que si, mais ce sont des morceau durs plantés dans un sol meuble. Peut être qu'un maillon de la chaîne est vraiment en fer, mais si il est attaché à des maillons en papier mâché, est-il vraiment utile ?

Je souffle et essaie de me laisser guider par la voix de Ryme. Dans ces choses vaguement certaines, il y en a une a laquelle je peux a peu près me raccrocher, c'est que si il y a une personne qui pourrait me guider dans ce maelstrom grondant, c'est bien elle.

De nouveau, j'essaie de me couper du monde matériel. Encore une fois, tout est grondant. Mouvant. Bouillonnant comme une mer ne souhaitant pas rendre au monde des hommes ceux qui ont osé la défier. Utilisant la voix de Ryme comme une corde pour continuer à avancer, je m'engouffre doucement dans cette onde violente.

J'ai l'impression que la magie pétille contre ma peau. C'est une sensation a l’exact milieu entre agréable et désagréable. Difficile à décrire. Difficile à comprendre, même. Le ciel de mon fort intérieur est sans étoiles. D'un noir d'encre. Il n'y a même pas un nuage pour briser la monotonie.

Presque aussi vite que c'est venu, la mer semble se calmer. Non, ce n'est pas exactement ça. L'eau continuer à tourbillonner, mais elle semble s'éloigner, comme si quelque chose ou quelqu'un repoussait l'eau. La mer semble s'ouvrir. Bien vite, je n'entends même plus le bruit assourdissant de la mer, qui s'est converti en un simple clapotis.

Je sens les poils de ma nuque se dresser. Je reconnais ce bruit. Ces gouttes d'eau qui tombent. Mon nez fronce un peu. Voila l'odeur qui lui est associée. Celle de l'eau stagnante. Croupie. Je ne flotte plus. Mes pieds sont sur un sol froid et légèrement inégal. C'est le carrelage abîmé de la Via. Je reconnaîtrai cette sensation entre mille.

Je me met à parler, mais je ne sais pas si ma voix ne porte que dans cet étrange monde intérieur ou si Ryme peut m'entendre dans le monde réel.

« Je ne pensais pas que je reviendrai ici un jour. »

Ce n'est pourtant pas un endroit en particulier. J'ai l'impression d'être plutôt dans une sorte de version concentrée de la Via. Un endroit qui reprends a la perfection tout les codes de la Via sans l'être vraiment. Ma main se serre dans le vide. La corde que je tenais a disparu. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je lève les yeux et le ciel ouvert a été remplacé par le plafond d'une grotte. D'où peut bien venir la lumière qui me permet de voir alors ? Je serai bien incapable de le dire.

Je fais quelques pas dans la pièce où je me trouve. Un léger clapotis un peu différent se fait entendre. Comme si je marchais dans l'eau. Pourtant, mes pieds sont bien secs.

« Il … Y a quelqu'un ? »

Encore une fois, je serai bien incapable de dire si je ne parle que dans mon songe ou aussi dans le monde réel. Pour toute réponse, je n'ai que le raclement de chaînes contre le sol. Personne à l’horizon. En voilà un phénomène bien étrange. J'essaie d'attraper ma rame, mais elle n'est pas ici. Je n'ai sur moi que des haillons. Ceux que l'on vous donne quand vous entrez dans la Via. Enfin, pas exactement. Ceux contre lesquels vous échangez vos vêtements propres contre de la protection ou un peu de nourriture.

Encore ce bruit de chaînes. Je décide d'avancer dans la direction du bruit. Rester ici ne m'apportera rien de toute façon. J'avance, mais je ne vois aucun mur à l'horizon. C'est bien la preuve que je ne suis pas vraiment dans la Via. Il n'y a pas la même atmosphère oppressante. Après une marche qui me semble interminable, j’aperçois enfin quelque chose. On dirait une sorte de monument en pierre, posé là comme ça, au « centre » de la pièce, si on peut appeler ça ainsi. Dans la pierre est gravé la silhouette d'un homme encapuchonné. Son air est sévère et il tient dans la main quelque chose ressemblant à une balance cassée. L'autre main semble reposer sur un tas de crânes.

« Je vois une … Chose étrange. Une pierre ? Qu'est-ce que ça peut bien être? »

Avec un peu de chance, ma voix portera dans le monde des vivants. Ce que je ne remarque pas, c'est que l'ombre projetée par la pierre semble doucement s'étendre, comme un liquide. Cependant, au lieu de s’étendre sur le sol, elle remonte sur la pierre, jusqu'à en recouvrir l'entierté dans son voile sombre.

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Ryme

Classe : Mage blanc

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Ryme

Invokeure

Dim 30 Aoû 2020 - 16:09
Ambiance suffocante d’une nuit d’été trop chaude.
Oraison moribonde d’un temps qui n’existait plus que dans un rêve.
Corruption d’une lueur diaphane qui ne se relèverait pas de cette attaque.
Au fond de l’abîme, loin de la voix de Ryme, loin de tout ce qui pouvait être sur le plan physique, gisait la vérité. L’esquisse d’une promesse qui avait été contractée il y avait de cela des années. Peut-être l’amorce d’un mensonge. La clef de tout.

Le priant y régnait en maître, balance dans une main, et crânes des adversaires vaincus, dans l’autre. Mais aujourd’hui est différent, car il est là. Il a trouvé le chemin malgré tous les efforts et toutes les turbulences créé par leur cohabitation imparfaite. Il est presque à l’image de l’homme qu’il fut lors de leur première rencontre : hagard, sale, dépenaillé. Guère plus qu’un épouvantail duquel les oiseaux se riraient. Cependant, il semble différent. Et cela ne lui plaît guère. Après tout, Cillian s’est invité dans son royaume et cela ne devait pas arriver.

— Elle ne t’entendra pas, articule-t-il d’une voix sombre.

La pénombre rampant sur la pierre de prière se matérialisa. Une silhouette drapée de noire et revêtant un masque d’os. La parole est presque essoufflée, comme si la carcasse du Priant était trop faible pour porter le moindre son à la réalité. Un sifflement sordide d’un poumon se regonflant résonna contre le sol, les murs et le plafond. La mention de Ryme lui écorche presque la bouche, cette péronnelle qui ose lui barrer la route. Qui ose endiguer ses désirs et commandements. Mais ce n’est pas grave. Il peut lui faire changer d’avis. Il l’a déjà fait. Le cœur de Cillian, fragile et incertain est le plus fertile des terreaux pour y planter les graines d’une malice venimeuse.
C’est avec cela qu’il l’a empêché de revenir à Besaid. C’est avec cela qu’il se souvient d’un départ dans l’indifférence. C’est avec cela qu’il l’a convaincu qu’être seul était préférable. En parfait, la petite sotte ne pouvait se douter qu’elle venait là d’offrir une chance en or pour le Priant. Mais il faudrait être prudent, intelligent, subtile. Pas comme ces bouchers de la Via qui ont tentés d’arracher les bourgeons de leur amour sans en suturer la sève. Du gâchis.

— Je ne m’attendais pas à ta visite, Cillian… grinça le Priant.
— Mais ne va pas croire que je ne suis pas ravi de te voir, vraiment.

L’ombre s’approcha de son hôte, abandonnant la pile de crânes et sa balance. D’un geste de la main, il l’invita à le suivre dans la caverne aux merveilles de son esprit. Le parfum des pins marins de Besaid se fit sentir que petit à petit, la grotte de la veille se transformait en celle de la première apparition de la bête. L’endroit où la porte avait été déverrouillée. Le point du non-retour.

— Tu peux ouvrir ton œil. Tu n’es pas borgne ici. Et je ne suis pas qu’un sac d’os. Enfin, je suppose que c’est ainsi que tes… camarades me décrivent à toi.

Depuis l’ombre de sa capuche, un sourire se dessina sur ses lèvres fines. La pourriture de la chair, pas encore tout à fait installée, donnait à son expression une dimension presque trop heureuse pour être naturelle. Un rire – si l’on pouvait appeler ça ainsi – racla sa gorge alors qu’il se calait sur une pierre. Du sol au plafond, des vocables se gravèrent sur les roches apparentes de la caverne. Les noms de toutes les personnes qui avaient péri par la main de Cillian, y compris les âmes des morts délivrés de leurs enveloppes de monstres. Le cri déchirant des furolucioles explosa dans l’air dans une sordide lamentation.

— Que viens-tu faire ici ? Non pas que je te chasse. Ou qu’avoir enfin l’honneur de ta compagnie me dérange. Au contraire…

Le raclement pénible de son rire s’échappa une nouvelle fois de sa gorge.

— Es-tu venu me remercier des pouvoirs que je t’ai offerts ? Avec eux, tu pourras les tuer, comme promis. Ceux qui t’ont fait du mal. Ceux qui t’en font. Ceux qui ignorent ta souffrance. Ceux qui, comme elle, t’abandonnent encore et encore…

Un silence.

— Te souviens-tu ? Après tout, elle a choisi son maudit prêtre. Elle t’a fait miroiter un avenir ensemble. Elle t’a promis des choses pour ensuite les reprendre. Elle ne vaut pas mieux qu’eux. Elle est l’une d’eux. Tu le sais, n’est-ce pas ?

La bordure éthérée de la cape s’étendit, flottant jusqu’aux pieds de Cillian comme le ressac de la mer montante. L’ombre froide ne se permit pourtant pas de venir le toucher. Il fallait qu’il accepte de rejoindre ce marasme de sa propre initiative.

— Elle t’a abandonné. Elle t’a laissé souffrir sur cette plage, pendant que cette horrible gamine s’échinait sur toi. Tout comme lorsqu’elle t’a envoyé dans la Via sans regret alors qu'elle disait t'aimer. Elle est la cause de tous tes maux. Tu sais, ce que tu as à faire n’est-ce pas ?

Le Priant glissa sur le sol et se faufila dans le dos de Cillian. Il posa ses mains qui n’étaient plus qu’os et tendons sur ses épaules. L’amorce d’une orbite vide dans laquelle luisait un œil rouge sang apparut depuis le dessous de son capuchon.

— Écoute, ma parole. Écoute, moi, Hadès. Tue Ryme. Et tu seras libre pour toujours et à jamais. Je te le promets.

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Cillian

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Cillian

Monsieur tout le monde

Ven 18 Sep 2020 - 17:30
Qu'est-ce que … A la place de la pierre, une chose étrange. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? J'aurai du mal a décrire cette créature qui se trouve en face de moi. On dirait … Une sorte de squelette. Est-ce que c'est vraiment ça ? Je ne sais pas. J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui m’empêche de voir la vraie forme de cette créature. Non. Pas vraiment de la voir, mais plutôt de l’interpréter. C'est presque l'équivalent visuel de ce moment où un mot est sur le bout de la langue, mais qu'il n'arrive pas à sortir. C'est une sensation plutôt dérangeante, pour être tout à fait franc.

En tout cas, ça parle.

La chose me dit qu'elle ne m'entendra pas. Elle. Je présume que la chose parle de Ryme. Elle ne m'entendra pas. Je ne sais pas si je dois faire confiance à cette apparition ou pas. Cependant, pour l'instant, elle semble dire la vérité. Ou, du moins, quelque chose qui s'en rapproche. Si Ryme ne m'a pas déjà entendu, il y a fort à parier qu'elle ne pourra jamais le faire.

La pierre ne semble plus être pierre, remplacée par les choses dont la statue était l’effigie. La créature me cageole en se levant de son trône, qui semble s'affaisser un peu, comme si la gravité reprenait soudainement ses droits. La chose s'approche avant de me faire signe de la suivre. J'attends quelques secondes avant de lui emboîter le pas. Je reste cependant sur mes gardes. Je ne sais pas trop ce qui se passe, mais ce qui est certain, c'est que rien de bon ne peut forcément arriver.

La créature me dit que je peux ouvrir mon œil. Celui qui est percé ? Je … C'est vrai. En ouvrant mon second œil, je remarque que l'atmosphère autour de nous a changé. Nous ne sommes plus vraiment dans la Via, mais … Dans une grotte. Une de la maison. Je reconnaîtrai cette odeur entre mille. Et maintenant que mon second œil est ouvert, j'ai le sentiment de vraiment pouvoir voir la chose. Comme elle le dit, on dirait une squelette. Quasiment humain. Ce qui empêche ma compréhension n'est maintenant plus métaphysique. Il y a quelque chose de pas normal avec ce squelette.

Attendez. Comme ça qu'ils le décrivent ? De quoi est-ce qu'il … ? Est-ce que … ? Je plisse les yeux alors que les rouages de mon cerveau se mettent en marche. La pierre qui se transforme en une créature. Le fait que l'on m'aurait décrit ce squelette. Est-ce qu'il s'agit là de ma chimère ? Enfin, de la chimère qui réside en moi ?

Tout semble faire sens maintenant. Sans que je m'en rendre vraiment compte, je ferme de nouveau l’œil qui est mort dans le monde réel. Ma vision ne change pas, mais j'ai le sentiment que ma résolution se raffermit un peu. Les mots que la créature semblent s'amuser à faire apparaître sur les murs se voilent. Je ne sais pas ce que c'est. On dirait des noms, mais pas des noms que je reconnais.

La créature me parle. Elle susurre a mon oreille des mots empoisonnés. Une tentation. Elle n'a pas tort. Si pourrais briser mes chaînes en mettant fin à Ryme. C'est une chose possible. Et une partie de moi a envie d'accepter. Il est vrai que ce serait simple. Et elle soulève des points qui ne sont pas totalement faux.

Hadès.

Voila son nom.

Hadès.

Je croise les bras et une partie des furolucioles qui gravaient sans discontinuer des noms se détache des murs pour venir former une épée à la lame chamarrée devant moi.

« Hadès. »

Je goûte presque ce mot. J'ai l’impression que l'air autour de ma bouche devient un peu acide rien qu'en prononçant ces syllabes.

« Hadès. C'est un nom que j'ai déjà entendu. Je crois. »

De ma main droite, j'attrape le manche de l'épée, que je fais tournoyer devant moi. Elle semble ne rien peser. Sûrement l'avantage d'être une construction de mon esprit. Ou de celui de la bête. D'Hadès. Maintenant que je sais son nom, autant l'utiliser.

« Hadès. Hadès, Hadès, Hadès. »

Le gène que j'éprouve disparaît petit peu par petit peu. Comme un cheval que j'apprends à maîtriser. Après quelques tours de l'épée digne d'un SOLDAT de première classe, je la plante de nouveau dans le sol.

« Hadès. Tu sais très bien que je ne peux pas faire ça. »

Non. Je n'emploie pas le bon vocabulaire.

« Tu sais très bien que je ne veux pas faire ça. »

L'épée disparaît comme elle était apparue.

« N'aie pas peur, Hadès. »

J'essaie de relâcher un peu mes épaules. Comme si je n'étais pas stressé.

« Il faut que moi non plus, je n'aie pas peur. »

La créature semble ne pas comprendre ce que je dis. Du moins, elle ne réagit pas. Du moins, elle ne réagit pas d'une façon que je réussis à remarquer.

« Hadès. C'est toi le pouvoir dont mon maître parlait, non ? Tu es une chimère, c'est ça ? »

Je crois que ces quelques moments d’entraînement ne m'ont pas fait de mal, au final.

« Les chimères ont été crées pour proteger les autres, non ? Je ne peux pas croire que tu puisses vraiment vouloir que je détruise. Est-ce que j'ai tort ? »

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Ryme

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Ryme

Invokeure

Dim 20 Sep 2020 - 11:37
Les mâchoires osseuses se mirent à claquer, produisant un bruit désagréable, un raclement sordide aux accents pourtant joyeux comme un rire dont le son disparaissait dans l’oubli. La chimère entendait son nom pour la première fois depuis de nombreuses années. Le poids de la solitude qui nappait ses entrailles sembla devenir plus léger à mesure où il prononçait ce simple mot, ces phonèmes injustement honnis.
La valse des furolucioles forma une lame aussi belle que mortelle à l’image de la psyché de celui qui dirigeait réellement ce monde. Cependant, tant qu’Hadès possédait l’avantage, il ne désirait pas qu’il lui filât entre les doigts. Les profondes cicatrices de l’âme de Cillian, son maître, lui offraient des possibilités encore jamais atteintes. Une ivresse sans pareille. Le goût le plus pur du sentiment qu’il adorait : la noirceur de la vengeance.

Il évoqua la peur. Une émotion que la chimère ne connaissait pas. Ou plutôt qu’elle ne connaissait plus. L’effroi, la crainte, l’angoisse : toutes ces choses appartenaient au royaume des vivants, des humains, de ceux qui revêtaient de la chair pour marcher sur Spira. Hadès ne faisait plus partie de ces gens-là depuis de nombreuses années tant et si bien qu’il n’avait même plus le souvenir de l’homme qu’il avait été. Il était devenu l’ombre, le fantôme, le squelette. Et ce rôle lui convenait. Plus que tout autre, il lui allait comme un gant. L’invokeur novice posa des questions qui manquèrent d’animer son gosier d’une esclaffe sinistre. Mentir serait facile. Mais dans leur contrat, il n’y avait de la place que pour la vérité.

— Nous sommes de vieux amis, lui et moi, grinça-t-il en relâchant les épaules de Cillian pour lui faire face.
— Même si je n’aime pas être appelé de la sorte, oui, je suis une chimère.

La dernière syllabe de sa réponse résonna en profondeur dans les tréfonds de sa cage thoracique. Tout le dégoût qu’il éprouvait pour ce mot transpirait dans le claquement de sa langue. Il se souvenait de son émergence injuste, de cette exécution sordide, de son âme arrachée pour être liée à une pierre ridicule lui imposant de rêver pour l’éternité en solitaire. Banni du monde des vivants ; privé d’existence ; effacé de l’histoire. La plaie béante de ce vide le hantait.

— Nous avons été créé pour entretenir un mensonge, articula-t-il, mais moi… Moi, je suis différent.

La créature se fendit d’un rire presque grotesque. Il étendit les bras dans un geste ample.

— Vois-tu, alors que tous les autres rêves pour repousser la nuit parce qu’ils ont choisi leur destin, moi… Moi je ne rêve que de liberté. Que l’on pense que je suis le Diable qui frappe aux portes me convient très bien. Et tu possèdes la même chose en toi, cette appétence pour cela, sinon ton corps n’aurait pas accepté ma présence.

Un fait cruel. Peut-être teinté de mensonge et des éclats délétères du vice. Pourtant, ils partageaient ce corps, ce cœur, qui à la vue du sang et de l’occasion d’un combat, vibraient. Ce n’était peut-être pas d’Hadès dont il fallait se méfier, mais de ce lui qui l’abritait.

— Je t’ai promis de t’aider. Je veux, ce que tu veux. Nous sommes un. Tu ne peux pas me mentir.

Le paysage changea de nouveau.
Un hôpital. Un chêne grinçant. Une mélopée connue, celle de la célèbre Voix Rouge. Le parfum du lac attenant et de l’herbe fraîche. Cependant, tout était désert. Les pensionnaires ne disposaient pas de visage. Ils demeuraient immobiles comme des statues, leurs mouvements de marionnettes figées dans la cire. Un fauteuil roulant, vide, patientait.

— Les autres ne m’intéressent pas. Toi seul comptes, puisque tu m’abrites.

Comme dans la caverne, des furolucioles se mirent à danser. Mais cette fois-ci, elles formèrent des enveloppes, des corps, des visages. Ces silhouettes diaphanes jouant des scènes oubliées ou partiellement détruites de la mémoire de Cillian.
Une journée de pêche avec son père. Des disputes avec Garan. Marnie qui le suivait partout. Sa mère lui embrassant le front en lui disant qu’il était un bon garçon. Les pleurs pour son frère lorsqu’il annonça qu’il deviendrait Invokeur. Une fille avec laquelle il avait été obligé de danser pour faire plaisir à Gilgo. Des bribes de voyage, d’aventures heureuses en compagnie de son premier Invokeur à protéger. Ryme étendue sur le lit voisin.

— Si lorsque nous avons passé notre pacte, oublier la douleur était ton plus grand souhait… Mais tu m’as supplié de toute ton âme pour autre chose. T’en souviens-tu ?

L’ombre s’avança, une moquerie prête à dégringoler de ses dents.
Pousser la porte de sa mémoire. Libérer le poison. Libérer la fureur. Libérer le pauvre Cillian de son fardeau. Lui offrir les ailes déchaînées de rage, de colère et de tristesse, qu’il refusait de revêtir.

— Pauvre Cillian… Pauvre Cillian… Pauvre Cillian… Tu as tant souffert, n’est-ce pas ?

La chimère tendit la main, déployant ses métacarpes un à un dans un crissement désagréable.

— Prends ce que tu veux. Élimine ceux qui s’opposent à toi. Tu n’en as pas assez de te sacrifier sans que personne ne pense à toi ? N’en as-tu pas marre d’être un bon chien-chien à qui l’on n’octroie qu’un os ? Tout ça pour quoi ? Rien… Je suis avec toi.

Son souffle glissa entre ses dents qui sifflèrent.

— Quoi que tu fasses, pour toujours et à jamais, je suis ton ami. Ton meilleur ami… Ton seul ami. Ordonne et j’obéirais. Je t’offrirais tout ce dont tu rêves. Je mettrais le monde en pièce pour toi. Alors… Dis-moi… Ou plutôt, avoues-toi cette simple vérité : que veux-tu vraiment ?

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Cillian

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Cillian

Monsieur tout le monde

Sam 10 Oct 2020 - 18:32
Un caquètement presque douloureux physiquement envahit la … pièce ? Caverne ? L'endroit où on se trouve. C'est ce qui est son rire, je crois bien. Ce n'est pas le son le plus agréable de l'univers. C'est presque étrange même, qu'un bruit sensé être joyeux puisse autant me faire dresser les poils le long de la colonne vertébrale. J'essaie cependant de ne rien montrer de mon gêne. Pas question de montrer de la faiblesse. La question de savoir si on peut vraiment cacher ça à une chose qui vit dans votre cerveau devrait me passer par l'esprit, mais elle ne le fait malheureusement pas.

Visiblement, cette chimère et mon maître se connaissent. Ce n'est pas une surprise pour moi. Enfin, disons que a part les techniques de combat, c'est quasiment uniquement ce dont je me souviens de lui. Parler du priant. Ça et uniquement ça. Bon, il est vrai que ma mémoire n'est pas la chose la plus parfaite du monde, mais …

Il dit … Il ? Est-ce un Il ? Il semble accorder ses paroles au masculin, mais … Bref. Il dit avoir été créé pour entretenir un mensonge ? En voilà une formulation étrange. Je suis un peu curieux. Qu'est-ce qu'il entends par là ? De quel mensonge parle t'il ? Il dit ensuite ne pas avoir choisi ce destin là. Cela m'ouvre une question que je ne me suis jamais posée je crois. Maman, comment on fait les chimères ? Il dit ensuite que l'on est pareil. Je rêve de liberté ? Peut être. J'ose espérer que je rêve plus de justice que de liberté, mais …

Je pose ma main sur mon menton. Qu'est-ce que je veux au final. Est-ce que ma quête de justice n'est pas simplement une quête pour me libérer des serments que j'ai pu faire ? Est-ce que c'est cela qu'Hades sous entends ? Je ne sais pas. Et je n'ai aps trop le temps de me poser des questions, car mon regard se pose sur les illusions qu'invoque la chimère. Des souvenirs. Je crois ? Je fronce les sourcils. Sont-ce des choses dont je me souviens ? Des choses que j'ai oubliées ? Est-ce que c'est lui qui possède tout les souvenirs qui me manquent ? Ou bien est il simplement capable de piocher dans cette réserve qui doit bien être enterrée quelque part dans le champs de ruines qui me sert d'esprit.

Hades me demande ensuite si je me souviens ce que je lui ai demandé. La réponse est simple. Non. Après tout, j'en avais même oublié le fait qu'une chimère m'habitait. Alors me souvenir de ce que l'on a bien pu discuter ? Impossible. J'essaie de faire un effort. Rien que pour voir. Peut être que si j'essaie assez fort, je réussirais à arracher des bribes de mémoire. Mais non. Rien ne vient.

Je me tends un peu alors que la créature continue à parler. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à lui faire confiance. Il y a quelque chose de profondément mauvais dans ce qu'elle dit. Enfin, mauvais n'est peut être pas le mot mais …

« Ce que je veux ? Des réponses, pour commencer, ce serait bien. »

J'essaie de me détendre un peu. Il ne faut pas que je laisse Hades prendre l'ascendant sur moi. Je suis dans le siège conducteur, pas lui. Jamais lui.

« Si tu es mon ami, pourquoi bloquer mes souvenirs ? Cela ne me semble pas être ce que font des amis, non ? »

Je fronce doucement les sourcils. Je crois que l'illusion de cave dans laquelle on se trouve se trouble un peu.

« Ce que je veux ? C'est être tranquille. Mais je ne pourrai pas être tranquille tant que l'injustice regne. Du moins l'injustice qui se trouve devant moi. »

J'avance un peu vers la créature.
« Si on est un peu pareil, tu dois ressentir aussi ce besoin brûlant, non ? Tu le ressens, Hades ? »

La routourne a tourné, du moins pour quelques instants. C'est moi qui passe à l'offensive des questions.

« Je ne sais pas trop ce qu'est vraiment une chimère. Tu as bien du voir que je ne suis pas le meilleur pour suivre et retenir les leçons. Mais si on fonctionne comme ça, c'est qu'on doit être sur la même longueur d'onde. Tu le dis toi même, non ? »

J'ai l'impression que mes pensées se mélangent un peu. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un peu de mal à me souvenir de notre conversation. Celle de tout à l'heure. Au loin, le ressac de la mer se fait entendre de plus en plus fort. Comme si la tempête revenait. Il faut que je respire. Que je me calme.

« De quoi est-ce que l'on a parlé quand on s'est rencontrés, Hades ? Dis le moi, s'il te plaît ? »

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Ryme

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Ryme

Invokeure

Mer 14 Oct 2020 - 11:55

Ah, qu’il était difficile de composer avec un mortel si peu enclin aux charmantes paroles. Tout paraissait direct avec Cillian. Pas de métaphore, pas de jolies phrases ampoulées ni de déclaration théâtrale. Un beau gâchis. Mais un gâchis qui lui permettait d’être, d’une certaine manière, en vie. De ce fait, Hadès n’osa rien dire lorsqu’il exigea la plus simple et idiote des choses : des réponses. Oh, des explications, il pouvait lui en fournir un grand nombre, mais sans plus de précision, il ne pouvait guère faire autrement. Cependant, une petite étincelle qui n’avait pas encore pris place jusqu’alors semblait s’initier chez le maître de la chimère.

— Je ne ressens rien, mon bon ami. Ou plutôt, je ne ressens pas les choses comme toi, tu peux les ressentir, commença-t-il de sa voix lugubre et gutturale.

— Mais, d’une certaine façon, il est vrai que je partage des choses avec toi. Plus que ton corps.

Un rire grinçant s’échappa de sa gorge squelettique dans un son désagréable, plus proche d’un raclement sur une surface rugueuse que de la délicate mélopée de l’amusement. Un bruit si moribond que n’importe quel vivant serait glacé par le baiser de la peur. La chimère glissa dans ce paysage imaginaire, entamant une promenade qui n’en était guère une, au final. Le ressac d’un océan illusoire se mêlait à des piaillements d’oiseaux fantomatiques.

— Tu me parles d’injustice. Je ne comprends que trop bien ton désarroi face à cela. Je suis né d’une injustice. Je baigne dans la mélasse d’un sort impie auquel je ne peux échapper, malheureusement. Alors, oui, je comprends. Mais je pense te connaître à présent…

La chimère s’arrêta, l’étoile malicieuse et rougeoyante de son œil brilla l’espace d’un instant. Sa bouche forma ce qui pouvait être considéré comme un sourire dans un frottement de sinistre de dents et d’émail que l’on pressait.

— Tu ne trouveras jamais la paix. Après avoir sauvé la cause de tes afflictions, crois-tu vraiment que tu pourras mener une vie simple et tranquille ? Surtout dans les bras de Ryme après tout le mal qu’elle t’a fait ?

Le piège menaçant de la manipulation commençait à se refermer tout doucement sur eux. Un duel de volonté qui déterminerait qui dominerait l’autre. Pour Hadès, quelques mots bien placés pourraient suffire. Jouer de la colère qui lui empoisonnait naturellement le cœur pour en faire le terreau d’une scène macabre. Sans Ryme, Gordias et Garan, plus de raisons de se retenir. Plus de raisons d’avoir peur ou faillir ni de se contenir. La liberté d’une rage à l’état pur qui brûlerait tout dans son explosion.

— Et pour vivre où ? Sur une île qui ne t’apportera rien ? Sur une île où tous te verront comme l’un des meurtriers d’une enfant chérie ? Une île où tes parents ne verront plus jamais en toi leur petit garçon, puisqu’ils savent… Ils savent que tu es un monstre de la Via.

La pureté de la Via venait avec ce fardeau, cette marque, ce stigmate. Quiconque survivait à la prison de l’expiation ne devait pas être humain pour avoir réussi à revoir le jour. Et même la force de l’amour et de l’espoir ne pourrait vernir ce tableau.

— En parlant de Via… Revenons donc à ta question principale, la plus primordiale de doute… Tes souvenirs. Nos paroles.

Son goût du grandiose le força à prendre une pause dans son discours et observer son interlocuteur, à la fois avide et impatient de connaître l’effet de ses mots sur lui. Serait-ce une révélation ? Une surprise ? Une blessure ? Un enchantement ? Une oraison ? Les possibilités infinies se mêlaient dans une trame délicieuse, car, Hadès le savait, il en sortirait toujours gagnant. Parce qu’il était en vie et il n’existait aucun moyen de le déloger de son nid. Vivre dans un esprit humain offrait bien plus d’amusement et de spontanéité que dans une pierre sacrée. Surtout lorsque cette même psyché comportait des craquelures si profondes que la porte vers la liberté et le réel n’était parfois qu’à un battement de cœur de sa portée.

— Tu n’as pas dit grand-chose, si je dois être honnête. Mais je t’ai observé. Je t’ai choisi et pendant de longs mois, je t’ai appelé à moi. Après tout… Abraham ment, car il a peur.

Vérité ou mensonge ? Impossible de le dire tant la rancœur que la chimère nourrisait à l’égard du maître était grande. Lui qui vivait dans ce monde alors qu’il aurait déjà dû rejoindre l’au-delà tandis que lui demeurait dans cette grotte pour l’éternité sans jamais pouvoir réellement exister.

— Il fait partit de ceux qui m’ont créé, tu sais. Il était là. Il a tout vu. Mais il n’a rien fait. Cependant, ce n’est pas le sujet, n’est-ce pas ?

Un détour, encore, pour mieux le perdre et conquérir.

— Tu n’étais guère plus qu’une ruine lorsque tu es venu à moi pour la première fois. Oh bien sûr, ce brave Abraham avait fait de son mieux pour te retaper. Pour te redonner goût à la vie. Et puis, ça l’arrangeait bien puisque tu faisais le poulain parfait pour son art…

Un rire sec s’échappa de la gueule du monstre.

— Je t’ai posé exactement la même question qu’il y a quelques instants. Je t’ai demandé ce que tu désirais vraiment. Sais-tu ce que tu m’as répondu ?

Un silence. Froid.

— La vengeance. Le pouvoir. Ne plus jamais avoir peur.

Réalité. Rêve. Subtil mélange des deux. Impossible de savoir.

— Quant à tes souvenirs, crois-moi que c’est par pure infortune que certains sont entre mes griffes… Les autres, c’est toi et toi seul qui n’ose pas y faire face.

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Cillian

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Cillian

Monsieur tout le monde

Jeu 29 Oct 2020 - 22:41
Il faut savoir. Il y a une différence entre ne rien ressentir et ressentir les choses différemment. Je crois qu'une créature incapable de ressentir me ferait plus peur. Dans ce cas là, est-ce qu'on est vraiment différent d'une simple bête ? Je ne sais pas. En tout cas, la créature rit de nouveau avant de continuer à parler. Hades dit ensuite être né d'une injustice. Hum. Est-ce que c'est la vérité, ou est-ce que c'est un mensonge pour essayer de me faire l'aimer un peu plus ?

Je ne peux pas le savoir. Je pense qu'il m'est impossible de réussir à lire la chimère, et je ne vois pas de façon de lui faire dire la vérité, que ce soit ça ou autre chose. La créature se pare ensuite de ce qui semble être un sourire avant de continuer à parler. Et ce qu'il dit n'est pas forcément faux.

Est-ce que je pourrai vraiment me ranger ? En voilà une bonne question. Même si, au final, je ne sais pas si c'est pour les même raisons que je me la pose. Il me demande si je serai capable de pardonner à Ryme ce qu'elle m'a fait. Si les autres pourraient vraiment m'accepter. Doucement, je me penche en arrière alors que mon épée se matérialise, pointe plantée dans le sol, pour me retenir, comme le dossier d'une chaise.

C'est étrange. J'ai le sentiment que ce qu'Hades dit devrait me mettre en colère. C'est plus qu'un sentiment. Je sais que ça devrait me mettre en colère. Après tout, ce genre de réflexions m'ont déjà poussé a la rage, et il n'y a aucune raison que ça change. Cependant, mon humeur ne change pas. Est-ce que c'est parce que je réussis à maintenir l'emprise sur mes humeurs ? Ou bien est-ce que c'est parce que je ne suis pas vraiment moi, mais une sorte de représentation de moi même ? Après tout, on est a l’intérieur de moi, non ? Je ferme les yeux quelques secondes, parce que je crois que toutes ces considérations vont finir par me donner un mal de crâne.

Un monstre de la Via. Je ne pense pas qu'ils me considèrent comme ça. Je ne pense pas que quiconque me considère comme ça. Du moins, quiconque qui ne soit pas, assez étrangement, trop haut dans le clergé. Ou trop bas. La société fonctionne ainsi, c'est marrant. Dans le ventre mou de Spira, les gens ont tendance à vraiment considérer ceux qui sortent de la Via comme des âmes nouvelles. Il n'y a que ceux qui sont totalement hors de la religion ou ceux qui peuvent se rendre compte de ce que la Via implique vraiment qui savent. Qui savent qu'on ne peut pas en sortir indemne. Ou du moins, en étant une personne bonne. Ce sont souvent les pires salopards, ceux qui savent profiter de toutes les opportunités, ou ceux qui s'en rendent capable qui sortent. Enfin, pour le peu qui sortent. Il n'y a pas beaucoup d'alumni de la Via. Et ne comptez pas sur moi pour dire malheureusement.

La créature continue à parler. Il me parle de ce que j'étais quand j'ai fait mon pacte. Je voulais la vengeance ? Le pouvoir ? Cela me semble faire sens. Après tout, on ne fait pas un pacte avec une chimère pour le plaisir.

Sans que je m'en rende vraiment compte, je sens quelque chose dans ma main. Je baisse le regard pour voir de quoi il s'agit. On dirait une petite poupée. Une poupée en chiffon dont un œil semble manquer. Je me demande bien ce que ça peut vouloir dire.

« Quand on y pense, peut être que c'est une bonne chose, non ? »

Je pose doucement la poupée par terre avant de me redresser. Ne me demandez pas pourquoi.

« Peut être que c'est … Pour me protéger, ou je ne sais pas. Peut être que j'ai vu des choses dont il ne faut pas que je me souvienne. Je ne sais pas si tu me comprends. »

Je penche doucement la tête sur le coté.

« Peut être qu'il y a des souvenirs trop durs pour rester sain d'esprit. Enfin, si on peut dire que je suis sain d'esprit. Peut être que c'est comme ça que cicatrise l'esprit. »

Je regarde Hades.

« Tu en penses quoi ? Toi qui ne ressens pas les choses de la même façon. »

Je ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre.

« Et peut être que je n'arriverai pas à me poser avec Ryme une fois que tout ça sera fini. Peut être que tout le monde me considérera comme une bête. »

Je marque une pause.

« Peut être que j'en suis une. »

Nouvelle pause.

« Mais au moins, ça veut dire que ce que je fais, je le fais pour moi, non ? Si je n'attends aucune récompense. Je veux dire, on va casser la gueule de méchants. C'est déjà assez bien en soi, non ? »

Mes lèvres s'étirent un peu en un fin sourire.

« Non ? Je suis sur que ça te plaît. »

Un vrai sourire naît sur mes lèvres.

« Et puis bon, si on peut empêcher d'autres de devenir des … enfants d'injustice, c'est ça ? C'est déjà pas mal, non ? »

Sans que je m'en rende compte, la poupée a mes pieds semble se redresser.

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